Manga

Sony Chien-Fou se prend pour un samouraï, disciple du grand maître Toshiro, héros de manga. Il passe ses journées en maison de psychiatrie, en compagnie de Couchelevent, Morsac, Saint-Glinglin… Journées toutes semblables, rythmées par les coups de folie des uns et des autres et les prises de médicaments. Arrive Yoo-Mi, atteinte de narcolepsie. Sony devient encore plus fou face à cette jeune Asiatique qui ressemble tellement aux personnages de bandes dessinées !
Un malade mental ? Sony a bien conscience de son état et du fait qu’il est enfermé entre quatre murs (« Je me demandais ce que je foutais là », p. 18). Mais il n’a pas non plus la volonté de se normaliser : le monde extérieur lui apparaît comme encore plus dingue, ou du moins plus moche, que le sien – là, il est extrêmement lucide ! Et puis, la folie n’est pas exempte, dans son cas, de poésie et de sensibilité (« Il y a là-dessous une fille qui me fout le cœur en miettes quand elle a les yeux ouverts et qui éparpille ces miettes dans tout le cosmos quand elle a les yeux fermés », p. 90).

Guillaume Guéraud restitue les changements brusques de personnalité de Sony avec un style vif et rapide, des phrases courtes, souvent nominales, des onomatopées… Manga nous fait rentrer de plain pied dans l’univers du jeune malade. Plein d’originalité et de fraîcheur, l’ouvrage peut être aussi très déroutant. Pour les plus grands, qui sauront prendre du recul et apprécier cette petite chronique dans un milieu habituellement fermé aux regards.