Dessiner son âme avec des mots…
Il y a quelques mois j'ai rencontré Aidan Chambers lors d'un colloque à propos de la littérature jeunesse organisé à la bibliothèque municipale de Turin. Il m'est revenu en mémoire que j'avais lu "La danse du coucou" [5] trente ans auparavant. Ce fut une expérience jubilatoire comme celle "que nous connaissons en lisant un livre ou les mots signifient plus qu'une histoire quand ils traduisent avec exactitude un sentiment, une émotion, une vision de monde, une forme de pensée que nous n'avions pas pu exprimer ni même penser avec autant de justesse dans le ton, ni dans la forme." [7] Aidan Chambers qualifie cet instant jubilatoire d'épiphanie et précise que "si le lecteur adulte connaît cette "épiphanie", il n'y a aucune raison pour que l'enfant et l'adolescent ne l'ait pas éprouvé avant lui." [7] Il se propose d'en explorer les raisons dans le postulat d'une poétique de la forme spécifique à la littérature jeunesse.
Ce roman que je lisais alors s'intitule, dans sa version originale, "Dance on my grave", Danse sur ma tombe, comme une injonction tragi-comique, un pied de nez au sacré … Dans presque toutes les traductions en langues étrangères, le titre a été traduit littéralement. Dans sa version française, le titre ne trouve son sens que dans l'allusion au titre de l'indicatif musical des films de Laurel et Hardy (p. 298). En vertu de quels principes la mort est-elle gommée du titre? Est-ce parce qu'il s'agit de la mort d'un adolescent? Est-ce par un rapprochement sémantique avec le titre du roman de Boris Vian [11] qui fut censuré pour outrage aux bonnes mœurs?
En 2010, Les éditions Thierry Magnier ont édité "La maison du pont" (traduction de "The Toll Bridge", le pont à péage) dans la collection des romans pour adolescents. Renseignements pris, deux autres romans pour la jeunesse ont été traduits en français: Deux ombres sur la plage [3] en 1974 chez Hachette et Le secret de la grotte [4] en 1985 par l'Ecole des loisirs. Compte tenu de l'importance de son œuvre, on est en droit de s'étonner du si petit nombre de romans traduits en français tandis qu'en Italie, l'œuvre d'Aidan Chambers occupe une place de choix sur les étagères des librairies au rayon "jeunesse". Pourquoi ne lui manifeste-t-on en France qu'un intérêt si parcellaire et éphémère?
Une littérature faite de mots, d'images et de corps
De la lecture des seuls romans traduits en français, il ressort qu'Aidan Chambers est un magicien du verbe de l'enfance car son écriture cultive l'art des images/mots. Je ne veux pas dire ici qu'il excelle en métaphores mais plutôt que les mots sont incarnés et qu'il donne la priorité à une perception sensuelle des choses. Autrement dit les mots prennent "corps" dans l'histoire. Il semble que cela tienne d'une part à son opinion quant à la part animale de l'être humain. Selon Aidan Chambers, "nous ne devons pas oublier que nous sommes des animaux, tout ce que nous percevons, nous le percevons à travers nos sens." et qu'en outre, "nous sommes des animaux qui racontons les histoires…" [8]
D'autre part, il manifeste une étonnante lucidité à l'égard de la pensée et des affects adolescents. Ma conviction est issue de la conférence de Turin au cours de laquelle Aidan Chambers s'interrogeait sur notre discours (d'adulte) au sujet des jeunes. "Nous commettons une grande erreur, dit-il, lorsque nous parlons d'eux. Nous faisons comme si tous les gens de cet âge étaient exactement semblables. Nous parlons de l'enfant: qui est cet enfant? Je n'ai jamais rencontré cet enfant. Qui est l'adolescent? Je n'ai jamais rencontré cette personne qui est l'adolescent. Les adolescents sont aussi divers que le sont les adultes; Ils sont tous des personnes, ils sont tous des animaux." [8] C'est en mettant l'accent sur la singularité de chaque personne, que l'écrivain inscrit son œuvre dans une adresse à l'autre structurante pour le jeune lecteur. Les jeunes héros de ses romans "tutoient", pour ainsi dire, le jeune lecteur, comme dans une authentique relation d'amitié qui se noue au fil des pages.
