La fille qui dort

Johanna est une lycéenne comme les autres, si ce n’est une mère un peu excentrique, un père parti et quelques kilos en trop. Jusqu’au moment où elle commence à s’endormir un peu trop souvent… et surtout partout. Après plusieurs examens, elle découvre qu’elle est atteinte de narcolepsie. Elle décide alors de ne pas baisser les bras, et s’engage même à participer au club de théâtre, sa passion.
La narratrice Johanna est dès le départ une jeune fille mature, capable de recul sur sa vie, le lycée, sachant casser avec humour ses réflexions lyriques, et surtout dotée d’une très forte volonté. De manière positive, sa personnalité lui permettra de ne pas baisser les bras malgré tous les inconvénients de son état, apprivoisant ceux qu’elle appelle Marco Lepsi et Miss Cata (pour cataplexie). En négatif, elle comprendra dans les dernières pages que sa passion pour Antigone recouvrait un désir de perfection quant à la maîtrise de sa maladie, voire de mort. La relation au théâtre, évidemment génératrice d’interrogations sur les rapports entre le réel et l’illusion, est finement exploitée, imbriquée avec les rêves hallucinatoires de Johanna de manière suffisamment complexe pour résonner vrai. L’héroïne pensait vivre plus intensément, sans la narcolepsie, à travers le théâtre, mais le masque qu’elle porte pour répéter apparente en même temps l’exercice à une fuite… Ce sont les ratés de l’audition pour Antigone qui la feront basculer vers l’acceptation de sa maladie : elle prendra les médicaments nécessaires, elle se rappellera ses rêves explicites, elle osera se laisser aimer… Ecrit de manière à la fois très correcte et vivante, ce beau roman peut s’extrapoler et devenir une leçon de courage pour n’importe quelle difficulté dans la vie. Un auteur sensible à suivre.