Aspects et fonctions du documentaire (fin primaire et collège)

Animateur : Corinne Abensour, maître de conférences à l'université de Paris XIII.


Intervenants :

- Céline Charvet, directrice du secteur documentaire chez Nathan jeunesse

- Thomas Dartige, responsable du Département documentaire chez Gallimard jeunesse

- Aude Désiré, professeur documentaliste à la médiathèque du CRDP de l'Académie de Créteil

- Anne de la Roche Saint André, co-directrice de la collection Junior société aux éditions Autrement

- Lucette Savier, éditrice chez Albin Michel jeunesse et formatrice en littérature de jeunesse.

Les intervenants se sont tout d'abord attachés à définir le changement d'approche éditoriale et le visage actuel du documentaire jeunesse. Chez Gallimard jeunesse, Thomas Dartige soulignait l'importance des collections encyclopédiques et la mission de vulgarisation et de démocratisation de la culture scientifique dans laquelle le documentaire a un rôle à jouer. Chez Albin Michel jeunesse, dans le cadre de la collection " Les petits débrouillards ", le travail s'effectue en lien avec une association de terrain. Le travail expérimental est mis en avant afin de rendre le lecteur actif. Chez Autrement, la collection Junior société propose des documentaires nés d'un point de vue de parents mais qui partent des questions des enfants. Chaque ouvrage a comme point de départ une petite histoire qui donne lieu à dix questions auxquelles sont apportés des éléments d'information, ce qui favorise une ouverture et une incitation à la réflexion.

Sur un plan graphique, on est passé d'une maquette en double page à un traitement beaucoup plus libre du documentaire. Au niveau de l'illustration, le rapport à la photographie est plus fréquent et les styles graphiques sont d'une grande variété. Par ailleurs, l'évolution du traitement de l'image ouvre de nouvelles possibilités.

Dans un second temps, les intervenants ont abordé la question de l'évolution des contenus et des thèmes dans le secteur du documentaire. En effet, certains sujets peu traités auparavant apparaissent dans le secteur documentaire. Aude Désiré fait remarquer que le sujet concernant la traite négrière est encore traité de façon assez timorée. Dans le cadre de son expérience de documentaliste, elle s'interroge sur ce que l'on va mettre à disposition des enseignants. Elle souligne le fait que les documentaires permettent une entrée dans la lecture. Chez Autrement, dans la collection Junior société, les thèmes choisis doivent toujours être en rapport avec la loi. Mis à part cette condition, tous les thèmes sont bons à prendre : le tout est dans la manière de traiter le sujet. Chez Gallimard jeunesse, Thomas Dartige donne l'exemple du livre Les mille mots de l'info : dans cet ouvrage, le rapport à l'actualité est mis en avant pour développer des thématiques, multiplier les discours et les angles graphiques. L'actualité sert de base pour créer des liens entre des notions qui peuvent paraître très distinctes.

Avec Encyclopedia chez Gallimard jeunesse, les ressources multimedia ont été développées en quantité mais aussi en qualité. L'encyclopédie se présente sous forme papier : elle est très structurée avec pour chaque rubrique un mot-clef, des définitions claires et synthétiques. En complément de l'encyclopédie papier, Gallimard jeunesse a développé sur son site Internet (www.gallimard-jeunesse.fr/encyclopedia) un programme interactif avec des animations 3D, des quizzs et des visites virtuelles de musées afin d'inciter l'enfant à explorer par lui-même de nouveaux domaines.

Pour finir, la réflexion s'est portée sur la fonction du documentaire. Le documentaire présente l'avantage d'une liberté dans la lecture du texte. Chez Albin Michel, le documentaire a une valeur de livre compagnon avec des ouvrages tels que : Comment survivre en étant une fille ? ou Comment survivre en étant un garçon ? Nathan a développé une collection Philozenfants : la philosophie s'intéresse plus à la question qu'à la réponse. Elle permet de construire le savoir. Il y a à chaque fois une pluralité de réponses possibles. Chacun est renvoyé à son propre questionnement et chaque réponse n'est là que pour instaurer une problématisation. Cette démarche est néanmoins très perturbante pour un enseignant parce qu'il est là pour répondre aux interrogations de l'élève.