Les Sifflets de Monsieur Babouch

Monsieur Babouch raconte des histoires qui ne sont pas encore arrivées : il les invente et les fait littéralement exister au fur et à mesure de leurs développements, à l’aide de sifflets, de sarbacanes et d’une bonne dose d’imagination. Il nous propose justement une aventure, et un amour, de Jean Rapido. Mais à trop vouloir bien faire, Monsieur Babouch risque d’être dépassé par sa propre création.
En lisant cette pièce, j’ai pensé au film Les Visiteurs du soir de Marcel Carné : même climat fantastique, même structure du conte traditionnel, présence du Diable qui sépare les deux amants… Jean-Pierre Milovanoff n’est pas Prévert, et il n’a pas écrit dans le contexte de l’Occupation, mais il a su créer une pièce très plaisante, qui incite en plus à une réflexion sur le thème inépuisable de la création et de l’auteur tout-puissant. Figure du saltimbanque, Monsieur Babouch reproduit à la fois la tradition du conteur et celle du spectacle de rue. De loin en loin, il apparaît pour gouverner son théâtre - son monde – et ne voit pas venir le Malin qui lui vole la main. On rit beaucoup du langage savoureux, on frémit aux apparitions de Monsieur de Guinguois, on imagine mises en scène les chansons des personnages (ici malheureusement présentées à la fin du livre). Car cette œuvre gaie et dynamique demande avant tout à vivre, à l’instar des histoires de Monsieur Babouch… A voir donc dès que possible, en famille ou pour une classe d’enfants à partir de 7-8 ans.