Qui suis-je ?

Vincent est en troisième au collège. Elève brillant et tranquille, il partage son temps entre Myriam et Aziz, ses deux meilleurs amis. Cédric arrive en cours d’année et bouleverse tout. Tandis que ses amis grandissent et s’éloignent doucement, Vincent déprime inexplicablement. Face aux quolibets des autres et au rejet brutal de Cédric, Vincent finit par comprendre qu’il est amoureux du nouvel élève. Et que « ça va pas être facile » (p. 83).
Sur des scènes de la vie quotidienne – école, famille, sport… -, le narrateur promène son regard trop sage, souvent pince sans rire (il se considère comme « une endive incapable de supporter son reflet », p. 30), parfois désabusé et inquiétant (voir les piques méchantes à Myriam). Encore enfant dans sa tête, Vincent n’envisage pas les changements de l’adolescence, parmi lesquels Myriam et Aziz ont su trouver les expériences amoureuses. Eux comprennent avant lui son attirance pour les garçons, attirance qu’il ne vit pas vraiment mal, puisqu’il l’ignore simplement. Une fois son homosexualité découverte, Vincent s’accepte rapidement (« Je suis peut-être pédé mais faut pas me prendre pour une buse », p. 97), souffrant plus de l’intime (le rejet de Cédric) que du regard des autres. Vincent cachait bien sa force de caractère, un équilibre et un recul sur lui-même qui vont lui permettre d’aller de l’avant. De facture très simple, confinant à la limpidité, Qui suis-je ? va directement au cœur de son sujet en évitant tout pathos et effet de style, ce dont on lui sait gré tant il est facile d’emberlificoter autour des amours « hors-normes ».