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Vincent Cuvellier

15 mars 2010

Vincent Cuvellier a exercé de nombreux métiers avant de devenir auteur de livres pour les enfants et les adolescents. Il termine l'école en 3ème et écrit à dix-sept ans son premier roman "La Troisième Vie" qui obtient le prix du Jeune Ecrivain. Depuis, il a signé 26 livres pour la jeunesse, dont «Kilomètre zéro», «La chauffeuse de bus», «La nuit de mes neuf ans», «Tu parles Charles», «La première fois que je suis née», «Le temps des Marguerites», «Pierre Noël», publiés chez différents éditeurs (Rouergue, Gallimard-Giboulées , Bayard, Nathan, et Sarbacane). Il écrit aussi des spectacles de contes et plusieurs de ces romans sont adaptés. En 2009, il publie deux livres sur la Seconde guerre mondiale: «Ici Londres» avec Anne Herbauts et le musicien Olivier Mellano (Rouergue) et «L'histoire de Clara» illustré par Charles Dutertre (Gallimard-Giboulées). Passionné par l'histoire, Vincent Cuvellier est également directeur de la collection "T'étais qui toi?" chez Actes Sud junior.





- A quel héros et/ou personnage de fiction vous identifierez-vous volontiers ?

Des fois, pour rire, quand quelqu’un me casse un peu les bonbons, je me dis : Bon, il aurait dit quoi, Lino Ventura ? Fallait pas l’embêter, Lino Ventura…

- Quelle utopie seriez-vous prêt(e) à défendre ?

Aucune. Je préfère la réalité.

- En dehors votre approche d'auteur ou d'illustrateur pour enfants, que rêveriez-vous d'être ?

Chanteur !

Enfant, j’ai voulu être routier. J’étais fasciné par l’émission de Max Meynier, les routiers sont sympas, où les types sur la route se filaient des coups de main avec leur Cibie… ça faisait comme une grande chaîne…

J’ai aussi voulu être diplomate… euh, il vaut peut être mieux pas, finalement…




- Où écrivez-vous ? Quel est le lieu qui vous inspire le plus ?

Chez moi, un bureau dans le salon, face à la maison natale des frères lumière, à 10 mètres de celle de Victor Hugo. Face à moi, les projets en cours.

Sinon, les idées proprement dites, je les ai en marchant, plutôt en ville. J’arpente.

- Quel est le sentiment qui vous habite le plus souvent ?

J’arrive pas à le décrire… j’essaie… non, c’est impossible à décrire…

- Quel(s) genre(s) de livre(s) vous tombe(nt) des mains ?

Les romans.




- Que redoutiez-vous enfant ?

D’être obligé de faire ce que je ne voulais pas.

- Vous arrive-t-il de côtoyer des êtres imaginaires ?

Lino Ventura, des fois.

- Que feriez-vous ou diriez-vous à un ogre s'il vous arrivait d'en croiser un ?

Vas te laver, hippie !

- Qu'avez-vous conservé de l'enfance ?

Mes cheveux, quelques dents, mon corps, quoi ! J’ai écrit tout un bouquin là-dessus, « la première fois que je suis née » parce que je voulais montrer un truc évident mais qu’on peut avoir tendance à oublier : on est la même personne, toujours, de la naissance à la mort.




- Selon vous, qu'est-ce qui fait vendre un livre ?

La rencontre entre une pensée et une époque.

- Quel qualificatif vous colle à la peau ?

Indépendant.

- Quelle est la meilleure phrase qu'un enfant vous ait dite ?

« Des fois, parce que je fais le clown, les autres croient que je suis un clown. » Karel, 10 ans. Ca m’avait bouleversé…

- Quelle est votre définition du bonheur ?

C’est trop personnel pour répondre.

Tiens, je viens de répondre !

- Si vous aviez la possibilité de recommencer, que changeriez-vous ?

A priori, je ferais pareil...

Si, peut-être de chaussettes, un jour, il y a longtemps…




- Enfant, quel genre de lecteur étiez-vous ?

Un picoreur... A part le Petit Nicolas, il n’y a pas vraiment de livres pour enfants qui m’avaient emballé.

Enfant, j’ai eu 3 grandes passions : la bd, donc : « Buddy Longway », « Comanche », « Martin Milan », « Jugurtha ».

Le cinéma. Je séchais les cours pour aller au cinéma, le lundi… 2 ou 3 films m’ont marqué à vie à cette période : « Le tambour »(Volker Schlöndorff), « la nuit de san Lorenzo »(les frères Taviani), « Jeremiah Johnson » (Sidney Pollack) ou « little big man… » (Arthur Penn).

