Bologna 2016
L'édition 2016 de la Fiera de Bologne, toujours aussi jubilatoire, a réuni 1200 exposants de 70 pays autour du slogan « Fuel the Imagination », qui consacre, mondialisation oblige, la prédominance de l'anglais international sur la belle langue italienne, avec un visuel particulièrement ridicule représentant une grosse tête masculine, barbue, auto-satisfaite et hilare sur un petit tronc lourdement cravaté. Jean Claverie, qui n'était pas venu à Bologne depuis une quinzaine d'années, y a reconnu un négociateur de droits heureux et y a vu les signes de la mercantilisation croissante du milieu du livre avec, pour double corollaire, le recul de la créativité et le mal-être des jeunes en quête d'un premier éditeur. Alors qu'il existe tant d'artistes éblouissants dans les albums présentés, on s'étonne, à juste titre, que la com ne fasse pas appel à l'un d'entre eux, le gagnant du Grand prix de l'année précédente, par exemple.
Le vaste espace du Hall 32, entièrement dédié au numérique, inscrit, à coup sûr, la foire dans le XXIe siècle, et la présence croissante des produits dérivés, loin de toute esthétique de bon aloi, révèle le déclin d'une certaine idée élitiste de la culture livresque.
Mais dans ce grand temple où culte est rendu au dieu argent, au milieu des couvertures tapageuses et des objets triviaux, il y a des îlots préservés dédiés à la beauté où éditeurs et artistes respectent l'enfant et lui destinent des albums amoureusement concoctés.
L'avenir n'est pas si morose. Sursum corda !
Mostre
Le pays invité était, cette année, l'Allemagne, et lors des discours d'ouverture, Michael Roth, ministre tudesque des affaires étrangères, et Juergen Boos, directeur de la Foire de Francfort, se sont exprimés dans leur langue, ce qui est inhabituel et d'autant plus étonnant que l'exposition des artistes allemands s'intitule... Look ! , un titre qui n'a rien de germanique. Trente jeunes illustrateurs y représentent les tendances artistiques les plus récentes, peu connues hors des frontières teutonnes. Ce choix de la jeunesse, sinon du jeunisme, nous prive des images de grands noms de l'illustration allemande, les Binette Schroeder ou Klaus Ensikat, physiquement présents sur la Fiera, et Wolf Erlbruch, et Susanne Janssen, et Nikolaus Heidelbach... et même Rotraut Susanne Berner que l'attribution du Prix Andersen a honorée cette année.
Chaque pays invité rivalise d'imagination dans sa scénographie, avec, pour objectif, de faire oublier les trouvailles des prédécesseurs, les cerises portugaises, les grands livres suédois, les polyptiques lituaniens, les tables de verre brésiliennes... Cette fois, les œuvres sont accrochées dans un espace clos de robustes cloisons de rondins qui sont, en fait, de gros tubes en épais carton destinés au transport des affiches et estampes. Une originalité toute rustique que cet enfermement où d'aucuns ont voulu voir une allusion au mur qui, autrefois, partagea Berlin.
Alors qu'est célébré le centenaire de la naissance de Roald Dahl, est exposée l'œuvre de Laura Carlin, toute jeune illustratrice et céramiste anglaise qui a obtenu, avec A World of your Own et The Iron Man, le Grand Prix de la Biennale de l'illustration de Bratislava en 2015. Comme c'est la tradition, lui est revenu le privilège de créer la couverture du catalogue du cinquantième Illustrators Annual. Sa peinture, d'une rare élégance, qui s'étale sur toute la jaquette, rabats compris, retrouve la prenante beauté des grandes verdures de la tapisserie ancienne ou des jungles du Douanier Rousseau. Dans l'entretien qui ouvre le catalogue, elle exprime son admiration pour John Burningham et André François : un parrainage de choix ! Elle cumule d'ores et déjà quelques prix, ainsi celui du Royal College of Art et pas moins de deux mentions d'honneur à Bologne.
