Enquête à Lattrufe-City

Hadrien, redoublant de quatrième, a aussi une réputation de « détective autonome ». Voilà pourquoi, le matin où la bibliothèque du collège est retrouvée complètement dévastée, le proviseur fait appel à lui, pour retrouver discrètement un ouvrage de science-fiction disparu, La Vipère grise. Hadrien commence son enquête et soudoie, à l’aide de livres, la bande de lycéens motards qui a fait le coup avec des voyous de son collège. Ils on en fait été commandités par la professeur d’allemand : les pages de garde de La Vipère grise comportent les plans d’une fusée révolutionnaire inventée par un ancien professeur de physique-chimie, et elle voulait les revendre. Seulement, la fusée a été réalisée depuis, et le livre, qui se révèle appartenir au proviseur, n’a plus qu’une valeur sentimentale… Les voyous du collège sont arrêtés pour trafic de cannabis, la professeur d’allemand va en maison de repos et Hadrien, grand lecteur, retrouve sa place à la bibliothèque.

Enquête à Lattrufe-City est certes un roman policier, mais avant tout il est extrêmement drôle ! Les noms d’abord : M. et Mme Wurst-Danke (« Charcuterie-Merci » !), le gardien Cruchot, la bande du Cool-Cool Bar, Olympe Quarto la libraire… Les gens ensuite : la bibliothécaire compte timidement sur Hadrien pour informatiser ses fiches papier, le proviseur surfe sur le forum du collège (Latruffe-city.onkoz…) et y intervient sous le surnom de Pégase, les voyous à moto adorent lire Dumas, etc. Plein d’autres détails viennent apporter un ton décalé jouissif dans une reconstitution au demeurant parfaitement exacte de la vie d’un collège. Et c’est bien cet effet de sérieux sans cesse brisé qui génère l’intérêt principal du roman. L’intrigue policière se tiendrait, mais serait sans doute un peu terne si Anne-Sophie Silvestre n’y avait introduit cette dimension humoristique. Très agréable à lire, et en plus le livre y a la part belle !