Dans la peau des arbres

Géraldine, dite Didi, 16 ans, passe l’été dans le sud, à la Douloire chez sa grand-mère. Un feu de forêt interrompt brutalement ces vacances. Géraldine rejoint le nord et ses parents qui ne la comprennent pas, pense-t-elle. La grand-mère va de plus en plus mal, meurt. Et le père de Géraldine lui avoue le secret de la famille, qu’elle était seule à ne pas connaître : elle a eu une grande sœur, morte peu avant sa naissance. Aidée du beau et patient Zacharie, revenue à la Douloire, la jeune fille se reconstruit et se réconcilie avec sa mère.

Pour son premier roman, Isabelle Collombat a choisi un thème intimiste, difficile parce que fonctionnant sur le non-dit. Le poids des secrets de famille sur la vie présente est impalpable. Géraldine parlera alors de ses angoisses, de celles de sa mère, du petit ange qui l’accompagne et la réconforte : autant de façons détournées et habiles de dire le malaise. L’élément déclencheur, qui, en cassant la chaîne des générations, casse aussi le tabou, sera la disparition de la grand-mère. L’objet matériel qui accompagne la découverte du secret sera la peinture d’une jeune femme, lien direct avec le passé de la mère. Entre toutes les femmes bouleversées qui ne savent pas dire leurs sentiments gravitent, intermédiaires et modérateurs paisibles, les hommes : le père un peu absent, le vieil Octave débonnaire et Zacharie, incarnation de l’avenir de Géraldine. Malgré une narratrice un brin lyrique pour son âge, et un incendie de forêt dont on ne situe pas bien le rôle exact, le récit coule vers l’âge adulte, allégé brutalement d’un deuil non fait. Triste et beau.