Que cent fleurs s'épanouissent

Un écrivain qui voyage seul dans un train voit sa tranquillité perturbée par l'irruption d'un homme qui a toutes les apparences d'un clochard et qui transporte avec lui une lourde caisse en carton. L'homme, Hua Xiaju, se met à raconter son histoire: dans les années soixante, il était un des élèves les plus doués de l'Institut des arts de Pékin, mais, victime de ses opinions sur l'art, il est affecté dans une fabrique de céramique au fin fond de la Chine, où il connaît la pauvreté, les brimades et les désillusions. Seules sa passion pour l'art et son affection pour un chien, Le Noir, l'empêcheront de sombrer totalement. Le titre du roman fait allusion à une devise de Mao invitant tous les intellectuels à exprimer librement leur opinion sans crainte des représailles. La suite sera moins réjouissante: lors de la Révolution culturelle, tous ceux qui avaient osé émettre des critiques seront arrêtés, persécutés, exilés. Feng Jicai a lui-même été peintre et intellectuel durant cette période, le personnage de Hua Xiaju ne lui est donc pas tout à fait étranger, il signe là un roman passionnant et émouvant, très bien écrit, qui célèbre les vertus de l'art tout en dénonçant l'intolérance de la Révolution culturelle en Chine.