Tolstoï, un conte de fées

La narratrice rencontre tous les jours dans sa rue un SDF d’origine polonaise. Prise de pitié, elle demande à son père de l’inviter, puis de le loger dans leur maison de campagne. Celui qu’on a rebaptisé Tolstoï s’adapte parfaitement et retape même un vieux four. Le succès de ses pains auprès de la population ne tarde pas. Mais la police aussi est intéressée par Tolstoï…
Auteur du très beau Sur le bout des doigts (Petite Poche Thierry Magnier, 2004), Hanno confirme ses extraordinaires capacités d’empathie et de générosité. S’attaquant à un thème difficile et peu traité, il met en scène une petite héroïne narratrice pleine de joie de vivre et de volonté. Moderne aussi : elle vit dans une famille recomposée, n’hésite pas à tenir tête à son père et a son franc-parler quand elle s’adresse au lecteur (« Parce que franchement, « SDF », ça veut dire quoi ? Sapin Drôlement Fatigué ? Saleté de famine ? Super Dimanche en Finlande ? », p. 10). Avec la petite fille, une belle histoire se déroule sans heurts. Mais le « conte de fées s’écrabouille comme une vieille bouse » (p. 53) dans le dernier chapitre, où on découvre que Tolstoï était un sans-papiers. La réalité reprend ses droits, toutefois après une superbe leçon de solidarité. Les illustrations noir et blanc, crayonnées et assez violentes, sont en accord avec ce texte fort qui porte à la réflexion.