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Autour de la Foire du Livre de Jeunesse de Bologne 2006 - Vent d'Est et nuages fantastiques

Ilaria Conni
10 avril 2006


Comme chaque année depuis 43 ans du 27 au 30 mars a eu lieu à Bologne la Fiera del Libro per Ragazzi. C'était la première édition pour la nouvelle directrice, Roberta Chinni, qui a succédée a Elena Pasoli à la tête de la plus importante kermesse européenne du livre pour la jeunesse. Durant la semaine de la Foire le livre pour la jeunesse envahit la ville de Bologne, grâce au soutiens des institutions et à la concertation des professionnels qui travaillent toute l'année autour du livre. Le calendrier est devenu de plus en plus riche et intéressant: exposition, rencontres en ville et en province; une proposition culturelle qui se déroule à travers le livre, l'illustration, la bande dessinée, la musique, le théâtre, le cinéma, la photo, pendant plus d'un mois. On a pu admirer l'exposition Dentro al dettaglio. Les illustrations de Roberto Innocenti, organisé par l'Association Culturelle Hamelin, hommage à un des plus important illustrateurs italiens, un parcours à travers les thèmes de l’œuvre de cet auteur, lié à la tradition des maîtres de l'illustration italienne du début du XX siècle. À l'occasion de la nouvelle section du prix dédié à la musique, nous avons pu visiter un parcours à travers les livres dans l'exposition Le parole e le note, organisé par la Cooperativa Giannino Stoppani, avec des originaux de Éric Heliot. La bande dessinée a été présente dans deux événements: Alchimie, voyage à travers l’œuvre de Vanna Vinci, une de plus intéressante auteurs de BD italienne, et l'exposition Il mio letto é una nave, conçue pour rendre hommage au "Little Nemo" de Winsor McCay. Des jeunes illustrateurs et dessinateurs de BD de l'Académie de Beaux Arts de Bologne et des Arts Déco de Paris se sont confrontés sur ce thème.




De nombreux auteurs et dessinateurs ont rencontré le jeune public et les adultes dans la plupart de bibliothèque de la région et durant tout le mois d'avril le livre sera encore aux centre des discussions entre lecteurs et auteurs.


Un vent d'Est a soufflé sur Bologne pour quelques jours: la Hongrie, pays invité d'honneur, a amené ses talents. Trente illustrateurs très actifs dans leur pays, qui nous ont montré leur capacité à mélanger la recherche et l'innovation avec la tradition et l'art populaire hongrois. Quelques-uns uns d'entre eux avaient déjà été récompensés dans d'autres manifestations en Europe, comme Krisztina Rényi's qui en 2003 a gagné le Prix Graphique Octogone en France, mais leurs oeuvres, pour la plupart, ne sont pas encore très connues à l'étranger.





2006 a été sans doute un année importante pour l'Allemagne, détentrice des prix "Fiction" et "Non fiction" respectivement avec les livres Rote Wangen, de la maison d'édition Aufbau-Verlag de Berlin, écrit par Heinz Janisch et illustré par Aljoscha Blau et le livre Müssen Tiere Zähne putzen?...und andere Fragen an einen Zoodirektor de Henning Wiesner, texte de Walli Müller et illustration de Günter Mattei édité par Carl Hanser Verlag, de Munich. Le premier album raconte les rapports entre générations; silences et images oniriques servent à illustrer la relation privilégiée d'un grand-père avec son petit-fils. Le vieux raconte à l'enfant ces expériences et les moments émouvants de sa vie, qui le faisaient rougir, d’où le titre du livre: Les joues rouges (rote wangen). Le livre de Carl Hansen Verlag met en scène le directeur d'un zoo qui répond à plus de 50 questions compliquées sur la science. Par exemple: Combien des piquants a un hérisson? Et la plus difficile: La science est une affaire très sérieuse? L'humour et le jeu se mêlent à la recherche et la découverte. "Ce livre- dit le président du jury Antonio Faeti- retrouve délibérément la grâce et l'enchantement mystérieux de certains collages de Max Ernst".


Le Prix "Bologna Ragazzi Award", crée dans les années 60 pour récompenser une oeuvre graphique est maintenant le plus important prix au niveau international attribué à un livre pour enfants, avec ce prix la Foire met l'accent sur l'excellence des projets éditoriaux. Chaque année un jury choisi les prix et les mentions pour les catégories "Fiction", "Non fiction", "New Horizons". Cette dernière section est dédié à la production des pays émergents et en 2006 le Prix a été remis à la maison d'édition Petra Ediciones du Mexique, avec Días tonaltin, un livre de Elisabeth Foch et Ianna Andréadis. Ianna Andréadis est déjà connue en France, pour sa collaboration avec les Trois Ourses, grâce à son habilité graphique elle nous fait entrer dans le vaste monde de la nature.