Chambers cite le journal d'Anne Frank, soulignant la manière dont elle s'adresse à chacun de nous personnellement, quelles que soient notre origine et la langue que nous parlons, et dit "je n'aurais jamais pu écrire cela à l'âge de 17 ans, elle est exceptionnelle direz-vous, mais tous les grands artistes le sont. Elle est un grand écrivain. Les grands écrivains nous disent ce que nous ne pouvons pas dire de nous-mêmes. Remarquez les mots qu'elle emploie: "Self-consciousness" (conscience de soi). Consciente d'elle-même, elle peut parler de nous. En regardant à l'intérieur d'elle-même, elle nous fait regarder à l'intérieur de nous." [8]
Se référant à Italo Calvino [1], il affirme que "la littérature tente de dessiner notre âme, les choses compliquées que nous sommes. Elle se sert du langage que nous utilisons tous les jours pour le transformer en modèles très spécifiques. Ces modèles sont destinés à rendre la langue la plus complexe possible et cependant, aussi facile à lire que possible. C'est ce qui fait que les grands écrivains sont grands, ils peuvent décrire des personnages complexes tout en facilitant la lecture."
La lecture de ses romans traduit précisément cette définition. D'un point de vue psychologique, les personnages sont complexes, leur existence est suspendue à des doutes que nous partageons avec eux, leurs actes semblent plus tenir du non-sens que de la volonté. La quête de soi et la tentative de trouver un accord avec soi-même est une tâche difficile dont chaque histoire décrit le lent et tortueux cheminement entre les sentiments, les sensations et les émotions. Oscillant entre violence des actes et repli mélancolique, les jeunes héros d'Aidan Chambers cherchent le sens de leur vie. En revanche la lecture est aisée, le style narratif donne la part belle au suspense, le lecteur est entraîné dans le sillage tumultueux et parfois cocasse des personnages et il éprouve d'emblée de l'affection pour eux. Cet attachement est d'autant plus fort que le personnage adolescent est le principal narrateur de l'histoire. A propos du processus d'identification au personnage adolescent, Aidan Chambers soutient "que, jusqu'à ce que vous ne rencontriez dans des histoires un moi reconnu comme le vôtre dans un groupe de personnes culturellement défini à qui vous estimez que vous appartenez, vous ne croyez pas que vous existez ou, du moins croyez que vous êtes soumis à un groupe dominant qui possède vraiment un corps identifiant d'histoires - une littérature." [7]
Danse sur ma tombe [5]
C'est très exactement le souvenir que j'ai conservé de la lecture de cette fameuse "Danse du coucou" à laquelle se livre très mystérieusement le jeune Hal, sur la tombe de son ami et amant Barry, mort dans un accident de voiture. La relation qui se noue au fil des pages entre Hal et Barry laisse apparaître en filigrane la chronique de la mort annoncée de Barry. Ce jeune homme en apparence mature, déjà responsable d'une entreprise familiale, adore flirter avec le risque. Son éloge de la vitesse est par définition un bel exemple d'une conduite ordalique [9] au sens clinique du terme. Il s'agit d'une conduite à risque répétée comme un défi lancé à la mort dans un fantasme d'immortalité et qui s'édifie peu à peu en une sorte de rituel. Rouler vite, pour Barry, "c'est comme d'être à l'intérieur d'une espèce de bulle invisible (…) qui pourrait m'emporter n'importe où en une fraction de seconde. C'est bizarre. Je sais que je me déplace mais c'est sans le moindre effort, sans bruit(…). Je ne voudrais plus rien faire d'autre que d'être à l'intérieur de cette bulle d'énergie. Une fois pour toutes. A jamais." (p. 155-156) Par-delà les identifications aux genres masculin ou féminin, ainsi que la relation amoureuse homosexuelle entre les deux héros, l'intensité du texte tient bien sûr aux rebondissement de l'histoire. Le style narratif alterne le récit des évènements par Hal lui-même, des articles de journaux relatant "l'affaire" et les rapports effectués par l'assistante sociale d'après des entretiens menés avec les parents de Hal, son professeur de lettres et Hal lui-même.
Mais en fait, plus que les faits, c'est le ressenti de Hal concernant sa relation avec Barry, puis le cataclysme psychique qui s'est abattu sur lui après sa mort, relatif au "pacte" qui les unissait. "Celui de nous deux qui mourra le premier, l'autre s'engage à aller danser sur sa tombe" [p. 188] L'idée est de Barry, dont "la beauté vénéneuse" et "le dangereux sourire" lui valent tous les suffrages… Hal accepte et se trouve par la suite empêtré dans un dédale de sentiments contradictoires.
