Les secrets du héros bien-aimé : conférence prononcée aux 12e Journées d'Arole, le 21 septembre 2001
Lors des Journées d'Arole 1997, nous avons abordé, dans une approche philosophique morale, des questions d'éthique en rapport avec la littérature pour la jeunesse; en 1999, le sujet était d'ordre anthropologique et sociolittéraire, il portait sur l'expérience de la lecture entre page et écran. En 2001, nous vous invitions à nouveau dans un univers purement littéraire. Plus précisément, nous vous proposions une palette de réflexions sur les lectures romanesques qui, produits de la créativité subjective et imaginaire de leurs auteurs (et de leurs lecteurs!), permettent, selon H.R. Jauss, « cette jouissance de soi-même dans la jouissance de l'autre ».
C'est donc le personnage principal du roman qui passe au centre de l'intérêt, car c'est elle ou lui, cette héroïne ou ce héros, que Josiane Cetlin désignait dans l'introduction au programme des Journées d'Arole 2001 comme «l'ancrage du lecteur». Grâce au héros, nous, les lecteurs, nous nous attachons à l'histoire, nous y participons et y croyons sans nous séparer vraiment de ces univers et personnages imaginaires après avoir quitté le roman. Certains d'entre eux ne s'effacent même jamais, mais restent là pour toujours, présence magique, inspirante, troublante ou tutélaire. Quel est le tissu, l'épaisseur, quels sont les effets de ces protagonistes pour qu'ils réussissent, avec plus ou moins de succès, à toucher leurs lecteurs? Par quoi exactement les touchent-ils? Par leur personnalité, leurs structures, leur mise en scène, par leur parcours, leurs expériences, leurs rôles?