Apolline et le chat masqué

Il se passe de drôles de choses dans le quartier de la Tour Poivrier où habite Apolline : des chiens disparaissent, puis les appartements de leurs propriétaires sont cambriolés. La petite fille va enquêter, aidée de M. Munroe, créature des marais norvégiens qui lui sert de gouvernante en l’absence de ses parents.
Chris Riddell est avant tout dessinateur, et son livre s’en ressent avec bonheur. Fines, noir et blanc avec des taches de rouge, les illustrations envahissent la page, commentent, prolongent voire constituent le texte. Ainsi, il n’est jamais écrit qu’Apolline pleure l’absence de ses parents, mais quelques larmes apparaissent sur le dessin et sa tristesse est acquise dans la narration. De même, le dernier chapardage de la chatte jaune est suivi d’abord uniquement par des images, tandis que les phrases racontent une histoire parallèle. D’une richesse de détails hallucinante, extrêmement amusants, tous ces dessins fonctionnent en rappel d’une page à l’autre, utilisent des systèmes de petites étiquettes, de cartes postales à lire qui forment des digressions plaisantes, comme un livre-jeu. Dans ce contexte touffu, l’intrigue s’avère simple et prévisible ; il s’agit d’une enquête policière loufoque sur fond de chatte cupide et d’animaux en rébellion contre leur domesticité. Suivi par un narrateur externe, le personnage d’Apolline est celui d’une solitaire qui cache ses angoisses (même si on trouve ici assez peu de psychologie explicite), contrebalancé par la présence rassurante, enfantine, du muet M. Munroe. Apolline et le chat masqué peut signer le début d’une série ou se suffire à lui-même. Je pense personnellement que les enfants en redemanderont !