Pour toi Anissa, je fonce à deux cents années-lumière

Le père de Louis (17 ans), se découvre homosexuel et quitte sa famille. Pour le jeune homme, le monde s’écroule et il se raccroche à sa petite amie Anissa. Malheureusement, il ne peut pas voir librement cette dernière car sa famille d’origine algérienne est restée très traditionaliste. Anissa et Louis finissent par se disputer. Louis part pour un périple en vélo au cours duquel il écrit à Anissa son amour et sa détresse par rapport à son père. Les deux jambes cassées dans un accident, il se réconcilie enfin avec ses proches, la vie.

Pour toi, Anissa est une chronique des sentiments d’un adolescent à un moment critique de sa vie. Sa famille se décomposant, il recherche d’abord un soutien extérieur, à savoir Anissa. Mais cette bouée-là ne fonctionne pas non plus. Soit. Assez logiquement, il part seul sur les routes, pour se retrouver. Il rencontre alors, tel une apparition divine, un jeune aveugle et son chien. Cette rencontre à valeur symbolique (l’aveugle s’appelle Martin, et s’il ne partage pas son manteau, il partage sa sagesse avec Louis) est franchement tirée par les cheveux.
La jeune Anissa a vécu des atrocités en Algérie et les raconte avec un accent de vérité indéniable, mais le sujet est rapidement abandonné : pourquoi l’aborder aussi crûment alors ? Le thème central est le malaise de Louis et, à ce titre, Clotilde Bernos fait un portrait juste de l’adolescence, mais où veut-elle aller avec l’homosexualité du père et la religion islamique ? (si tant est qu’il faille supposer que la littérature veuille aller quelque part). Du coup, le lecteur a un peu l’impression de ne faire que surfer sur des problèmes d’actualité.