L’Amour, l’amour

Le narrateur, un petit garçon, arrive dans une nouvelle école. Marilyn le choisit comme amoureux ; commence un jeu qu’ils prennent très au sérieux. Mais ce n’est pas facile d’avoir une intimité dans la cour de récréation. Pour officialiser leur union, notre jeune héros organise, à l’occasion du carnaval, un beau mariage célébré par le délégué de classe. Il peut enfin embrasser Marilyn.

Olivier de Solminihac offre une plongée dans l’univers cru des cours d’écoles, qu’un adolescent a oublié et qu’un adulte ne soupçonne même plus. Fins observateurs, les enfants imitent les comportements des plus grands, renvoyant alors à ces derniers un miroir assez cruel (je pense au délégué de classe, surnommé Jacques Chirac…). Le héros est grave, presque solennel : « Et un jeu auquel on joue tout le temps, ce n’est plus un jeu. C’est la vraie vie. » (p. 44). Une lucidité et une conscience de soi aiguës accompagnent chacun de ses actes, de l’écriture d’un poème pour Marilyn à une rencontre secrète en-dehors de l’école. Dans le même temps, c’est encore un très jeune garçon, attaché à ses parents : « Papa est sorti de ma chambre, du temps a passé, et puis j’ai crié – Pa-pa… Pa-pa…
Pa-pa… parce qu’il avait oublié de me border. » (p. 26). L’Amour, l’amour, étonnant, amusant, dérangeant, ne laissera personne indifférent, tant les niveaux de lecture en sont multiples.