Tomi Ungerer, l'artiste aux multiples facettes

Avec son onzième accrochage depuis l’ouverture, le Musée Tomi Ungerer rend hommage, à l’occasion de ses 80 ans, à la diversité créatrice de l’artiste.

Mis en ligne le 20 septembre 2011

Le rez-de-chaussée présente ses dessins de livres pour enfants, de l’époque new-yorkaise jusqu’aux productions les plus récentes. Dès les premiers contes datant des années soixante, Tomi Ungerer démontre son talent à briser les tabous dans la littérature pour la jeunesse, rompant avec la tradition dans ce domaine. Il s’affirme dans les œuvres des années soixante-dix, qui révèlent une palette de couleurs très diversifiée et une abondance de détails graphiques. Dans la dernière décennie, l’illustrateur se livre dans ses fables et dans ses contes à une satire de plus en plus accentuée qui met l’accent sur la critique de l’intolérance, de l’injustice, et avec audace, de la guerre. Avec ses facétieux dessins-collages sur le thème des animaux, il prouve que l’univers des enfants et celui des adultes est plus proche l’un de l’autre qu’il n’y paraît.

Au premier étage sont exposés des projets publicitaires de Tomi Ungerer, un secteur où sa créativité s’est exprimée dès le début de sa carrière. En effet, il était encore étudiant à l’Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg quand il réalisa ses premiers projets, comme l’affiche Corona pour une papeterie haut-rhinoise. Son activité dans le domaine connut un véritable essor dans les années soixante à New York car les arts graphiques y étaient particulièrement florissants à cette époque. Entre autres, ses posters pour The New York Times couvrirent les murs du Subway de leurs images percutantes et audacieuses. Dans les années soixante-dix, l’une des campagnes les plus importantes et les plus complètes que Tomi Ungerer ait jamais réalisées en Allemagne, et qui lui a été commandée par l’entreprise Bonduelle, spécialiste en conserves de primeurs, est déclinée en affiches, projets et esquisses qui montrent le processus de création de l’artiste, et spots publicitaires pour la télévision.

Il a également été concepteur de projets architecturaux, ce qui est l’un de ses aspects les moins connus. Pour la première fois ont été rassemblés des maquettes, plans et esquisses pour des constructions et bâtiments de fonctions très diverses, réalisés au cours des 25 dernières années : l’Aqueduc de Janus à Strasbourg (1988), les toilettes publiques de Plochingen (2007), le jardin d’enfants de Wolfartsweier près de Karlsruhe (2001). Les projets de la « Roue de l’Energie » pour la Fondation EDF (2010), une machine-objet géante qui a été montrée à l’Exposition Universelle de Shangaï, sont également exposés (salle 8).

Le domaine des arts décoratifs n’est pas en reste. En effet, avec la complicité d’un joaillier allemand, Tomi Ungerer a conçu en 1993 une collection de bijoux érotiques sur le thème de la femme et avec des motifs naturalistes, dont les projets ainsi que quelques pièces qui en ont été réalisées, complètent cette présentation riche en surprises.

Au rez-de-jardin sont évoqués deux genres graphiques de l’artiste, le dessin d’observation et le dessin érotique. Le dessin d’observation constitue pour lui, selon sa propre expression un « retour à la mesure » après des années d’activité dans le dessin satirique et publicitaire. Deux livres, Derby, qui illustre une course de chevaux célèbre dans le Kentucky et America, un reportage social sur les Etats-Unis, montrent combien Tomi Ungerer maîtrise à la fois le mouvement et l’instantané. Le dessin érotique n’est pas exempt de cette caractéristique, tant les œuvres truculentes du Kamasutra des grenouilles que celles à caractère SM de Totempole et de Fornicon. Une installation de type fétichiste et surréalisant, réalisée initialement en 1993 et montée entre autres avec des poupées Barbie, a été réactualisée cette année par son auteur.