Le secret de la dame de Jade

1912. Antoinette d'Armand, dite Nina rejoint son père, photographe, en Indochine. Mais à l'annonce de la disparition de ce dernier, elle craint de revenir chez sa vieille tante ou d'être mise en pensionnat. Elle décide alors de se faire passer pour plus âgée qu'elle ne l'est. Seule Tam, une jeune Indochinoise, découvre son secret. Toutes les deux, elles vont essayer de comprendre la raison des convoitises autour de l'héritage de Paul d'Armand, duquel on n'a d'ailleurs jamais retrouvé le corps.
Christel Mouchard quitte l'Afrique pour passer en Asie, mais garde son sens habile des aventures et des personnages attachants. Peut-être parce que la couverture est de la même illustratrice, ses héroïnes font penser aux Colombes du Roi-soleil d'Anne-Marie Desplat-Duc : pas forcément aidées par la vie, mais inventives, autonomes, volontaires pour se faire une place dans leur milieu, tout en restant sensibles et coquettes – voir les quelques descriptions de belles robes européennes portées par Nina. On est clairement dans l'indentification du lecteur au héros, et ça marche très bien avec des filles de 10-12 ans. L'intrigue reste simple et bien rythmée, fondée d'un côté sur l'âge caché de Nina – ce qui donne lieu à des épisodes amusants -, de l'autre sur une enquête policière autour d'une statuette précieuse. L'exotisme est convenu (Cité Interdite, jonques, vieux Mandarins et petits singes…), mais on apprécie sa discrétion. Bref, distrayant et bien écrit, ce roman dégage un véritable charme classique, comme on n'en fait presque plus…