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Dessiner l'indicible : autour de Auschwitz de Pascal Croci

Christine Le Moal
1 janvier 1990



PARCOURS PROFESSIONNELS POUR LA LECTURE DE JEUNESSE



Café -rencontre

Mardi 11 Janvier 2005

13H30 - 14H30





Intervenants :

- Sylvie LESNE, agrégée de lettres modernes

- Patrick CLASTRE, agrégée d'histoire

- Emmanuel PROUST, éditeur de la BD Auschwitz



Pascal Croci est l'auteur d'une bande dessinée sur l'enfer du camp d'extermination d'Auschwitz, un récit réaliste où il s'agissait pour lui de "dessiner l'indicible". "Les mots ne suffisent pas." Dit-il, "Sans les images, il n'y a pas de reconstitution possible. Tout commence par l'image."





Pour mesurer toute la complexité et la richesse de cette rencontre entre la bande dessinée et un fait historique sans précédant, un guide de lecture et d'analyse organisant des parcours pédagogiques à été conçu par Sylvie Lésné (agrégée de lettres modernes) et Patrick Clastre (agrégée d'histoire).

Ce guide où sont décryptés la construction et le rythme narratif de la bande dessinée, propose également des extraits de documents originaux et des témoignages tel que "Mine Kampf" (A. Hitler), "Si c'est un homme" (Primo Lévy) et "la mort est mon métier" (Robert Merle). Les auteurs de ce dossier ont aussi rapproché le travail de Pascal Croci du célèbre "Maus" d'Art Spiegelman. Cette manière de pousser l'analyse encore plus loin est faite dans le but de constituer un support d'étude pour les élèves de troisième, première et terminale, qui ont tous la seconde guerre mondiale au programme, explique Patrick Clastre. Il y a dans cette analyse trois corpus de textes intitulés:

1- Travail de mémoire, devoir d'histoire.

2- Shoah, fait sans précédant.

3- Pourquoi la Shoah?


En effet, le projet de Sylvie Lésné et de son collègue était de faire comprendre l'histoire aux élèves, à travers une approche littéraire. L'outil littéraire le plus attrayant pour les jeunes d'aujourd'hui est bien entendu la bande dessinée. C'est ainsi que se sont alliés littérature et BD, afin d'être étudiés dans les collèges et lycées. Sylvie Lésné développe davantage cette partie et souligne le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'une étude littéraire faite en classe sur une bande dessinée, c'est aussi un témoignage par le dessin et il est important pour chaque scène d'en analyser les images.

Cette réflexion a suscité un certain mécontentement dans la salle car "l'étude de l'image devrait être effectuée par un professeur d'art plastique et non de français". Mais après tout, une métaphore n'est elle pas une image? Alors il est possible de la traduire par un véritable dessin et ainsi d'en faire comprendre toute la complexité, que ce soit avec un professeur d'art plastique ou de français.





Emmanuel Proust prend alors la parole pour conclure la conférence et explique que cela fait plusieurs années qu'il avait le projet de publier cet ouvrage mais aucune maison d'édition n'en voulait pour diverses raisons: "Cette bande dessinée était considérée comme trop risquée et il y avait déjà le célèbre "Maus" d'Art Spiegelman", raconte le jeune éditeur, passionné.
C'est en créant sa propre maison d'édition qu'Emmanuel Proust a pu arriver à ses fins et publier ce livre risqué, qui crée aujourd'hui une certaine polémique dans le monde éditorial. Pourtant, aux Etats-Unis, le livre marche très bien, les ventes ont permis de soutenir la maison d'édition.



Cet ouvrage est publié dans la collection "de case en classe", spécialisée dans les bandes dessinées à visée pédagogique.