Aller au contenu principal
Espace publicitaire
Fermer

Rechercher un article ou une interview

Date

PORTLAND, Printemps 2012...

main article image
Dominique Falda
2 avril 2012


Mes pensées sont confuses et s'embrouillent, semblables à ce réseau de fils électriques qui quadrille la ville de sa toile serrée...

Marie Loiseau et moi-même sommes en résidence d'artiste à Portland, Orégon, U.S.A.

 


 



Je travaille à la French American International School pendant que Marie parcourt la ville à la recherche de je ne sais quoi.

Mon travail est celui d'un professeur d'art dans cette école qui, cette année, adopte le programme du Baccalauréat International. Je débarque donc en plein changements pédagogiques.

Six thématiques sont abordées chaque année en essayant de croiser le maximum de disciplines : Qui sommes-nous ? Où nous situons nous dans le temps et l'espace ? Comment nous exprimons nous ? Comment fonctionne le monde ? Comment nous organisons nous ? Comment partager la planète ?

Vaste programme qui doit amener les enfants à développer leur curiosité, leur appétit de recherches...

Pour ma part, j'ai débuté l'année en leur demandant de devenir des hommes préhistoriques.

Comment alors s'exprimer alors, quels outils inventer pour faire de l'art ?

Nous avons cherché, fabriqué des jus de fleurs, d'herbes, de terre et peu à peu créé des outils et un matériel pour s'exprimer.

 
 


 


 
 



Bon, je dois le reconnaître, j'adore ce travail pédagogique même s'il pèse un peu sur ma production personnelle.

Marie, elle, profite de son temps libre. Elle essaye de mettre au point un petit ouvrage sur les cailloux qui s'intitulerait, peut-être, éloge du caillou... Le soir, elle me lit ses trouvailles de la journée. La simplicité demande beaucoup de travail et je la vois s'échiner parfois des heures pour trouver une phrase qui doit paraître évidente, c'est le propre des aphorismes...


 


 



« Quand on est un caillou, on ne peut pas tomber plus bas. »

« Avoir un caillou dans la chaussure remet immédiatement les pieds sur terre. »

J'ai parfois l'impression qu'elle va se transformer elle-même en statue de pierre.


 


 



Une fois sa trouvaille accomplie, elle part déambuler dans Portland à la recherche de petites choses perdues.

Elle note soigneusement l'endroit de ses trouvailles et construit à son retour un petit jeu de cartes, un petit oracle, une cartographie hasardeuse de cette ville à l'autre bout du monde.


 


 




En rentrant tout à l'heure de promenade, elle me demande:

« - Tu connais le slogan de Portland ?

Heu non, je ne crois pas...

Keep Portland weird !

...( mon anglais comporte de grosses lacunes)

Ça veut dire, en gros, que Portland garde sa bizarrerie, son excentricité ! Ça, ça me plaît ! Bon, c'est pas tout ça, au travail... »


 


 



Après une heure de réflexion devant un bol de thé fumant, elle accouche d'une petite phrase :

« Fabriquer des châteaux de sable, c'est investir dans l'immobilier du temps perdu. »


 






 

Dominique Falda et Marie Loiseau sont bien la même personne...

Toutes les images sont de Dominique Falda