Michael Hoeye
Michael Hoeye
Ricochet : Les deux premiers volumes des aventures d'Hermux Tantamoq (Le Temps ne s'arrête pas pour les souris et Les Sables du temps, chez Albin Michel Jeunesse) sont les premiers livres que vous avez publiés, comment êtes vous venu à l'écriture pour la jeunesse ?
Michael Hoeye : En fait j'ai commencé à écrire les aventures d'Hermux pour ma femme qui était en voyage en Asie il y a quatre ans, à l'époque, c'était le début des cafés Internet en Asie, donc la possibilité de nous écrire chaque jour, je lui racontais mon quotidien, mais c'était un peu mince, je n'avais pas assez de choses à lui raconter, alors j'ai commencé à imaginer l'histoire d'Hermux, pour la distraire, et je me suis pris au jeu, j'ai continué après son retour. Je me suis retrouvé avec trente chapitres et j'ai fait imprimer moi-même un petit fascicule en vingt exemplaires que j'ai donné à ma famille et à mes amis, il m'en restait un, je l'ai donné à une amie qui a une librairie, elle m'a tout de suite demandé d'en imprimer d'autres et de venir pour une séance de dédicaces, de fil en aiguille, j'ai écrit un deuxième volume, imprimé en mille exemplaires, toujours à compte d'auteur, ce qui m'a coûté beaucoup d'argent ! Dans les librairies où on pouvait les trouver, mes livres connaissaient un petit succès, et j'ai fini par trouver un petit éditeur, qui les a distribués dans tous les Etats-Unis. Un journaliste littéraire a écrit un article sur Hermux et les éditeurs de New-York s'y sont intéressés. Aujourd'hui, mes livres sont traduits dans vingt langues et je suis invité ici au Salon du Livre de Paris, c'est un très grand honneur et c'est aussi très étrange pour moi !
Ricochet : Parlez-nous d'Hermux, comment pourriez vous le décrire ?
Michael Hoeye : Hermux est une souris, c'est une créature simple et une créature de l'espoir. Il aime l'ordre parce qu'il est horloger, il aime que les choses fonctionnent parfaitement, il a une vie très ordinaire et simple, ses jours sont réglés de la même façon. Mais un jour, la porte de son horlogerie s'ouvre et Linka Perflinker débarque dans son atelier et dans sa vie, c'est une souris comme il n'en a jamais rencontré, elle est aviatrice et aventurière, et à partir de ce moment, le voilà lui aussi embarqué dans une aventure.
Ricochet : Hermux est-il un vrai héros positif, comme on les trouve dans les romans pour la jeunesse, ou plutôt une sorte d'anti-héros, ce qui lui donne ce côté tellement attachant ?
Michael Hoeye : C'est en effet un anti-héros, c'est quelqu'un de très ordinaire, qui n'a pas plus de courage que vous et moi, mais il est sensible, sa vie est faite de petits plaisirs simples, comme savourer de bons repas, il a une coccinelle domestique, Terfèle, à laquelle il est très attaché. Je pense qu'il voit les choses de la même façon que les enfants, c'est un peu un enfant dans un monde qui le dépasse, il a besoin de grandir pour affronter la réalité et pour suivre son cœur, qui a été frappé par Linka.
Ricochet : On retrouve la thématique du temps dans les deux premières aventures d'Hermux, pourquoi ce choix ?
Michael Hoeye : Et bien Hermux est horloger, et pour moi, le temps est une chose très compliquée, impalpable, il fait partie de nos vies sans qu'on puisse le maîtriser c'est un mystère dont je n'ai pas la clé, c'est pour cela que ça m'intéresse tellement et que c'est un excellent sujet de roman.
Ricochet : Peut-on s'attendre à une troisième aventure d'Hermux dans laquelle le temps jouera encore un rôle important ?
Michael Hoeye : Oui, ce sera une histoire sur le théâtre, sur les jeux de scène et la question de l'identité. C'est un très vieux thème, l'idée que la vie est un théâtre. Je dois encore réfléchir à l'histoire, mais il y aura un lien entre le temps et l'identité, comment avec le temps, on devient quelqu'un d'autre.
Ricochet : Je crois que les aventures d'Hermux vont être adaptées au cinéma, est-ce que ce sera sous la forme d'un dessin animé ?
Michael Hoeye : Ca, nous ne le savons pas encore, dans mes livres, j'ai essayé de créer un univers subtil, et Hollywood n'aime pas beaucoup la subtilité ! Aujourd'hui il y a d'autres supports que le dessin animé, la technique permet des effets spéciaux très sophistiqués, il est possible de créer un monde fantastique sans forcément mettre en avant de gros effets spéciaux comme dans " Batman ", nous allons plutôt chercher à faire quelque chose d'original.