Les cinq membres du jury qui a sélectionné les œuvres venaient de Genève (Francine Bouchet), Tokyo (Taro Miura), Hambourg (Klaus Humann), New York (Sergio Ruzzier), du Texas (Nathan Fox), une composition qui atteste de la vocation internationale de l'exposition. Sélection inégale, mais beaucoup d'œuvres intéressantes, les japonaises, en particulier, valorisées par la maquette du catalogue qui prouve à quel point les œuvres destinées à la publication sont tributaires des caprices des metteurs en page et de la qualité de la direction artistique. L'ouvrage se ferme sur deux commentaires de l'Américain Steven Heller et de l'Israélienne Maira Kalman.
Mais la principale mostra de cette année 2016 est celle qui célèbre le demi-siècle des ces expositions annuelles d'illustrateurs, intitulée tout simplement Artisti e capolavori dell'illustrazione – Artist and Masterpieces of Illustration. L'exposition a été inaugurée par un débat, modéré par Ferruccio Giromini. Il réunissait, dès l'ouverture de la Fiera, sur le plateau du Café des illustrateurs, Paola Vassali, commissaire de la mostra, qui a explicité l'esprit de son travail, avec ses complices, rédacteurs du catalogue, Étienne Delessert, que l'on ne présente plus, Léonard Marcus, critique omniprésent sur la scène américaine, et Kiyoko Matsuoka, commissaire d'exposition au Musée Itabashi de Tokyo. Une conversation ronronnante ralentie encore par les interventions, efficaces au demeurant, de la traductrice. Tout de même, faisant l'éloge des petits éditeurs tout en critiquant vigoureusement les magnats de l'édition, Etienne Delessert a réveillé le public somnolent en égratignant son interlocuteur américain visiblement peu habitué aux contradicteurs.
L'exposition est très réussie. Certes, il y a de nombreux manquants puisque n'y sont présentés qu'une petite partie des milliers de dessins qui ont été exposés dans l'Illustrators Annual. Or nombre d'artistes n'y furent point sélectionnés, ou ont négligé, voire refusé, d'envoyer leurs dessins à Bologne. Donc pas de Tomi Ungerer, d'Etienne Delessert, de Maurice Sendak, de Peter Sís, d'Elzbieta, de Grégoire Solotareff… mais, en revanche, Dušan Kállay, David McKee, Stasys Eidrigevičius, Georges Lemoine, Altan, Eric Carle, Beatrice Alemagna, Lisbeth Zwerger, David Macaulay, Quentin Blake… Il faudrait les citer tous* et comprendre la déception de ceux qui, comme Letizia Galli pourtant exposée pas moins de douze fois, ne furent pas retenus…
Une scénographie discrète séparait le demi-siècle en cinq parties. Des kakémonos rouges, avec les noms de la décennie, flottaient dans la salle toute blanche, et un dessin de chaque artiste était accroché avec le livre d'où il est issu. Le catalogue consacre à chacun une double-page, ainsi qu'une notice bilingue italo-anglaise en fin de volume.
Paola Vassali, venue en famille, peut être aussi fière de son exposition que de son petit-fils !
Incontri
Facebook est un baromètre épatant pour évaluer l'ambiance d'un événement. Il suffit de voir les faces épanouies des portraits postés après la Fiera de Bologne 2016 pour imaginer à quel point elle fut joyeuse. Et des rencontres chaleureuses, il y en eut, prolongées, le soir, par des agapes festives où « Bologna la Grassa » dispensa généreusement ses savoureuses spécialités culinaires et les trésors de l'œnologie péninsulaire : la gastronomie de l'Émilie-Romagne n'engendre guère la mélancolie.
