La Saga Mendelson (Tome 1) - Les Exilés

La famille Mendelson, juifs regroupés autour du père horloger, vivent paisiblement à Odessa jusqu’aux premiers pogroms au début du XXème siècle. Ils partent alors précipitamment à Vienne où ils reconstruisent une vie prospère. Les enfants, David et Leah, fréquentent l’Académie des Beaux-Arts de cette ville bouillonnante culturellement. Mais la Première Guerre Mondiale éclate : David est envoyé au front, déserte et fuit aux Etats-Unis. A la mort du père, sa mère et sa sœur le rejoignent à New-York. Ils déménagent bientôt en Californie, et vont participer à la naissance du cinéma hollywoodien.
Voici résumées les grandes lignes de ce passionnant et foisonnant premier tome. Il y en aura deux autres, destins fictifs de cinq générations d’une famille à la fois témoin et actrice des grands bouleversements du XXème siècle, tant en Europe qu’en Amérique. L’action dramatique – voir la fuite d’Odessa à travers les montagnes – côtoie les relations humaines et amoureuses, sans oublier les rapports à la religion juive, généralement souples mais toujours structurants. Assez original, le style est journalistique : Fabrice Colin se présente comme un ami de la famille qui a voulu,« narrateur objectif », raconter son histoire, à partir de journaux intimes, de lettres, cartes postales et photographies, mais aussi de témoignages, d’interviews et de recherches sur le terrain. S’ensuit un récit chronologique morcelé en différents types narratifs, qui crée un puissant effet de réalisme documentaire. Même rendus de façon externe, les personnages sont fouillés, à la fois volontaires et torturés, poussés, comme beaucoup d’émigrés, par une soif de vie impressionnante. Plus précisément dans ce tome, la partie autour d’Hollywood est fascinante, tandis que celle plus connue sur Vienne, où David et Leah croisent aussi bien Egon Schiele que le jeune Adolf Hitler, est brillante. A lire d’urgence, pour le plaisir de lecture et en étant sûr d’applaudir inévitablement au talent de l’auteur, que l’on n’attendait pas dans le genre du roman historique…