Rouge cerise

L’illustrateur portugais José Saraiva recourt à un langage plastique qui ne peut guère passer inaperçu. Des images aériennes, transparentes sont traversées par des personnages vulnérables. Dans un décor agité, parmi des lignes tordues, fantaisistes et des éléments souvent menaçants, souffle un vent de douceur. En effet, tout est en opposition. Cet album lance un signal d’alerte qui dit : attention, le monde est beau, enchanteur mais aussi fragile. Les guerres, les pollutions et la folie des hommes capables de toutes les bêtises peuvent anéantir la joie, la nature, la vie…Ce très bel ouvrage empreint de poésie qui obtient l’intensité et une certaine fluidité dans l’orchestration, avec pourtant une économie de moyens, révèle un élan vital puissant. Un bémol toutefois pour le texte. Le propos est intéressant, mais un peu trop simpliste. L’ensemble offre cependant un plaisir de lecture formidable. La couleur rouge cerise est omniprésente pour décrire ce monde où les hommes jouent à un jeu dangereux. Le récit interpelle, invite à garder espoir, à rester en éveil. Pour que les couchers de soleil, le bal des oiseaux et toutes les beautés du monde ne disparaissent jamais.