La nouveauté de cette année a été l'introduction, pour le 250ème anniversaire de la naissance de W. A. Mozart, d'une nouvelle section 2006, Spécial Section Award Word and Music, gagné par la maison d'édition américaine Candlewick Press, de Cambridge, Massachussetts, avec le livre Jazz A.B.Z. Une exploration poétique de l'univers du jazz, où les auteurs ont réussit à traduire l'essence de la musique en langage visuel, en reproduisant le rythme de la vie des grandes artistes. À signaler la mention obtenue par la maison d'édition française Sarbacane pour le livre Piano Piano de Davide Cali et Éric Heliot, où le vrai protagoniste est l'instrument musical qui nous est décrit avec humour dans sa fonction à travers l'imaginaire de différentes époques.


Une des vocations de la Foire est sans doute d'être un lieu de découverte des jeunes illustrateurs, à travers la sélection et l'exposition des nouveaux talents et des illustrateurs professionnels, exposition qui chaque année devient une vitrine des dernières tendances dans ce domaine (2544 artistes provenant de 59 pays ont participé à la sélection et le Jury a retenu 92 artistes provenant de 17 pays). En couverture du catalogue 2006 on trouve l'artiste iranien Alireza Goldoozian, déjà lauréat 2005 au Grand Prix de la Biennale des Illustrations de Bratislava. Profondément lié à ses origines le travail de cet artiste a su parler aux cultures différentes à travers des éléments universels.


Bologne a été aussi l'occasion pour annoncer les prix H. C. Andersen, de IBBY International, remis à l'écrivain néo-zélandaise Margaret Mahy et à l'illustrateurs allemand Wolf Erlbruch et encore le prix Astrid Lindgren Memorial Award, donné à l'auteur américaine Katherine Paterson.





Pendant sa longue histoire la foire a toujours eu le mérite de faire coexister deux tendances très différentes: l'univers commercial lié au monde de l'édition, cette année 1200 éditeurs de 63 pays étaient présents et Bologne reste encore le lieu privilégié pour la vente et l'acquisition des droits, et l'univers culturel dont la Foire s'est fait la promotrice et qui constitue un des éléments principaux de son succès. De cette dimension font partie les rencontres du Café des Illustrateurs qui, comme chaque année, ont été centrés sur l'illustration, les artistes et les prix, mais lors de la dernière édition les débats ont fait une place à la bande dessinée. On ne peu pas oublier que Grazia Nidasio, la plus importante auteur de bande dessinée italienne, créatrice du personnage de Valentina Melaverde, a reçu le prix spécial pour l'ensemble de sa carrière.


Quand on parle d'édition pour la jeunesse depuis quelques temps on est obligé de s'intéresser au genre fantasy, qui est encore le roi incontesté du secteur, même si la suprématie des anglo-saxons est en train d'être battu en brèche par la production autochtone. En même temps à côté de la fantasy, la littérature pour la jeunesse est en train de rechercher encore dans le fantastique un point de vue différent sur la réalité. Se développe un univers fantastique nouveau plus proche de nous, celui qui se caché derrière notre porte et qui trouve ses références dans la culture de chaque pays. Un nouveau genre qui devient une méthode pour expliquer ce qui est sous la surface des choses.


En Italie la tendance que cette foire a confirmé est le développement des petites maisons d'édition qui recherchent et découvrent des jeunes talents et surtout sont capable de constituer une équipe de travail entre éditeur, auteurs, illustrateurs, graphiste et imprimeur. À signaler deux livres qui s'inscrivent parfaitement dans le cadre de ce type de fantastique. Chiuso per ferie de Topipittori, maison d'édition déjà connue en France depuis l'année dernière, qui a encore opté pour des choix courageux: un récit en image, sans texte, de Maja Celia qui raconte ce qui se passe dans une maison quand les habitants sont en vacance. Une histoire aux nuances anderseniennes où les couleurs sombres de la maison fermée constituent l'espace où les personnages vivent leurs aventures. Les ancêtres sortent des photos et occupent la maison, c'est le rencontre entre deux univers, le passé vie pour quelques temps dans le présent. L'ironie et la mélancolie se mêlent ensemble dans une atmosphère des temps passés qu'on peut retrouver dans notre mémoire. La notte di Q, de Orecchio Acerbo Editore, un récit kafkaïen de Michael Reynolds qui nous parle de l'absurdité des intolérances. Les habitants de la ville de Q, qui menaient une vie tout à fait normale se retrouvent coincé dans leur maison, le gouvernement a instauré un couvre-feu et personne ne comprend pourquoi. Les illustrations de Brad Holland, une des stars de l'illustration américaine, offrent un regard métaphysique et une atmosphère surréelle a cette histoire librement inspiré des événements arrivés à Qalqilya, dans la Bande de Gaza.