Une bataille pour un cheval

Alésia, 52 avant Jésus-Christ : la Gaule est en guerre contre Jules César. La jeune Sira vit chez son grand-père cordonnier. Un peu garçon manqué, elle se dispute avec tous les enfants du village et ne pense qu’aux chevaux, sa passion. Elle adore sa vieille jument, mais ne peut s’empêcher d’admirer les chevaux de guerre qui arrivent lorsque Vercingétorix et son armée se replient à Alésia. Elle se lie d’amitié avec un jeune réfugié, Elenos, et profite de la superbe monture du père du garçon. Quand la situation face à César devient critique, Vercingétorix va faire appel à Sira pour porter un message, à cheval bien sûr…
Même si le cheval est au cœur de la collection, Alain Surget déborde de ce cadre pour traiter davantage l’aspect historique de son roman. La situation de la Gaule à cette époque est expliquée soit par des notes de bas de page, soit de manière vivante, dans les dialogues et les questions des personnages, les remarques de Sira : très vite, le lecteur se remémore des souvenirs scolaires et prend ses repères. Le même naturel n’est pas appliqué aux scènes de batailles, longues et détaillées par le narrateur externe, trop techniques. Heureusement, l’héroïne Sira fait montre de suffisamment de caractère, de drôlerie (voir ses nombreuses injures fleuries : baluche, tique, vipère, cochon pourri…) pour emporter l’adhésion du lecteur. Une petite note fantastique, avec la légende celte des trois lavandières de la nuit, distrait encore et effleure la question des croyances. On appréciera également le rendu de la personnalité complexe de Vercingétorix, chef fier, reconnu pour ses talents militaires mais en lutte incessante avec ses propres alliés. Quant aux chevaux, le sujet censé principal, ils apparaissent sous deux aspects complémentaires : leur force physique (Sunarti-Argos), leur complicité avec leur maître (la gentille jument). Un ouvrage globalement complet, bien tourné.