Sherlock Yack est, comme son nom l’indique, le détective d’un zoo. Grâce à ses déductions, le crime ne reste pas impuni. Trois enquêtes composent cet ouvrage, que le lecteur doit essayer de résoudre avant le fameux détective.

Un roman « première lecture » basé sur les ficelles du polar et sur l’interactivité avec le lecteur, pourquoi pas ? Mais il me semble que de très mauvais choix sont faits ici. Tout d’abord, il ne s’agit pas de petits larcins, mais bel et bien de meurtres : un tigre étranglé, une tortue électrocutée, une grue assommée. Les titres sont accrocheurs, et atténuent la gravité de la mort, par exemple « la grue écrabouillée ».

D’autre part, les comportements des animaux sont très proches de ceux des humains : la propriété, l’envie, la vengeance. Ils portent des pyjamas ( ?), et le pélican, assassin de la tortue, dégaine même « un pistolet Block ZGB calibre 35 en titane moulé avec viseur laser à infrarouge et chargeur XXL/50 parabellum blindé ». Les jeunes lecteurs apprécieront la leçon sur les armes à feu.

Le zoo n’est qu’un prétexte au rapprochement de plusieurs animaux. Du coup, c’est aussi le facteur d’une grande incohérence : les suspects sont toujours ceux qui partagent l’enclos de l’animal tué, alors que les animaux vont et viennent dans le zoo.

Tout est très simplifié, et peu importe si quelques animaux meurent, cela permet à Sherlock Yack et au lecteur de vérifier leurs déductions.

L’auteur va jusqu’à inciter le lecteur à tracer des croix devant les noms des victimes, et dessiner des barreaux de prison devant les assassins !

Un zoo où les animaux s’entretuent gaiement, et où Sherlock Yack ne se déplace qu’une fois le crime commis… Quelle belle initiation au polar et à la justice !!!

Cécile Gaultier

L'avis des internautes

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le 12/03/2006 13:47

de michel amelin, auteur jeunesse, enseignant, spécialite du roman policier classique...
"Les avis argumentés étant rares en litt jeunesse, je me permets de répondre à la chronique de Cécile Lecomte concernant mon personnage de Sherlock Yack. Il est de fait que ce zoo est une symbolisation de notre société où l'on se déplace tout en étant enfermé et que les animaux "sauvages" enfermés sont potentiellement tous dangereux. Il est aussi de fait que les animaux sont habitués à s'entretuer puisqu'ils n'ont pas de sens moral. Ainsi, sommes-nous placés dans une fable et dans une stylisation. Il est regrettable que Cécile Lecomte prenne le récit au premier degré. Où est la distanciation par rapport à l'écrit ? Votre citation sur l'arme est suffisamment éclairante sur mes objectifs. Comment penser que je veux initier les enfants à la balistique en racontant q'un pélican dégaine de la poche de son bec "un pistolet Block ZGB calibre 35 en titane, avec viseur laser etc... ". N'avez-vous jamais lu Agatha Christie pour oublier que le détective arrive forcément après le crime et que la réunion des suspects dans un lieu clos est un poncif qui a justement pour fonction d'intellectualiser l'acte criminel et le renvoyer à une symbolisation pour travailler sur la notion de non-dit et de justice.Jugez-vous les enfants assez niais pour ne pas voir ici le rôle de la fiction ? Auriez-vous interdit La Fontaine en son temps ? Oui, l'énigme est un jeu d'esprit qui date de l'age d'or du roman anglais. Et, de fait, l'humour et la distanciation en sont l'expression la plus directe. Je connais suffisamment les codes freudiens pour savoir que je ne fais pas d'erreurs. Et ce n'est pas le politiquement correct qui veut que toute idée de la mort soit gommée de la litt jeunesse au profit d'une psychologisation générale qui me fera changer d'avis.