Naufragée

Cette nouvelle collection s’établit autour d’un projet assez original: douze clichés en noir et blanc sont confiés à un écrivain et on lui demande d’écrire une histoire à partir de ces photographies dont il ne sait rien. A la fin de l’ouvrage, le lecteur découvre dans quelles circonstances ces photos ont été prises mais aussi comment le photographe a perçu le texte qui a découlé de ses propres prises de vue. La barque contenant des clandestins africains a fait naufrage sur la côte. Une européenne est retrouvée parmi les survivants, passeport en main !

Pourquoi a-t-elle entrepris ce voyage si dangereux ? Elle aurait recueilli un jeune homme et l’aurait hébergé avant de décider de reprendre le large comme lui. Par curiosité, par amour, pour ressentir exactement et comprendre ce qui pousse à tout laisser derrière soi ? Très belle écriture, beaucoup de poésie dans cet ouvrage destiné avant tout à un public ado, voir de lycéens.

C. Billaudelle

Seconde critique :

Une série de photos est confiée à un écrivain. Celui-ci écrit un roman à partir de celles-ci. Ces photographies vont croiser la vie du héros pour la transformer.

Le titre de l’ouvrage : Naufragée. Il nous renseigne à la fois sur le lieu dans lequel se déroule essentiellement l’action : la mer et également la terminaison ‘ée’ nous indique qu’il s’agit d’une femme. Celle-ci sera l’héroïne du roman.

L’histoire commence ainsi : "Des torches balayent la surface mouvante de la mer. C’est le milieu de la nuit. La barque retournée, large coque fendue sur toute sa longueur, flotte encore, balancée au gré des flots, à une trentaine de mètres du rivage. (…)Une bonne quinzaine de corps ont déjà été remontés, ils sont là-bas sur le rivage, alignés, recouverts d’une bâche, des ventres gonflés…"

Au milieu des rescapés, une femme venant certainement d’Europe. Que fait-elle dans ce groupe ? D’où vient-elle ? Elle s’appelle Evencia. Les hommes de la Guardia Civil l’interrogent. Et peu à peu, le lecteur apprendra le pourquoi de cette traversée avec les clandestins.

Thème essentiel : ce roman bouleversant et très riche évoque le tragique destin des clandestins.

Sujet d’actualité : en effet, tous les médias nous informent régulièrement de ces arrivées d’Africains de l’ouest aux îles Canaries, sur les côtes sud espagnoles.

Le roman répond à quelques questions que nous nous posons : pourquoi tous ces gens partent-ils ?
Un autre personnage important que l’on ne voit pas ni que l’on entend : Ousmane. L’un de ces clandestins malheureusement qui n’a pu échapper à la mort. Pourquoi Ousmane avait-il quitté son pays ? Il voulait devenir footballeur. D’autres veulent tout simplement échapper à la misère…Evencia et Ousmane se sont rencontrés. Elle l’avait accueilli…Ousmane est le fil conducteur de ce roman. Evencia part à sa recherche, veut savoir qui il était. Elle retrouve les camarades d’Ousmane dont certains ne quitteraient pas l’Afrique : « Nous, on ne partira jamais d’ici. Il n’y a rien là-bas. Que de la misère et des racistes. »

Les photographies nous accompagnent tout au long de ce roman. Très sobres, empreintes de délicatesse, elles augmentent notre émotion. Elles évoquent cette solitude, cette tristesse et en même temps l’espoir que peuvent ressentir ces clandestins.

MT Pierron