Aller au contenu principal
Espace publicitaire
Fermer

Rechercher un article ou une interview

Date

Illustrateurs britanniques pour la jeunesse : tour d’horizon (2/3)

Mathilde Tellier
3 février 2015




LES CLASSIQUES
Les auteurs présentés dans cette section font partie du patrimoine littéraire jeunesse classique au Royaume-Uni. Des années 1950 jusqu’à aujourd’hui, ces artistes de générations diverses, devenus des références, ont ouvert des voies audacieuses empruntées par les jeunes illustrateurs du XXIe siècle. Auteurs d’albums pour tout-petits ou pour les plus grands, ils sont explorés à l’école dès la « Reception » (4-5 ans) et plébiscités par les jeunes lecteurs pour leur inventivité, leur liberté formelle et la tendresse de leurs personnages.

 

  1. Les pionniers de l’album contemporain

Judith Kerr (1923)

Cette auteure-illustratrice a signé l’un des plus célèbres livres pour enfants des années 1960 : Le grand goûter de Monsieur Tigre (Deux coqs d’or, 1972). Une histoire fabuleuse sur le partage et l’accueil – des valeurs qui ne sont peut-être pas étrangères au au parcours de l’auteure, accueillie en Angleterre après la fuite de sa famille juive hors de l’Allemagne nazie.

Fille et épouse d’écrivain, Judith Kerr apporte énormément de soin à son écriture, continue encore de publier, est l’invitée régulière de festivals de littérature jeunesse. Elle a ainsi signé un roman mondialement connu : Quand Hitler s’empara du lapin rose (L'école des loisirs, 1985) sur les tribulations d’une fillette fuyant le régime nazi et vivant ainsi un périple, extraordinaire à ses yeux, dans l’Europe d’alors. Sur une note plus légère, elle a écrit et illustré les aventures d’un chat nommé Mog dans une série se développant sur plus de quinze albums (dont trois parus en français aux Deux coqs d’or). Récemment interviewée, Judith Kerr racontait avoir possédé cinq chats dans sa longue existence et leur avoir trouvé à tous un point commun qu’elle a cherché à décrire dans ses albums : « ce sont des êtres insensés ! ». Elle est tellement connue outre-Manche qu’elle a déjà, de son vivant, donné son nom à des écoles primaires.




Illustration de Judith Kerr pour Le grand goûter de Monsieur Tigre

(publié en 1968 en Angleterre, paru en français en 1972 aux Deux coqs d'or)

 


Quentin Blake (1932)

Melanie McDonagh, du Daily Telegraph, a écrit cette célèbre phrase à propos de l’auteur-illustrateur fétiche des britanniques de tous âges : « Je ne connais pas un seul enfant qui n’adore pas Quentin Blake ». Coup de bluff ? Eh bien, j’ai cherché… et n’ai effectivement pas trouvé de bambin résistant au génie de Blake !

Son immense talent repose sur la diversité, non seulement de sa palette, mais aussi des styles littéraires qu’il met en images. S’il a signé trente-cinq ouvrages de son propre cru, il a également mis sa patte dans plus de trois cent cinquante projets d’illustration et accompagné les textes mythiques de son ami très cher Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie, Matilda…), comme ceux de Voltaire, de Mickaël Rosen et de tant d’autres, avec bonheur et inventivité. Prolifique, amoureux fou du dessin et francophone à ses heures, Quentin Blake vient de créer la House of Illustration dont il a signé l’exposition inaugurale merveilleuse, aux formes et oeuvres plurielles. 



Illustration de Quentin Blake pour The BFG 
(publié en 1982 en anglais, paru en 1984 en français chez Gallimard)




 
Raymond Briggs (1934)

Raymond Briggs est connu pour son Histoire du bonhomme de neige (Grasset jeunesse, 1979) : un petit garçon fabrique dans son jardin un bonhomme de neige qui prend vie une fois la nuit venue. Une amitié se noue alors entre les deux protagonistes... Le livre a été adapté en un film de 26 minutes extrêmement célèbre en Angleterre. Tout comme le livre, le dessin animé est sans parole, à l’exception de la chanson Walking in the Air, dont chaque petit Britannique connaît l’air.       

 

David Mc Kee (1935)

Le papa d’Elmer, autrefois dessinateur de comic strips humoristiques dans les journaux, a créé autour de son éléphant multicolore une série aussi intelligente que populaire. Son deuxième personnage à succès, Monsieur Benn (Kaléidoscope, 2002 ; La joie de Lire, 2014), est le héros d’une série télévisée de la BBC du début des années 70. La spécificité de cet ouvrage tient à l’alternance du noir et blanc et de la couleur comme pour évoquer la dichotomie entre réalité et rêve. David McKee a également signé Six hommes (Kaléidoscope, 2011) dans un univers graphique très différent et traitant avec sobriété de l’absurdité de la guerre.

