Une Sonate pour Rudy

Rudy est mort, et Nicolas lui écrit cet hommage en forme de journal des événements passés. Tout a commencé avec le déménagement chez un ami de son beau-père. Nicolas a arrêté la flûte traversière, et rencontré pas mal d’ennuis avec Dylan, le gros dur du lycée jaloux de l’intérêt que lui porte la belle Marie. Nicolas a tout essayé : profil bas, ironie, intervention d’une professeur ; rien n’y fait, Dylan le harcèle et cela va de mal en pis. Jusqu’à ce jour où Dylan écrase en voiture Rudy, le chien et confident de Nicolas. Fou de rage, ce dernier se souvient du pistolet trouvé en fouinant dans l’appartement…

Une Sonate pour Rudy respecte une certaine tradition du roman noir réaliste contemporain. Le contexte est un quotidien gris de banlieue, de chômage et de famille déséquilibrée (le beau-père). Les événements dramatiques s’engendrent insensiblement, filant vers une fin violente. Face à la bêtise, un doux introverti devient dur : Nicolas est victime du système social duquel il ne peut s’échapper. Les personnages sont des stéréotypes, toutefois suffisamment légers pour être crédibles : le bon copain bedonnant, la belle jeune fille, « Dylan » en casquette/jogging. Le héros et narrateur Nicolas parle comme un « jeune » (il appelle sa mère « Mum »…), avec un vocabulaire assez limité mais cela ne gêne pas la lecture car il parvient toujours, avec ses mots, à exprimer des sentiments fins, que ce soit dans le deuil (Rudy) ou l’amour (Marie). Il nous livre ses réflexions intimes dans le journal, en alternance régulière avec les passages d’action. L’auteur maîtrise les éléments de construction nécessaires à un récit passionnant : long flash-back, effet de surprise sur l’identité de Rudy, phrases courtes.Bref, Claire Gratias a su trouver la ligne ténue de réussite d’un polar destiné aux jeunes. Et dans la même veine, on pense à Je mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud (à l’écriture toutefois plus maîtrisée).