L'incroyable voyage de Simon

Quand il va à l’école, Simon porte un sac lourd, trop lourd. Un jour, ce mauvais élève humilié par son instituteur décide de sécher les cours. Il rencontre un lutin, Alfonso, qui l’emmène jusqu’à la contrée de la Grand-mère. Un formidable voyage au pays des mots commence, en compagnie d’Alfonso et aussi d’un petit mulot polyglotte, Mister Rätsel. Lorsque Simon retournera chez lui, cinq ans auront passé, et le sac sera très léger…
Claire Gratias explique en postface que son projet d’écrire pour les enfants autour des difficultés de la grammaire, de l’orthographe, de la conjugaison date de 2004. Il aura fallu les encouragements d’Erik Orsenna (La Grammaire est une chanson douce, Les Chevaliers du subjonctif, La révolte des accents) pour qu’elle écrive – sur le même modèle - ce petit conte enlevé, spirituel et réconfortant. Symboliquement, Simon n’arrive plus à porter son sac d’école parce que la pédagogie employée par son professeur, basée sur la contrainte et la moquerie, ne lui convient pas. Il s’enfuit, et un monde de féérie prend le relais : contrée de la Grand Mère (la grammaire…), jardin des poètes, village des métaphores, bassin des langues passées, île des langues tordues… l’auteur ne tarit pas d’une imagination qui amène à balayer avec malice tous les pièges de la langue française. Peu à peu, Simon, parce qu’il a cette merveilleuse qualité de la curiosité, apprivoise les mots et les usages, jusqu’à sauver la vie de la reine Grand Mère. C’est frais, léger, bien rythmé et écrit simplement. L’humour ne manque pas, entre un Mister Rätsel bougon et des égratignures envers les institutions : « - L’Académie ? - Oui. C’est une tribu de petits hommes en noir et vert, qui se promènent avec des plumes sur la tête et une épée au côté. » (p. 135). Il ne s’agit pas ici d’apprendre quelque chose, mais d’envisager différemment, sous un angle plaisant, le travail scolaire du français. Les adultes seront enthousiastes, reste à mettre l’ouvrage entre les mains des plus jeunes !