Bien évidemment, on rencontre, au hasard des pérégrinations dans les allées, des auteurs et des illustrateurs. Michelle Nikly, qui a accompagné son Claverie de mari, dont une planche de Little Lou était présente dans l'exposition du cinquantenaire, a photographié le célèbre mur des posts à l'entrée de la foire. Nostalgique, elle constate sur Facebook : « Il fut un temps où c'était sur un panneau de 4 m sur 4 que les illustrateurs collaient un échantillon de leur travail, dans l'espoir d'attirer l'attention d'un éditeur. Il y en a aujourd'hui quatre murs comme celui que j'ai photographié. Un temps où ils ne faisaient pas la queue devant les stands pour montrer en 3 minutes chrono un travail qui leur a pris des mois. Il y a des jours où je suis heureuse d'avoir l'âge que j'ai. »
Roberto Innocenti, dont une planche de Rose blanche était exposée parmi les Capolavori dell'illustrazione, est venu de la proche Florence, l'occasion d'évoquer avec lui Le Conte de ma vie, ces entretiens avec Rossana Dedola qui viennent de paraître chez Gallimard. On y découvre ses souvenirs d'enfant pauvre, son passé d'ouvrier autodidacte, et aussi ses réflexions, très pertinentes, sur ses livres et sur sa démarche de créateur. Il s'est bien évidemment rendu sur le stand de Creative, l'éditeur américain qui a découvert son talent. En l'absence de son épouse Rita Marshall, talentueuse directrice de création depuis 30 ans, Etienne Delessert faisait les honneurs de cette maison qui édite des livres d'une belle exigence. Binette Schroeder, toujours pimpante et pétillante, était venue les admirer, ravie de rencontrer Roberto et Étienne qu'elle n'a guère l'occasion de fréquenter. Etaient aussi présents sur ce stand décidément très couru, Brigitte Praplan, de notre Institut suisse Jeunesse et Médias, à qui j'ai promis ce petit compte-rendu, et le critique espagnol Javier Sobrino, rédacteur en chef de la revue Peonza. Quelques toniques photos témoignent de la bonne humeur de ces échanges précieux entre des interlocuteurs venus de tous les coins de la planète. Ça, c'est Bologne !
Le stand de Panini, qui édite son prochain album, accueillait Letizia Galli qui, avec l'émouvante histoire d'Agata Esmeralda, petite bâtarde abandonnée à l'orphelinat des Innocents de Florence, renoue avec les récits patrimoniaux de sa jeunesse. Une importante exposition, Storie di Bambini, circulera à Naples, Florence, Venise, Milan et Rome entre 2016 et 2019, un passionnant projet sur lequel on reviendra plus longuement sur ce site.
Ancien élève de Claverie à l'école Émile Cohl de Lyon, Éric Battut, lui aussi, avait une image (Rotkäpchen) dans l'exposition des Masterpieces. Je l'ai manqué sur la Fiera mais entrevu rapidement à l'aéroport avant d'embarquer.
Ingrid Godon, qui vient juste de devenir grand-mère comme Sylvie Neeman sa partenaire en écriture, est venue faire, avec enthousiasme, le plein « d'énergie et d'inspiration ».
Françoise Mona Besson dont le mari, Jean-Louis Besson est décédé en 2003, s'est réjouie qu'une planche de son Livre de l'Histoire de France ait été retenue dans les Masterpieces, et, pour sa première découverte de Bologne, s'est extasiée sur les richesses contrastées de la foire et de la ville.
Michelle Nikly et Jean Claverie ; Ingrid Godon ; Letizia Galli.
On papote aussi avec moult éditeurs que l'on ne peut tous citer : Louis Delas, directeur de L'École des loisirs, fier de sa nouvelle collection de livres-DVD, Francine Bouchet (La Joie de lire), triomphante du palmarès glorieux de sa maison (Grand prix pour Mon tout petit d'Albertine et Germano Zullo, et Prix Andersen pour Rotraut Susanne Berner), Saad Bouri (Éditions du Jasmin) en souriant rendez-vous sur son grand stand, Thierry Magnier, président du groupe jeunesse du Syndicat national de l'édition, s'enorgueillissant de deux nouvelles mentions en 2016 (Enfantillages de Gérard Dubois et Génération Robots de Natacha Scheidhauer et Séverine Assous), Valérie Cussaguet (Les Fourmis rouges) arborant, pour la manifestation, une couleur de cheveux flamboyante, Christine Baker (Gallimard) qui avait exceptionnellement quitté sa perfide Albion, Alain Serres (Rue du monde), enfermé dans le coin exigu de la petite édition française, toujours plus serré, toujours plus encombré, mais dont la vitalité démontre que point n'est besoin d'un grand espace pour présenter de grandes œuvres...