L'écriture de Chambers restitue la tonalité particulière du discours de l'adolescent qui se parle à lui-même dans un mélange de familiarité avec "l'autre soi" et d'auto-dérision caustique. Ce discours renvoie à la tentative d'établir une distance salutaire avec un moi qui n'est pas totalement satisfaisant ou avec une existence qui est trop éloignée des idéaux du moi. "Avez-vous déjà remarqué que, dans la déprime, on se met à faire tout ce qu'il ne faudrait pas. Ou à faire tout ce qu'il faudrait, mais alors tout de travers. Tout va de plus en plus mal et on plonge dans un véritable tourbillon de désarroi" [p.134] Le vécu dépressif de Hal est au premier plan tout comme le "vagalame" est le credo de Jan dans le roman suivant.
Dans un premier temps, le jeune homme anéanti par le chagrin se livre à une sorte de violation de sépulture. La colère mêlée au désespoir le fait sombrer dans un état de transe et il se met à frapper la terre qui recouvre le corps de son ami. Il creuse avec une folle frénésie sans comprendre. Dans cette scène apocalyptique, le grotesque le dispute au tragique.
L'incrédulité de Hal face à ses propres actes, face à la douleur de la perte de l'aimé, le rend particulièrement proche de chacun de nous. "Samedi… Epouvantable. Terrible. Perdu les pédales. Devenu dingue? J'ai creusé la tombe, nom de Dieu! Qu'es-ce qui m'a pris? Jamais encore rien éprouvé de semblable. Comme si quelqu'un s'était emparé de mon cerveau et l'avait fait pivoter devant-derrière à l'intérieur de mon crâne." [p.284] Et quelques jours plus tard, plus déterminé que jamais, nous le regardons danser sur la tombe de Barry avec tendresse. "Et bientôt la musique s'effaça pour faire place à un rythme plus personnel, plus vigoureux et plus rapide, une manière de "bourrée" in memoriam de la mort inutile de Barry, et en l'honneur de ce qu'il avait été pour moi et que personne ne pourrait plus jamais être."[p.298] A la fois conscient de l'absurdité de sa danse et mu par un irrépressible désir d'honorer la promesse faite, à contre-cœur certes, à Barry, Hal incarne la sincérité absolue et l'intégrité morale dont seule l'adolescence est dépositaire. Œil neuf, regard cru sur un monde absurde la veille de franchir le pas fatidique qui le fera rejoindre la cohorte adulte…
Aidan Chambers suggère qu'un schéma identificatoire particulier est à l'œuvre dans tous les romans: "ce que le personnage fait, ne fait pas, aurait pu faire, aurait du faire. Et parce qu'il est un personnage de fiction, vous n'êtes pas responsable de ce qu'il fait". [8]
Notons que Hal trouve du sens à son acte dans un dialogue singulier avec Kari, une jeune fille délurée, séduite elle aussi par le charme de Barry. Elle l'accompagne dans ces actes, commente et critique son attitude. Elle incarne le tiers moral qui permet à Hal d'accéder au registre symbolique.
La maison du pont [6]
Jan est un adolescent en recherche d'une solution qui lui permettrait d'échapper à la chape de plomb de l'univers familial, d'une relation amoureuse envahissante et des obligations scolaires. Il tente l'expérience volontaire de la solitude dans un travail au cœur de la nature (enfin le croit-il…) et rompt avec le confort bourgeois et moderne. Nous n'en ferons pas ici une lecture/analyse exhaustive mais il est intéressant d'en souligner les points forts qui font écho aux propositions d'Aidan Chambers en tant que théoricien de la littérature jeunesse.
L'action se déroule dans la maison du pont à péage où Jan âgé de 17 ans, en rupture avec les conventions sociales, a trouvé un travail de gardien pour une durée indéterminée. L'idée que Jan est gardien provisoire d'un pont à péage constitue une métaphore de fond qui symbolise le lieu de passage et le prix à payer passer. J'ignore si l'auteur a voulu cette métaphore ou bien si elle s'est imposée entre les lignes. Cette maison est en quelque sorte un logement de fonction très rustique mais elle s'avère être aussi un asile provisoire pour de jeunes égarés en attente de passage:
Jan : jeune homme en fuite qui espère trouver la paix dans la solitude mais c'est compter sans l'arrivée d'Adam.
