A propos de PINOCCHIO
A Montreuil, le Salon du Livre et de la Presse jeunesse fêtera cette année son 25ème anniversaire avec comme invitée d’honneur, l’Italie et ses littératures d’hier et d’aujourd’hui. A Sartrouville, petite ville entre Versailles et Paris, le Théâtre Centre Dramatique National, lieu de créations contemporaines, programme à la fin du mois de novembre, une série de représentations pour un public familial d’un PINOCCHIO dont les dialogues et la mise en scène sont de Joël Pommerat et que l’on peut découvrir publié par Actes Sud-Papiers/Heyoka-Jeunesse. L’occasion de reprendre une nouvelle fois le dossier PINOCCHIO et ses illustrateurs, ses lecteurs et ses commentateurs.
PINOCCHIO ESPORTAZIONE est le titre que Giorgio Cusatelli avait choisi pour la publication en 2002 par la Fondation Nazionale Carlo Collodi d’une première somme d'essais écrits sur l’œuvre de Collodi, area angloamericana, area Europa orientale, area francese, area ispanica, aera tedesca.
Le professeur, fin polyglotte, avait raison d’attirer l’attention sur l’exportation de ce personnage, qui, aujourd’hui comme hier, demeure un provocateur.
Il relit ou se souvient ou rêve sur sa lecture d’enfance et une nouvelle version illustrée trouve un éditeur pour la publier.
Depuis qu’en 1983, les manifestations pour le Centenaire de la première publication des AVENTURES de PINOCCHIO ont donné l’occasion à la Fondation Nationale Carlo Collodi de faire paraître une édition critique et une édition d’art avec les xylographies de Sigfrido Bartolini, il y a toujours quelque part un artiste illustrateur commençant à dialoguer avec ce morceau de bois qui prend vie au point de devenir, un jour, un vrai petit d’homme.
Sur Ricochet, vous trouverez des traces de mes réflexions précédentes. Mais ces jours-ci, trop d’occasions m’amènent à retourner à l’IL PAESE DEI BALOCCHI pour que je les laisse passer. Mes interrogations au fil des pages devenant d’ailleurs différentes de celles d’avant-hier tout autant que les interprétations illustrées des artistes du 21ème siècle.
Découvertes dans les catalogues d’Expositions tel « Pinocchio dal Mondo », ce sont 135 illustrations tirées d’éditions des Aventures publiées dans 28 pays que l’on doit à l’Assessorata alla Pubblica Istruzione e Attività Culturali de la Provincia di Padova.
Tel par exemple « L’altra metà di Pinocchio : un burattino e le sue illustratrici » révélation de 36 regards féminins sur l’histoire de ce gamin rebelle et anticonformiste présentés par les experts Walter Fochesato et Donatella Curletto... que l’on doit à l’Assessorato de la Provincia di Genova. Ou, encore, le tout récent et précieux «Le altre vite di Pinocchio», véritable livre d’art pour collectionneurs et suite d’esquisses voulues comme un parcours lirico/onirico par un artiste, Luciano Vighy, au soir de sa vie et que l’on doit à la Fondazione Nazionale Carlo Collodi.
Et, ici, à l’instant, je me sens en accord avec Alberto Manguel qui, dans son essai « Pour une éthique de la lecture » (L’Escampette Editions) déclare "parce que PINOCCHIO n’a pas appris à lire en profondeur, à pénétrer dans un livre et à l’explorer jusqu’à ses limites parfois hors d’atteinte, il ignorera toujours que ses aventures « personnelles » ont de profondes racines littéraires. Que sa vie est en vérité une vie « littéraire » un composite de récits anciens dans lesquels qui sait lire peut, un jour, reconnaître parfois sa propre biographie". L’Art de lire demeure, même en 2009- un Art majeur.
Roberto Innocenti