Pierres de gué

Cynth vit avec M’man. Pour trouver des réponses à toutes ses questions, la jeune fille part. Mais M’man la suit discrètement, provisions dans les poches. Cynth rencontre successivement Monty, le jeune Flint, un homme peu sympathique, avant de revenir chez M’man.

Tout est passage et apprentissage dans cette petite pièce tendre à la portée symbolique d’une grande finesse, divisée en quatre parties qui sont autant de saisons. Pendant ce qui pourrait durer un an, Cynth va de pierre en pierre : tout commence avec la célèbre « soupe aux cailloux » des contes, expliquée par Monty, adulte solide, figure paternelle, qui rejoindra d’ailleurs M’man. Lancée par l’homme sur cette idée, Cynth cherche ensuite une étoile tombée sur terre (seules habilitées à faire des pierres de soupe), mais dans le but de la ramener à sa mère : le lien n’est jamais rompu. Et puis, il y a les véritables pierres de gué, pour traverser une rivière sur les pas de l’amoureux, Flint, et accéder ainsi à l’âge adulte. Peut alors venir une scène étrange où Cynth ne reconnaît pas M’man lui racontant les circonstances de sa naissance, mais qui la réconcilie avec ses origines et l’omniprésence de cette mère dans sa vie. Cynth est transformée, M’man rassurée sur les capacités de sa fille à vivre seule ; le voyage retour est possible et une nouvelle relation s’entame entre les deux femmes. L’air de rien, avec des situations volontairement simplistes, une langue volontiers répétitive (« M’man ! M’man ! M’man ! Ca. Ca. Ca. C’est quoi ça ? », p. 5) et beaucoup de poésie, Mike Kenny aborde des sujets plus profonds qu’il n’y paraît : comment grandir ? Comment pardonner à ses parents ? Les jalons sont posés, et chacun peut donner libre cours à son imagination pour des subtilités d’interprétations multiples, signes d’une œuvre de grande qualité. A noter le dossier final très complet.