Adam : l'intrus mystérieux et envahissant, jeune homme en fuite lui aussi mais pour d'autres raisons…
Et sans la présence de Tess, la fille de Bob Norris qui emploie Jan.
Tess : l'amie providentielle, ambivalente mais généreuse qui analyse ainsi la situation: " Deux fugitifs se percutent, et l'histoire se complique, car c'est là que j'entre en scène comme une particule qui viendrait percuter les deux autres." (p. 261)
L'histoire est émaillée de questions importantes:
Il en va de l'amour comme pour le don. Est-il gratuit ou intéressé? Jan pense qu'il n'y a pas d'amour pour autrui, que seul l'amour pour soi régit les relations amoureuses. " Je n'aime pas tous ces discours sur l'amour. Ce que les gens appellent amour n'est rien d'autre que les choses qu'ils attendent de l'autre. (…) Il ne s'agit pas de ce qu'ils veulent pour quelqu'un d'autre, mais de ce qu'ils veulent pour eux-mêmes." (p. 43)
Jan souffre de "vagalame", sorte de déprime permanente qui le conduit à passer "des heures enfermé dans (ma) chambre à ruminer les aspects les plus satisfaisants d'en avoir ras-le cul et les bienfaits potentiels de l'autodestruction." (p. 14) Mais comment faire autrement avec les autres?
Qui est l'autre? est-ce une énigme qui engendre des sentiments aussi contradictoires que fluctuants? Tels que par exemple: tristesse, jalousie, méfiance, attirance … Une seule chose est sûre, Adam incarne cet autre à la fois désiré et indésirable.
L'intérêt de l'histoire repose en outre sur le fait qu'Adam est réellement une énigme dont on trouve la clé au dernier acte de l'histoire lorsque la véritable identité d'Adam est révélée, son destin tragique donne à l'histoire de la maison du pont un éclairage singulier. Alors qu'il parvient au bout de sa quête identitaire, Jan apprend que "nous sommes des êtres multiples. Un mélange de réalités et de potentialités. (…) Nous, les soi-disant sains d'esprit, ne sommes pas très doués pour explorer nos moi potentiels. Parce que nous ne sommes pas mécontents du moi que nous vivons, peut-être. Pourtant cela fait aussi de nous ceux qui sont les pus emprisonnés. Alors que, mal à l'aise avec leur moi réel, les malades mentaux, eux, explorent parfois leurs potentialités, découvrent des moi qu'ils préfèrent et les essaient." (p. 423) En prêtant ces paroles sages à un médecin, Aidan Chambers rejoint le philosophe Georges Canguilhem qui, dans sa réflexion sur la frontière ténue entre le normal et le pathologique, suggère que "la maladie survient à l'homme pour que tout espoir ne soit pas perdu" [2].
Au cours de ce chemin vers la rencontre avec lui-même, Jan connaît l'espoir de l'amour, la désillusion et même des régressions psychiques et somatiques. Malade, il retourne dans "le sein maternel" chez les Norris, les parents de Tess. "Mme Norris m'a donné du pain et du lait, une potion pour les enfants malades que je n'avais encore jamais rencontrée ailleurs que dans les livres (…). Des petits soins énergiques et sereins, bien différents de l'attention constante, étouffante, de ma mère."
Il s'improvise voyeur non sans délectation, dans un équivalent régressif de la scène primitive [10] Il est envahi par le trouble d'un fantasme originaire refoulé. Lorsque Tess et Adam profitant de son absence font l'amour, Jan les observe par la fenêtre et comprend "pourquoi ceux qui baisent et ceux qui ne baisent pas en font tout un flan." (p. 217) L'excitation sexuelle qu'il éprouve relie le fantasme originaire et le corps sexué de l'adolescence. La scène se double d'un autre événement comme si deux histoires d'homme se croisaient devant la fenêtre. Bob Norris, qui cherche sa fille Tess, l'aperçoit depuis la fenêtre de la maison, et s'en retourne chez lui affecté par le sentiment d'avoir "perdu" sa fille. Effectivement, à cette minute même, dans un acte sexuel désiré et consenti avec Adam, Tess quitte l'enfance et dans le même temps, se sépare de ses parents en tant qu'uniques objet d'amour. Le chevauchement de ces deux problématiques de rupture survenant dans la vie de deux personnages de générations différentes accentue le caractère définitif du drame psychologique que constitue l'épreuve du passage.
