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Le Clézio reçoit le Nobel

Georges Lemoine nous rapporte deux anecdotes

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Georges Lemoine
16 octobre 2008


J'ai demandé un jour à Jean-Louis Jacques, qui était comme on sait, directeur commercial des éditions Gallimard, s'il pouvait me faire rencontrer Le Clézio. "Rien de plus facile" me dit-il ! Cette rencontre eut lieu dans le bureau de Jean-Louis, qui s'éclipsa courtoisement. Ceci se passait au début des années 80. Pierre Marchand m'avait déjà confié l'illustration de Lullaby pour Folio Junior (ce qui fut pour moi un honneur et une belle chance). J'avais lu "Le procès verbal" dès sa parution. Très intimidé, à court de pensées, je dis simplement à J.M.G. Le Clézio que la lecture de ses romans avait changé quelque chose dans ma pratique du dessin ; celui-ci devenant plus incisif, plus précis, plus minimaliste…

les petites choses représentées, plumes, pierres, sables... prenant sous mes doigts tout leur sens, trouvant véritablement leur place dans l'univers ; cette sensation au fil de mes lectures ne fit que s'amplifier et m'amena à réaliser de grands dessins, qui n'étaient pas programmés en vue d'une quelconque édition, mais restaient en résonance continuelle avec cette littérature de référence.


En 1988, J.M.G. Le Clézio m'écrivit ceci :
... Quelle belle histoire que celle de vos dessins, qui parle d'herbes et d'arbres, de pierres et de sable, de fumées, de nuages, de reflets dans les yeux des jeunes filles et des rides au coin des yeux des vieux sages.

Croyez à toute ma fidèle et admirative proximité.





©




Autre souvenir leclézien :

On connait ma méticulosité ! Je réalisai une maquette entièrement illustrée d'esquisses assez poussées, au format de l'album, avec les textes tapés à la machine (alors) à écrire.

JMG et moi, tremblant, rejoignîmes le café-annexe Gallimard que tu connais, à l'angle
des rues de l'Université et de Beaune. Nous nous assîmes et commandâmes, lui un verre
d'eau minérale et moi un quart Perrier, n'osant pas davantage. On me regardait, enfin,
c'était peut-être lui, le futur Nobel, qu'on admirait, dans la beauté de ses cinquante ans.
Je sortis ma précieuse maquette et la posai sur la table en poussant un peu les verres.
JMG, très attentif et silencieux, parut intéressé. Ayant fini de la regarder il me dit :

"C'est très beau, et vous avez fini !" Mais non dis-je en rougissant, ce n'est que la maquette.
J'eus l'impression qu'il ne comprenait pas bien !

L'interrogeant sur la nature des villages indiens Hopi, il me dit encore qu'il ressemblaient
aux villages de Haute-Provence !!! Poussant plus loin mes investigations et lisant en particulier
l'admirable livre "Le soleil Hopi", paru dans la Collection Terre humaine - j'avais acheté l'ouvrage
à la Galerie "Urubamba", à Paris, Galerie spécialisée dans l'art et les littératures amérindiennes -
je m' aperçus qu'il n'en était rien, que ces villages, édifiés sur les mesas, n'avaient nulle part
au monde leurs semblables. J'en ai reproduit un dans mon album.


album PEUPLE DU CIEL J.M.G. Le Clézio, Éditions Gallimard, 1991, Ill. de Georges Lemoine

Balaabilou, nouvelle extraite de Mondo et autres histoires, Éditions Gallimard, 1978, Ill. de Georges Lemoine