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Polémique autour de Tous à poil !

Mis en ligne le 25 février 2014
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Le 9 février dernier, Jean-François Coppé, président de l’UMP, était l’invité du Grand Jury de RTL. A cette occasion, il a délivré une lecture interprétative pour le moins… surprenante de l’album Tous à poil  de Claire Franek  et Marc Daniau.


Si vous ne connaissez pas cet album, voici un bref sujet du Journal de France 2 le présentant et citant un enseignant l’ayant étudié avec ses élèves de CE2 :


Suite à cette lecture superficielle de J.-F. Copé, l’illustrateur Marc Daniau s’est exprimé le 10 février 2014 dans les colonnes du Nouvel Observateur :


« Pourtant, [que] trouve-t-on de choquant [dans cet album] ? Ce sont des images avec très peu de texte, une liste de personnages que l’on voit se déshabiller. À la fin du livre, ils se retrouvent à la plage, nus et vont se baigner dans la joie et la bonne humeur. Nos personnages sont des figures du quotidien ou issues de l’imaginaire des enfants : il y a le personnel de la cantine, la maîtresse d’école (ça fait référence à la chanson "la maîtresse en maillot de bain"). À voir ce qu’il en dit et comment il l’utilise dans son argumentaire, la grille de lecture de Jean-François Copé semble donc superficielle. Surtout, il se trompe d’ennemi […]. C’est un faux débat autour de la nudité, nous avons essayé de proposer une approche originale et drôle. Si l’on suit la façon de penser du patron de l’UMP, il ne faudrait plus emmener les enfants au musée. Le plafond de la chapelle Sixtine ne choque personne […] !

Notre livre a été écrit pour être drôle et les enfants ne s'y trompent pas. Nous y montrons la vie telle qu'elle est et eux n'ont aucun problème avec ça, ce sont les adultes qui émettent certaines réserves. Nous le comprenons mais il ne faut pas s’arrêter de créer, de proposer pour autant. Si l’on ne peut pas parler de la vie via la culture, à quoi bon ? »

Lire le commentaire complet de Marc Daniau

Les propos de Jean-François Copé s’inscrivent dans un mouvement qui, par vagues, dénonce une littérature jugée indigne et dépravante à l’égard de la jeunesse. Face à cette dernière offensive très médiatisée, différents acteurs de la littérature jeunesse ont réagi :

La Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse :


« La Charte tient d’abord à exprimer sa colère de voir des auteurs, illustrateurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, enseignants et blogueurs de littérature jeunesse mis injustement en cause dans différents faits d’actualité touchant aux questions des genres ou à l’égalité fille-garçon. Nous ne pouvons laisser ces appels à la censure et à la haine passer pour des opinions acceptables. Nous ne pouvons excuser l’ignorance de ceux qui portent ces attaques.
Nous tenons ensuite à apporter notre soutien à tous ceux qui ont fait l’objet d’accusations, d’intimidations ou d’agressions violentes, absurdes, inadmissibles. »


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Le Syndicat national de l’édition :


« La littérature de jeunesse a été propulsée depuis quelques jours sur le devant de la scène. L’occasion (inespérée ?) de rappeler les fondamentaux d’une littérature inventive, riche, ouverte au monde et aux autres. Une littérature innovante, qui vit au rythme de ses lecteurs. Une littérature qui, grâce au talent et à la fantaisie de ses illustrateurs, grâce à l’exigence de qualité de ses éditeurs, grâce à la finesse et à l’honnêteté de ses médiateurs peut aborder une large palette de sujets. Sujets historiques, sujets d’actualité, questions de société, sujets plébiscités ou sujets plus « tabous », car tous les thèmes méritent d’être abordés, toutes les questions peuvent être posées ! Les éditeurs prennent à cœur leur responsabilité dans le choix du texte. C’est leur mission première, l’essence même de leur métier. »

Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil :


« Il est troublant cependant que depuis quelques mois les attaques sur le contenu "pernicieux" de la littérature de jeunesse se multiplient. Il est inquiétant également que certains confondent plus ou moins délibérément les manuels scolaires qui servent à "faire la classe" comme le dit Jean François Copé et la littérature de jeunesse »

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Dans un communiqué diffusé le 10 février dernier, Aurore Filipetti, ministre de la Culture et de la Communication, « condamne les pressions exercées par des extrémistes sur les bibliothèques publiques ». Elle ajoute que « la lecture est l’un des meilleurs outils de lutte contre les fanatismes, contre l’intolérance ». Malheureusement, il semblerait que l’Education nationale ne soit pas aussi courageuse. Le 13 février, elle a profité d’une réorganisation du site ABCD de l'égalité – mise à jour tombant à point nommé – pour faire passer la bibliographie dont fait partie Tous à poil ! de la rubrique « Activités pédagogiques », recensant des « ressources pédagogiques sélectionnées sur le web […] à utiliser en classe » à la rubrique « ressources complémentaires » destinées à être « consultées par les enseignants ».

Ricochet cautionne pleinement les propos de Marc Daniau, de la Charte et du Syndicat national de l’édition et soutient les auteurs, illustrateurs, éditeurs et passeurs de livres audacieux et courageux qui, dans un monde où le politiquement correct est roi, savent faire rire, rêver et réfléchir les enfants.

Afin de conclure cette actualité par une note plus légère, voici les conseils de lecture que Denis Cheissoux, animateur de l’émission L’as-tu lu mon p’tit loup, donne à Jean-François Coppé :

 

Pour aller plus loin :

25.02.2014