Sans Honte et sans regret

Réédition - Nous sommes à la fin des années 1950, May, jeune fille d’une bonne famille ruinée, habite Versailles et vient de rater son baccalauréat. Prenant son courage à deux mains, elle travaille alors comme surveillante dans des lycées, pendant qu’elle repasse et réussit l’examen par correspondance. C’est sa façon à elle de s’opposer à une mère castratrice qui ne songe qu’à la marier. Elle s’éloigne de ses amies de lycée, devenues étudiantes à Paris, mais rencontre Bernard, jeune héritier d’une entreprise d’aviation. D’abord hésitante face à celui qu’on lui présente comme un dragueur, elle décide de profiter de la vie tout en gardant son indépendance, et ses idées. Bien lui en prend, car Bernard participe secrètement au putsch des généraux en Algérie et est contraint de disparaître au Brésil… May refuse de le suivre et part à Paris.

May est sans honte, elle assume sa pauvreté parmi les bourgeois, son bac raté, son amour consommé avec un homme plus âgé qu’elle… et sans regret, même si elle perd celui qu’elle commençait à aimer, même si celui-ci avait des idées politiques extrêmistes et qu’elle n’a pas su l’en dégager. Elle avance dans la vie, bien décidée à en profiter. Il faut dire que dans Avec tout ce qu’on a fait pour toi, ouvrage précédant Sans Honte et sans regret, elle a côtoyé de près la mort (celle de sa petite sœur trisomique, et aussi ses propres envies de suicide) : son appétit de vivre est justifié.

Une jeune lectrice des années 2000 ne prendra peut-être pas la mesure de l’atypisme de May dans la société française pudibonde des années 1950-1960, mais on apprécie de toute façon le caractère de cette jeune fille indépendante et touchante dans ses premiers émois amoureux. Marie Brantôme a une belle écriture fluide, son histoire est totalement crédible, le ton sensible et nuancé : une réussite, qui ne fait que nous donner envie de suivre May dans le troisième tome la concernant, La Hors-Venue !