Stardust

Le paisible village anglais de Wall est séparé du Pays des Fées par une longue muraille. Tous les neuf ans, une foire se tient entre les deux mondes. De l’union d’un humain et d’une Oute-Mur naît Tristran Thorn. Pour prouver son amour à la belle Victoria, le jeune homme part à la recherche d’une étoile tombée du ciel. Au Pays des Fées, il trouve bien l’étoile en la personne d’une jeune demoiselle à la jambe cassée. Il entreprend de la ramener à Wall. Mais d’autres convoitent aussi la blessée : trois sorcières en quête de jeunesse éternelle, et les héritiers d’un royaume duquel l’étoile possède le symbole de pouvoir.
D’abord roman graphique illustré par Charles Vess, paru en 1997, Stardust est réécrit comme véritable roman et devient un best-seller, avant de faire l’objet d’une adaptation cinématographique à gros budget en 2007. Un parcours au long cours pour un roman de fantasy qui le mérite. L’imaginaire de Neil Gaiman est proche de celui d’un Tolkien, aussi inventif, riche et n’oubliant pas le psychologique, cependant moins violent. L’auteur n’abuse pas d’éléments surnaturels, préfère jouer sur les zones d’ombre et le merveilleux poétique ; par exemple, au Pays des Fées, les simples comptines et berceuses des humains (évidemment anglaises, d’où des notes nombreuses de la traductrice) sont hautement considérées et prennent littéralement vie. Les personnages sont fouillés, leurs relations complexes pleines de saveur et parfois d‘humour – la belle étoile n’a ainsi pas le meilleur caractère du monde ! La construction est relativement classique, trois histoires se déroulent en parallèle pour une même quête, alternant de chapitre en chapitre avec un narrateur externe. Les sorcières courent après la jeunesse, les lords après le pouvoir, Tristran après… lui-même. Le roman devient alors d’apprentissage, et Neil Gaiman le parsème de références à deux grands classiques anglais de ce genre : Le Voyage du Pèlerin de John Bunyan (1678) et Vie et Opinions de Tristram Shandy de Laurence Sterne (1760). On le voit, les lectures multiples de cet ouvrage en assurent la solidité, et signent par la même occasion le talent de l’auteur.