Le ring de la mort

Réédition - Moshé Wisniak est né en Pologne vers 1915. Juif, pauvre, chétif, il s’impose par la violence dans sa banlieue de Varsovie. Sa famille émigre en France dans l’espoir d’une vie plus riche. Moshé est maintenant Maurice, il gagne bien sa vie en travaillant le cuir, fait de la boxe, épouse Rachel. La guerre arrive, il quitte sa femme et son tout jeune fils et est interné dans un camp proche de Paris. Et puis, l’horreur s’enchaîne : il est emmené à Auschwitz. Il y restera trois ans, survivant grâce à sa bonne constitution physique, son moral d’acier et surtout « beaucoup de chance » (p. 207). Revenu en France, il retrouve miraculeusement Rachel et son enfant.

Le père de Jean-Jacques Greif a connu Auschwitz, et l’auteur s’est inspiré de ses souvenirs et de ceux d’un autre survivant pour écrire ce livre. Quasi-documentaire, Le Ring de la mort fait une description minutieuse de la vie quotidienne dans les camps et une chronologie assez rigoureuse des événements qui s’y sont déroulés. Il n’écarte pas les aspects physiques les plus sordides, et explore avec délicatesse les états psychologiques des différents acteurs de l’horreur d’Auschwitz. Son héros est un ancien boxeur, et c’est en grande partie grâce à ce que lui a appris ce sport qu’il parvient à rester en vie aussi longtemps, malgré des moments de fatigue et de désespoir. Les quelques amis ont aussi un rôle important, mais comme le souligne l’auteur, l’arbitraire était roi et sur le « ring de la mort » se jouait une partie truquée…
Ce roman coup-de-poing, primé par de nombreux prix de collégiens, restera dans les annales de la littérature destinée aux jeunes. Un élément cependant : Jean-Jacques Greif a choisi de faire de son personnage un « je », pour rendre l’émotion au plus près. Et pourtant, il n’a pas vécu personnellement cette tragédie, même si son enfance en a été profondément marquée. Et justement parce que l’ouvrage est d’une excellente qualité, cela m’a un peu gênée : peut-on prendre, le temps d’une fiction, la place d’un rescapé des camps de concentration ? Ceci est bien sûr un avis subjectif, et la postface rétablit de toute façon les places de chacun.