Le Monde, point à la ligne

La Petite ne peut plus parler en langage humain, mais la Grande se fait son traducteur pour nous raconter une histoire : le monde est bien rangé dans une armoire chez la petite Dame, et, en prenant un mouchoir, le petit Léo ramasse ce monde. La petite Dame cache quelque chose dans son dos, Léo veut savoir ce que c’est mais il doit faire un grand tour par le portail avant. Chemin faisant, il rencontre le petit Monsieur, un écrivain. La petite Dame tient la nuit dans son dos : Léo peut aller se coucher.
Cette petite pièce onirique fait intervenir seulement deux personnages, la Petite et la Grande, qui prennent ensuite l’apparence des protagonistes de leur histoire. Plusieurs thèmes se dessinent, plus propices à la réflexion que leur douce imagination ne laisse supposer. La langue et ses sonorités d’abord : les acteurs chantent des petites comptines, des onomatopées simulent des actions, la Petite perd progressivement le langage humain pour ne plus qu’aboyer. Les répétitions, plaisantes pour les plus jeunes, sont au cœur de ce système de parole. L’écriture est également en question, avec la superbe métaphore filée maritime : pêcher dans une rivière avec un bateau, c’est écrire à l’encre et à la plume avec des lunettes… La lecture s’apparente donc logiquement à un voyage. Et puis il y a ce troisième thème central, quasi-philosophique : le monde et ses « ohohommes » peuvent s’enfermer dans un tiroir, un mouchoir. De quoi faire rêver les enfants et se creuser la tête les plus grands ! Courte, facile, bien vue, la pièce s’explique difficilement, mais se ressent avec bonheur.