Airman

Né à bord d’un ballon dirigeable, Conor grandit dans le petit royaume privilégié des Iles Salines, tourné vers l’innovation. Le jeune homme est passionné par l’aviation qui balbutie en cette fin du XIXème siècle. Passionné aussi par Isabella, la très jolie fille du roi qu’il connaît depuis l’enfance. Un jour, tout bascule : le roi est assassiné, Conor emprisonné, victime d’un complot. Les années passent, Conor prépare sa vengeance…
L’imagination fertile d’Eoin Colfer opère une fois de plus à plein dans ce roman d’aventures captivant. Basée sur un contexte historique assez crédible, l’histoire se déploie sur plusieurs années, accélérant une enfance heureuse, jouant sur l’ellipse quand le héros est emprisonné. Pour améliorer le suspense et faire avancer son intrigue pas à pas aux moments cruciaux, l’auteur offre souvent le même épisode selon deux points de vue. Les rebondissements se placent avec pertinence, mouvementés et radicaux. Accompagné par un narrateur omniscient, Conor, le personnage central, se montre sympathique, intelligent, mais solitaire, et il a des sentiments plutôt durs pour son âge (« Conor se demandait s’il pourrait jamais se sentir de nouveau vraiment heureux. », p. 279) : avec lui, le lecteur retrouve les contradictions et la complexité d’Artemis Fowl. Et comme dans la série fantastique, un humour moqueur se décline dans les gardiens de prison stupides et la sagesse bonne-vivante du vieil aveugle Linus. Quant au thème de l’aviation, s’il passionnera peut-être davantage les amateurs, il n’est pas envahi de technicité au point de rebuter le néophyte, et surtout, il fascine : on peut l’envisager comme une métaphore de la liberté, et le roman devient alors d’apprentissage. Eoin Colfer ne prend jamais son lecteur à la légère, s’assurant ainsi de signer des succès mérités.