Paris, années 1830. D’anciens bagnards sont assassinés de manière affreuse, avec des marques de grands crocs. Le « diable de Montrouge » (les meurtres se situent tous dans ce même quartier) fait la une des journaux. On brocarde la police, on va jusqu’à accuser Rocambole ! Ce dernier compte une de ses anciennes connaissances parmi les tués et il fait de cette affaire une priorité. Une « trêve » avec la police lui permet d’enquêter. Il perce à jour une association d’anciens malfaiteurs, les Effroyeurs, un inspecteur de police véreux et découvre un trésor protégé par une machinerie incroyable dans une usine abandonnée. Tout est rationalisé, mais Rocambole n’aura pas droit à l’amnistie promise.

Aussi appelé « le fantôme de Paris », « le maître des mystères », Rocambole, créé par Ponson du Terrail au XIXe siècle, est un héros célèbre des romans-feuilletons de l’époque. Dans la reprise de Michel Honaker, il est un personnage sympathique, malicieux, entouré par une galerie de figures savoureuses : un ami aristocrate qui le protège, son homme de confiance, l’orpheline qu’il a adoptée et qui s’immisce dans l’enquête… Rocambole n’est donc pas seul, et cela contribue à lui donner une épaisseur, ainsi qu’une proximité avec son lecteur. Il est fait mention de son passé difficile, on le voit amoureux impossible d’une jeune pianiste française aux Etats-Unis. Le ton du roman populaire est conservé, « adapté » peut-être à la littérature de jeunesse : une alternance de scènes d’action avec un suspense bien ménagé et de descriptions. Ces dernières ont plus ou moins une valeur pédagogique (reconstitution de l’époque), mais tout didactisme trop apparent est soigneusement évité. Le ton est vif, évocateur. Une belle balade dans un Paris disparu, des beaux quartiers aux bouges infâmes, en passant par une visite en banlieue chez Louis-Philippe… L’initiative de Michel Honaker est intéressante et réussie, Ponson du Terrail n’ayant pas aussi bien vieilli que Maurice Leblanc et son Arsène Lupin.
L’auteur signe ici le quatrième tome de la série des Rocambole.

Sophie Pilaire