 

John Burningham (1936)

John Burningham a connu le succès avec Borka, les aventures d'une oie sans plumes publié en 1963 (traduit pour la première fois chez Flammarion) puisque cet ouvrage lui a valu une première médaille Kate Greenaway. Tout comme son épouse, Helen Oxenbury avec laquelle il a d’ailleurs collaboré, il a reçu une deuxième fois cette récompense (ainsi que de nombreuses autres distinctions) pour La promenade de Monsieur Gumpy (Père Castor, 1996). Au cours de sa carrière, aussi longue (plus de cinquante ans) que productive (plus de soixante ouvrages pour les enfants à son actif), cet artiste libre a aussi commis beaucoup d’affiches, des dessins de presse, etc.

La série Chitty Chitty Bang Bang écrite par Ian Fleming, le fameux auteur des James Bond, et illustrée par Burningham, est devenue un film musical connu de par le monde entier. En 2012 et 2014, John Burningham faisait partie des finalistes du prix Hans Christian Andersen.

 






Helen Oxenbury
(1938)


Illustratrice prolixe, Helen Oxenbury a écrit mais aussi collaboré avec les plus belles plumes et a signé ses plus grands succès avec Michaël Rosen – citons seulement La chasse à l’ours (Ouest France, 1989 puis Kaléidoscope, 1997). Helen Oxenbury a reçu la Médaille Kate Greenaway à deux reprises. Une première fois avec Très très fort, d’après les textes de Trish Cooke (Père Castor Flammarion, 1995) et pour son Alice au pays des merveilles (Flammarion, 1999).

Mariée à un géant de l’illustration, John Burningham, également récipiendaire de la médaille Greenaway à deux reprises, Helen Oxenbury a créé le petit ourson de la maison d’édition Walker Books. On lui doit aussi l’illustration de la célèbre série Léo et Popi (Bayard jeunesse).

 
Errol Le Cain (1941 - 1989)

Fabuleux illustrateur de contes de fées, Errol Le Cain est aussi un prodige de l’animation puisqu’il a produit ses deux premiers films à l’âge de huit et quinze ans, avant de réaliser des films pour la BBC. Ses aquarelles détaillées et colorées ont orné pas moins quarante-huit livres pour enfants au cours d’une carrière malheureusement arrêtée bien trop tôt. En français, on trouve ses illustrations pour La Princesse Fleur-d'Epine ou la Belle au bois dormant des frères Grimm (Flammarion, 1980).

Janet Ahlberg (1944 - 1994)

Presque indissociable de son mari Allan, qui lui a écrit ses propres histoires, Janet Ahlberg est l’illustratrice des Bizardos (Centurion, 1980) et de plus de quatre-vingts ouvrages. L’un des plus belles réussites du couple demeure la série Prune, pêche, poire, prune (parue chez Gallimard dès 1978). Plus de cinquante titres de cette artiste ont été traduits en français, chez Gallimard et aux Editions buissonnières.






2. Une nouvelle génération d’artistes

Rod Campbell (1945)

Le plus gros succès de cet artiste écossais, intitulé Les surprises du zoo (Flammarion, 1983), n’est que le premier d’une longue série. Traduit en plus de quinze langues, cet ouvrage ultra-coloré et très simple a introduit l’idée de la répétition et les éléments graphiques interactifs. Rod Campbell fait partie des auteurs-illustrateurs présents dans tous les bacs de lecture des maternelles britanniques. Et les enfants en sont friands !

 
Anthony Browne (1946)

Immense auteur étudié dans les écoles et adoré des jeunes lecteurs, cet artiste a obtenu la reconnaissance avec Anna et le Gorille (Flammarion, 1983). Tous les enfants connaissent son Marcel, petit chimpanzé à qui il arrive nombre de mésaventures avec des gorilles. Anthony Browne se distingue par ses clins d’œil répétés à l’histoire de l’art, aux grands peintres, et en particulier aux surréalistes dont il empreinte la merveilleuse manie de cacher des détails insolites signifiants dans les décors de ses histoires. Pour en savoir plus : lisez le dossier qui lui est consacré dans Parole 2/2014.

 

Jill Murphy (1949)

Plusieurs fois primée, Jill Murphy doit l’un de ses plus gros succès à la série Les histoires de la famille Trompette (Bayard jeunesse, 2007), victime d’un tendre chaos domestique. Un univers réaliste qui touche les petits et fait sourire les grands, à l’instar de cette fable où la maman éléphant supplie sa tribu de lui octroyer cinq minutes de paix (Le bain de Madame Trompette)... Devinez la suite ! Tout le monde s’y reconnaît et rit de bon cœur. Enfin la paix (Bayard jeunesse, 1996) est un album très plébiscité dans les écoles maternelles et à l’heure du coucher ! Jill Murphy a également écrit une série de romans jeunesse autour du personnage d’Amandine Malabul, apprentie sorcière (Gallimard Jeunesse).