Conclusion
Les adolescents de ces deux romans d'Aidan Chambers condensent la rébellion et la révolution. La dimension identificatoire repose sur la bipolarité des personnages. Tous sont aux prises avec les tourments existentiels propres à l'adolescence, mais ils diffèrent dans la construction pubertaire où s'origine leur capacité à bâtir une représentation de soi compatible avec le monde extérieur. Dans La danse du coucou, Hal parvient à surmonter son obsession morbide, l'épisode de la danse sur la tombe de Barry possède une valeur symbolique qui joue un rôle cathartique et initiatique, tandis que Barry perd la vie au décours d'un tentative pour éprouver son sentiment d'exister dans "la bulle d'énergie". Dans La maison du Pont, Jan parvient à trouver son "moi" au prix d'une rencontre fracassante avec Adam, qui n'a pas d'autre choix que l'amnésie et la folie pour échapper à la violence réelle. Notons que Hal et Jan ont beaucoup en commun, notamment des parents qui, à défaut d'être parfaits, sont aimants et bienveillants. Barry et Adam n'ont semble-t-il pas trouvé dans leur proche entourage l'étayage originel nécessaire aux enfants. Quant à Kari et Tess, les filles, elles ne sont à la fois dans l'histoire et en dehors. Leur jugement est extraordinairement affûté et elles agissent avec une certaine spontanéité, en accord avec leur désir, comme si c'était plus simple pour elles que pour les garçons. Elles semblent moins incarner des personnages de fiction qu'une sorte de voix off, surmoïque mais cependant bienveillante et affectueuse. Elles contribuent dédramatiser la douleur. Elles sont des figures protectrices, des "presque-mères"…
Lorsque Aidan Chambers affirme qu'un enfant n'accède à la lecture qu'avec un adulte auprès de lui, soulignons qu'il ne peut pas grandir non plus sans cet adulte! Pas d'initiation ni éducation sans amour… Pas de lecture non plus. En revanche, faut-il que l'écrivain aime ses lecteurs adolescents au sens le plus gratuit du mot pour que ses romans soient lus. Si, comme le dit Aidan Chambers, "écrire, c'est dessiner un segment de son âme" [8] alors la littérature jeunesse possède sa propre poétique : elle s'articule à ce don précieux de l'écrivain à chacun de ses lecteurs.
Bibliographie
1. CALVINO Italo (1988) Leçons américaines : aide-mémoire pour le prochain millénaire. Paris, Seuil, 2001.
2. CANGUILHEM Georges (1966) Le normal et le pathologique. Paris, PUF, 1984.
3. CHAMBERS Aidan (1968) Marle. Londres, Editions Heineman. Tr. Fr. par O. Séchan. Deux ombres sur la plage. Paris, Hachette, 1974.
4. CHAMBERS Aidan (1980) Seal secret. Londres, Bodley head. Tr. Fr. par Isabelle Reinharez. Le secret de la grotte. Paris, L'Ecole des Loisirs.
5. CHAMBERS Aidan (1982) Dance on my grave. Londres, the Bodley Head . Tr. Fr. par J.-P. Carasso. La danse du coucou. Paris, Seuil, 1983.
6. CHAMBERS Aidan (1992) The Toll Bridge. Londres, Random House Children's book. Tr. Fr. par Elodie Leplat. La maison du pont. Paris, Editions Thierry Magnier, 2010.
7. CHAMBERS Aidan (2009) The Beginning of an End. Conférence à l'université de Louvain, 17 octobre 2009. http://alum.kuleuven.be/germaanse/toespraken/chambers09.htm
8. CHAMBERS Aidan (2011) "La danza delle storie: la letteratura com incontro di linguaggi". Convegno Tantestorie, 7 novembre 2011, Turin. http://www.youtube.com/watch?v=7GPmlNeXMmg
9. CHARLES-NICOLAS A. (1984) A propos des conduites ordaliques: une stratégie contre la psychose, In Topique , 35-36.
10. FREUD Sigmund (1919) Le petit Hans. In Cinq psychanalyses. Paris, PUF,
11. VIAN Boris (1946) J'irai cracher sur vos tombes. Paris, Editions du scorpion.