Pas de stand pour le Musée de l'illustration jeunesse de Moulins, ce qui témoigne de la réduction drastique des crédits alloués, en France, à la culture. Geneviève Patte était présente sur la foire, mais nous nous sommes ratées. Mais j'ai pu croiser de nombreux autres acteurs du monde du livre, le nez au vent, à l'affût de découvertes inattendues : Rūta Nanartavičiūtė du Ministère de la culture lituanien, Nathalie Beau et Brigitte Andrieux de la BnF, et, évidemment, les italiennissimes reines de la foire, Elena Pasoli et Roberta Chinni. Quant à Isabella Bonvicini et Gregory Picco, bien affairés au bureau de la presse, ils n'ont pu être qu'entraperçus...
Un manque, important, cette année : ma très chère amie Carla Poesio, fée marraine de la Fiera depuis 53 ans, était absente pour la première fois en raison de problèmes de santé. Personne ne faisait antichambre devant son confortable bureau, à l'étage des Servizi, et je n'ai pu bénéficier de ses conseils avisés et affectueux. Espérons que 2017 la reverra fidèle à son poste : Bologne, sans elle, ne serait plus tout à fait Bologne...
In città
Les merveilles architecturales de « Bologna la Rossa » ont été investies par diverses manifestations et expositions, si nombreuses qu'on ne peut, hélas ! les voir toutes...
C'est dans la somptueuse salle Stabat Mater de l'Archiginnasio que furent remis les prix de cette 53e Fiera del Libro per ragazzi. Un des plus beaux lieux de « Bologna la Dotta » que ce Palazzo, construit à la Renaissance par l'architecte Antonio Morandi, siège de l'université bolognaise devenu Biblioteca comunale sous Napoléon, éblouissant avec ses plafonds peints, ses riches bas-reliefs dorés, ses 7000 armoiries, son escalier monumental et son célèbre théâtre anatomique aux boiseries de cèdre et sapin. L'une des loggias accueillait une intéressante exposition de seize illustrateurs ibéro-américains et la réception qui clôturait la cérémonie avait lieu dans la cour carrée cernée d'arcades de pierre, féériquement éclairée dans la nuit tombante. Adoration du Veau d'or, incongrue et malvenue dans ce décor, la cérémonie s'est close par un film publicitaire rendant hommage aux sponsors...
C'est Francine Bouchet qui a reçu le Grand prix au nom de Germano Zullo et de la charmante Albertine dont l'absence fut regrettée. Leur petit livre discrètement protégé par un élégant étui a surpris par le minimalisme de ses texte et dessins griffés au crayon. Un album si largement polysémique qu'il a suscité des interprétations pour le moins contrastées. Pour les optimistes, une histoire d'abnégation où une mère rétrécit peu à peu pour laisser son enfant grandir et s'épanouir. Pour les pessimistes, l'histoire d'un enfant qui efface sa mère jusqu'à l'oublier avec, en filigrane, la menace de l'abandon dans un mouroir. En tous cas, un livre sensible dont la riche ambiguïté psychologique ne laisse certes pas indifférent !
