Brochure La mort dans les livres pour enfants
L'Institut suisse Jeunesse et Médias (ISJM) et Jeunesse et Médias.AROLE publient une brochure bibliographique afin d'aider les adultes - bibliothécaires, enseignants, professionnels de la petite enfance, parents, etc. - à parler de la mort aux enfants.
La commission de lecture chargée de choisir les ouvrages a été menée par Brigitte Praplan, responsable du bureau romande de l'ISJM et Alix Noble-Burnand, thanatologue et conteuse.
Cette brochure est en vente à l'ISJM au prix de CHF 10.-
Avant-propos par Brigitte Praplan
La mort fait partie de la vie. Les enfants le savent bien. Tout jeunes, ils l’observent à travers le corps inerte des fourmis, araignées ou autres insectes. Ils l’imaginent à l’écoute du Petit Chaperon Rouge, à la lecture de Lili a peur de la mort ou autres récits. Ils l’entendent dans les évocations que leurs parents font de leurs aïeux.
Souvent, sans qu’ils semblent être confrontés directement à la mort, ils s’interrogent sur ses raisons et ses causes, sur ce qui se passe après elle – pour celui qui meurt ou pour eux-mêmes -, sur ce qu’il advient des corps, sur leur propre existence… Leurs questions, légitimes et profondes, méritent des réponses sérieuses et attentionnées. Mais, face aux interrogations existentielles des enfants, il n’est pas rare que nous nous sentions démunis, prisonniers de nos propres questionnements et doutes, voire angoisses, ou désireux d’épargner aux enfants une réalité que nous redoutons nous-mêmes.
La littérature peut alors s’avérer intéressante, s’offrant comme un médiateur culturel apte à mettre à distance le sujet sensible de la mort. Sans visée morale, elle peut en outre proposer des perspectives ouvertes à de multiples interprétations, invitant les lecteurs à chercher leurs propres réponses.
De nos jours, de nombreux albums, romans et documentaires pour enfants et jeunes proposent une série de réflexions sur la mort. Leurs lectures peuvent être des supports à l’expression des interrogations, des émotions intenses et de la souffrance des jeunes lecteurs.
Le livre pour enfant traitant de la mort avait pourtant sa place au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Mais la seule raison de son évocation fréquente était sa forte présence dans la vie. L’heureuse diminution de la mortalité au XXe siècle a entraîné la disparition des textes sur la mort destinés aux enfants. Cependant, entre les livres de la fin du XIXe et ceux de la fin du XXe, « une différence fondamentale apparaît dans la présentation de la mort (…) ; on est passé d’une mort décrite à une mort ressentie. »[1] Aujourd’hui, la mort est abordée à partir du point de vue de l’enfant. Les livres contemporains traitant de la mort « prennent en compte la réalité psychique de l’enfant, alors qu’antérieurement ils décrivaient un phénomène social. »[2]
En 1998, Jeunesse et Médias.AROLE, affiliée à l’ISJM, avait publié une bibliographie commentée sur la mort dans la littérature jeunesse. En 2009, le bureau romand de l’ISJM, l’a renouvelée avec le concours d’Alix Noble Burnand et d’une commission de lecture. L’édition 2009 a rencontré une demande importante au sein des médiateurs culturels et des adultes s’occupant d’enfants et de jeunes et a été rapidement épuisée.
En automne dernier, le bureau romand de l’ISJM a réuni une nouvelle commission de lecture composée de huit professionnels d’horizons divers en lien avec l’éducation, la littérature ou la question du deuil. Celles-ci ont étudié la production éditoriale pour la jeunesse traitant de la mort parue entre 2009 et 2014. Elles ont également analysé et intégré une vingtaine d’ouvrages plus anciens, disponibles au moment de la mise sous presse et dont la valeur paraît toujours d’actualité. Chaque livre a été lu par au moins deux personnes, puis présenté et discuté lors de rencontres en plénum. Nous remercions les membres de la commission de lecture de leur participation généreuse à l’élaboration de cette bibliographie.
Celle-ci présente et commente une septantaine d’ouvrages.
La majorité des titres suggérés relève de la fiction sans appartenir au genre fantastique. Quelques documentaires complètent le corpus. Tous évitent le désespoir et proposent des épilogues apaisés, en respectant les différentes étapes – parfois violentes ou désespérées - que les protagonistes traversent lors de leur confrontation à la mort. Finalement, l’ensemble témoigne de la richesse de la littérature jeunesse et propose une diversité d’approches tant au niveau des textes que des illustrations.
Nous espérons que l’une ou l’autre de ces propositions de lecture saura répondre à vos attentes et pourra accompagner les enfants dans la recherche du sens à donner à la mort et… à la vie.
14.10.2014