Petite

Un jour, Geneviève, dite Nouk, décide d’arrêter de manger. Certes, elle se trouve un peu trop grosse, comme beaucoup d’adolescentes, mais elle veut aussi rendre sa vie parfaite, maîtrisée, pure. Très vite, son projet la dépasse. Elle découvre qu’il est facile de manger et de se faire vomir. Elle ne voit plus personne, n’a plus envie de rien ; elle gave en cachette sa petite sœur de sucreries. Nouk part à l’hôpital, on lui propose un contrat. Une fois un poids convenable retrouvé, elle est placée dans une famille d’accueil. Et reperd des kilos. Le lycée et les premières amours sont très difficiles. Et puis elle se rapproche de son grand-père, et peu à peu, très lentement, se restructure.

Petite est parue une première fois en 1994 aux Editions de L’Olivier. Face à la recrudescence actuelle des troubles du comportement alimentaire chez les jeunes, c’est une saine initiative que de le proposer désormais dans cette collection destinée aux adolescents. Le texte simple et sobre de Geneviève Brisac (on ne saura pas s’il s’agit ou non d’autobiographie) n’évite pas les comportements physiques et psychologiques les plus sordides qui atteignent sa narratrice. Il s’agit ici d’un récit a posteriori, et Nouk peut analyser ce qui s’est passé : un point de départ pas très clair, le crescendo de l’horreur, et la lente remontée, évoquée ici très rapidement alors qu’elle a duré des ans. Mais jamais elle ne pourra dire exactement pourquoi elle en est arrivée là, les méandres de la raison s’y perdent, même si la famille paraît au cœur du problème. Il existe beaucoup de témoignages sur l’anorexie ou la boulimie, mais aucun n’a encore égalé celui de Geneviève Brisac pour sa qualité d’écriture et sa sensibilité pudique. A lire peut-être en parallèle avec Angleterre du même auteur : de troublantes similitudes existent entre les deux narratrices. Sans extrapoler, l’un éclaire l’autre.