 
Mick Inkpen (1952)

Mick Inkpen est connu du grand public pour ses séries Casimir (Kipper en anglais) et Cachou (Wibbly en anglais), toutes deux publiées chez Nathan et destinées aux plus petits. Graphiste à ses débuts, puis dessinateur de comic strips dans les journaux, il signe un dessin naïf, tout en rondeur. Dans le même esprit, on trouvera Spot d’Eric Hill (Nathan), un petit chien simple, coloré et sympathique.

 

Christopher Wormell (1955)

Merveilleux dessinateur d’animaux, cet artiste graveur autodidacte et touche-à-tout utilise des techniques variées qu’il destine tant à la publicité qu’aux livres pour enfants. Son talent lui a valu le Prix graphique de la Foire de Bologne en 1991. Deux grenouilles est paru chez Kaléidoscope en 2003, et on retrouve d’autres de ces titres (comme Petit ours mal peigné et le ballon rouge, Héroïque Eric) à L’Ecole des loisirs.

 

Axel Scheffler (1957)

Bien que né en Allemagne, cet historien de formation a suivi un cursus d’illustrateur à Bath. Aujourd'hui, il vit et travaille à Londres. C’est lui qui donné vie à l’un des personnages les plus présents de l’imaginaire collectif contemporain en Angleterre, son pays d’adoption, et ailleurs sans doute : le Gruffalo (Gallimard jeunesse, 1999), vendu à plus de deux millions d’exemplaires à travers le monde. Servi (entre autres) depuis plus de dix ans par les rimes de Julia Donaldson, il a dessiné à ses côtés Monsieur Bout-de-Bois (Gallimard jeunesse, 2008), Zébulon le dragon (Gallimard jeunesse, 2010) - récit féministe d’un écolier dragon et d’une princesse qui veut devenir médecin - ou encore La sorcière dans les airs (Gallimard jeunesse, 2013). Au-delà de cette fructueuse collaboration, il a illustré au total plus de cent cinquante ouvrages !




Illustration d'Axel Scheffler pour Monsieur Bout-de-bois (Gallimard jeunesse, 2008)

 


Nick Sharratt (1962)

La star des bacs à sable britanniques ! Amusants et décalés, ses super-héros terriblement normaux font le bonheur des tout-petits avec leurs couleurs acidulées, leurs traits épais et leurs univers remplis de pages trouées et découpées. Inspiré à n’en pas douter par le pop art, Nick Sharratt propose des albums ludiques à souhait. En français, on trouve notamment Une étrange promenade (Nathan, 2008), Le carnaval de la ferme (Gründ, 2011), Le grand livre parfait du petit magicien (1998, Albin Michel jeunesse). A noter que cet artiste est aussi l’illustrateur attitré de Jacqueline Wilson, auteure très appréciée des premiers lecteurs.

 

Liz Pichon (1963)

Auteure-illustratrice résolument tournée vers l’humour, Liz Pichon amuse les plus grands avec sa série Tom Gates, dans un genre inédit jouant avec les définitions du roman et de la bande dessinée, et où la typographie joue un rôle narratif à elle seule. Cette série est traduite au Seuil Jeunesse. Les plus jeunes lisent volontiers Les trois affreux petits cochons et le grand gentil petit loup (Averbode, 2012), un classique – déjà ! - dans la famille du conte parodique.

 

Lucy Cousins (1964)

Qui ne connaît pas encore Mimi la souris (Albin Michel jeunesse, dès 1998) ? Grâce à sa mascotte, Lucy Cousins bat tous les records avec plus de trente-trois millions d’exemplaires vendus à travers le monde (près de trente langues disponibles) et tous les supports imaginables consacrés à son héroïne. Lucy Cousins a souvent expliqué comment, étant issue d’une famille d’artistes, elle n’imaginait aucune autre voie pour elle-même. Aussi, à la fin de sa formation artistique, elle s’est immédiatement dirigée vers l’illustration jeunesse. Elle a décidé de trouver son personnage, et a dû dessiner des animaux sur des centaines de pages avant de trouver sa Mimi avec laquelle elle a parcouru un si long chemin.

 






Lauren Child
(1965)


Avec son style reconnaissable entre tous, fait de montages de photographies, dessins et collages - pensons seulement au très beau Boucle d’or (Gautier-Languereau, 2008) -, Lauren Child doit son succès à ses collaborations avec la télévision britannique pour la série Charlie et Lola (Albin Michel jeunesse). Son œuvre plurielle est délibérément drôle, animée par le personnage bêtisier efficace de Lola. Lauren Child a remporté la médaille Kate Greenaway pour Berk, les tomates (Albin Michel Jeunesse, 2000 - épuisé).

 

 

 

Lola, personnage créé par Lauren Child.

 



<< Les précurseurs                                                                              Les jeunes talents >>

Le 12.02.15