Un autre de ces palais anciens, la Biblioteca d'Arte e di storia San Giorgio in Poggiale, accueillait une exposition du célèbre illustrateur lituanien, Kęstutis Kasparavičius, né en 1954, dont quelques albums sont traduits en une vingtaine de langues dont le français. Bien connu à Bologne, il a, depuis 1998, participé 13 fois à l'Illustrators Annual. En 2013, il fut nominé pour le prix Astrid Lindgren, et, en 2008 et 2010, pour le prix Hans Christian Andersen. Il est surtout remarqué pour ses relectures de grands textes du patrimoine mondial, dont, justement Andersen, mais aussi Collodi, Hoffmann, Bürger et Dostoïevski, mais il illustre aussi des auteurs contemporains. Ricochet lui a consacré un entretien mis en ligne en août 2009 et je l'avais retenu dans mon exposition Lithuania au Centre André François, aux côtés de l'immense Stasys Eidrigevičius, en 2014. Aquarelliste subtil, il compose des scènes narratives pleines de cet humour intrigant qui fut autrefois à l'honneur à l'est du rideau de fer.
Le Palazzio Accursio s'est insinué dans le sillage de l'Allemagne, pays invité d'honneur de la Fiera, présentant dans la Sala d'Ercole, Tolle Hefte, libri folli e bellissimi, sous les auspices de l'Association Hamelin, du Goethe Institut et de l'excellent éditeur Orecchio Acerbo qui a repris, dans son catalogue, plusieurs de ces cahiers qui s'adressent aux adultes. Ces Tolle Hefte furent édités par Armin Abmeier, créateur du concept, et, après son décès en juillet 2012, par sa femme Rotraut Susanne Berner décidément très présente cette année. Le couple a eu, avec cette collection, un projet exigeant, faisant intervenir des écrivains de la trempe de Charles Bukowski ou Gertrude Stein, et quelques artistes du gotha graphique international, débordant largement des frontières allemandes, Sophie Dutertre, Wolf Erlbruch, Blexbolex, Axel Scheffler et bien d'autres. Étienne Delessert s'est montré particulièrement intéressé par l'originalité de cette démarche éditoriale.
La basilique San Petronio est enfin débarrassée de ses échafaudages, et les bruyants travaux qui enlaidissaient la Piazza Maggiore depuis quelques années sont quasiment terminés. Avec le délicieux soleil printanier qui invitait au farniente, on eût pu goûter voluptueusement aux plaisirs de la dolce vita bolognaise, n'était la mauvaise conscience de toutes ces expositions qui nous attendaient et que, faute de temps, nous ne pourrions voir, comme l'énigmatique Achtung Kartoffel ! sous les verrières de la Biblioteca Salaborsa, présentée comme « un grande supermercato dei desideri », ou Lettera, una riflessione sul linguaggio visivo de Chiara Carrer, ou encore la rétrospective Edward Hopper au Palazzo Fava et Egitto Splendore Millenario au Musée archéologique...
Comme chaque année, on rentre de Bologne ravi... et frustré.
* La qualité des artistes exposés mérite l'effort de la re-copie !
Beatrice Alemagna, Francesco Tullio-Altan, Ofra Amit, Arnal Ballester, Éric Battut, Jean-Louis Besson, Quentin Blake, Eric Carle, Chiara Carrer, Bernardo Carvalho, Maja Celija, Mara Cerri, Jean Claverie, Patrick Couratin, Stasys Eidrigevičius, Klaus Ensikat, Monique Félix, Philip Giordano, Helme Heine, Anne Herbauts, Robert Ingpen, Roberto Innocenti, Svjetlan Junaković, Dušan Kállay, Suzy Lee, Georges Lemoine, Emanuele Luzzati, David Macaulay, Iela Mari, David McKee, Taro Miura, Bruno Munari, Yan Nascimbene, Fabian Negrin, Bente Olesen Nyström, Kvĕta Pacovská, Vladimir Radunsky, Chris Raschka, Tony Ross, Alfonso Ruano, Nooshin Safakhoo, Alessandro Sanna, J. Otto Seibold, Ralph Steadman, Shaun Tan, Max Velthuijs, Piero Ventura, Klaas Verplancke, Štěpan Zavřel, Lisbeth Zwerger.
25.04.2016
Photographies de Janine Kotwica.