La Forêt sans retour

Adèle est un peu rudoyée par le reste de sa famille : ce qu’elle fait ne va jamais ! Un jour, elle est transportée dans l’Inde rurale du début du XXème siècle, et devient la jolie Roukmini. Maltraitée par son père, la jeune fille est amoureuse du jeune cornac Goulam. Revenue à la réalité, Adèle pense retrouver les traits de Goulam dans une statue ancienne. Elle effectue plusieurs « voyages » en Inde et vit des aventures palpitantes à travers Roukmini. Elle finira par rejoindre définitivement son aimé Goulam.

Adèle est avant tout une jeune fille insatisfaite de sa vie qui fuit dans le rêve. Le fantastique intervient ici classiquement, lorsque ce rêve prend corps dans le premier monde (via la statue), devient récurrent, etc. Mais alors que la plupart des romans jeunesse proposeraient un compromis et laisseraient Adèle dans la réalité, la fin de La Forêt sans retour est beaucoup plus ambiguë. C’est même un peu effrayant de comprendre que tous les proches d’Adèle l’ont purement et simplement oubliée ! Françoise Elman nous y avait pourtant doucement préparé : l’histoire de Roukmini est solide, captivante, la narration externe laisse autant les deux héroïnes s’exprimer, la vie de l’Indienne progressait vers un mieux tandis que celle d’Adèle stagnait… Autant de signes subtilement disséminés dans un texte très bien écrit, à la construction maîtrisée. J’ai apprécié que le personnage d’Adèle soit assez étoffé, ses difficultés relationnelles – dans la famille, à l’école – sont exposées de manière à bien mettre en relief son désir de s’évader. L’auteur nous avait déjà offert un voyage dans le temps avec La double Chance de Juliette (Rageot, 1992), elle renouvelle avec succès ce procédé pour un ouvrage qu’on ne lâche pas avant la dernière page !