Et les indiens. J’avais accroché dans ma chambre des photos de chefs indiens… A 12 ans, j’ai monté un journal avec un copain, et j’avais été interviewer 2 indiens qui avaient planté leur tipi dans un palais des congrès… pfff, j’étais salement impressionné, et j’avais fait semblant de pas voir leurs montres et leurs lunettes…




- Vis-à-vis de quoi vous sentez-vous impuissant ?

Les groupes, les bandes, les associations, les comités... je trouve que dés qu’on est plus de deux ou trois, on commence à être idiot. J’ai horreur des situations où la hiérarchie s’exprime. J’aime bien mon statut social issu de ma profession. Je ne suis employé de personne, je ne suis l’employeur de personne. J’ai juste des intérêts provisoires avec des gens.

Voilà comment j’aime être : ni au-dessus, ni au-dessous. A côté.

- Quel est l'animal auquel vous ressemblez le plus ? Pourquoi ?

Le héron et Le lynx. Ce n’est pas que je leur ressemble, c’est que c’est un peu mes mascottes.

- Quel est le mot que vous préférez dans la langue française ?

Merde !

- Que souhaiteriez-vous que l'on retienne de vous ?

Que j’essaie d’être intègre et cohérent.

Vos livres
- Quelle est votre dernière sortie pour la jeunesse ?

« Le temps des Marguerite » illustré par Robin chez Gallimard giboulées. Et un doc, « Charles de Gaulle » illustré par Jean-Christophe Mazurie chez actes sud Junior, dans la collection dont je m’occupe.






- Le(s) livre(s) dans votre production dont vous êtes particulièrement fier ou qui vous laisse(nt) un souvenir particulier
L’histoire de Clara chez Gallimard-giboulées, illustré par Charles Dutertre.

- Quel est le thème que vous aimez davantage traiter ?

Je n’ai pas l’impression de traiter des thèmes quand j’écris. Après, bien sur, comme tout le monde, je passe mon temps à parler de la même chose.

- D'où est né votre premier livre/ illustration ?

Du chômage ! J’avais 16 ans, je sortais de 3°, sans rien. J’ai vu une affiche pour un concours de nouvelles, « le prix du jeune écrivain. » Je me suis enfermé pendant 3 mois, et j’ai écrit un petit roman, « la 3° vie » qui a gagné le prix. Et là, un écrivain, Christian Giudicelli a écrit dans le journal : «je ne sais pas si Vincent deviendra écrivain, mais il a les moyens de l’être. » Cette phrase a changé ma vie.

- Quel livre en littérature de jeunesse auriez-vous voulu écrire ou réaliser à la place d'un autre ?

Je ne sais pas. Je n’aurais pas voulu l’écrire, d’ailleurs je ne l’ai même pas lu, mais une sorte d’Oliver Twist ne me déplairait pas… ou alors une fresque picaresque, proche du « tambour »…

- Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?

Pas de projet particulier. J’ai toujours plusieurs livres en cours. Entre autre un recueil d’histoires pour empêcher les enfants de dormir, avec le dessinateur Guillaume Decaux…

- Où et comment vous voyez-vous dans 10 ans ?

Je ne sais pas.




Références
Littérature de jeunesse

- Un livre pour la jeunesse qui vous a marqué petit ?

« Le meilleur ami de l’homme », une aventure de Totoche de Tabary. C’est une bd.

Il n’y a pas à proprement parler de livres jeunesse… ah si, en écrivant, je repense à un numéro des « belles histoires de pomme d’api ». C’était extraordinaire : une bande de gamins qui se bagarraient et à la fin, les deux chefs des bandes adverses s’échangeaient les plus beaux cadeaux du monde. Ca commençait par une rustine et un lance pierre, ça finissait par la terre et les étoiles. C’était illustré par Claude Lapointe. Ah oui, ça j’avais adoré ça.

Plus tard, à 12 ans, j’avais bien aimé « la couleur de Dieu » de Pierre Pelot. On n’en parle pas souvent de Pierre Pelot, tiens…




- Quels sont vos auteurs-illustrateurs de référence ou qui pour vous développent une approche intéressante ?

J’aime bien comme écrivain Mathis, Guillaume Guéraud, Alex Cousseau, Rascal, tous ceux qui apportent une dynamique un peu différente... et qui ne sont pas conventionnels, chacun à leur manière. Parce que, excusez moi, mais dans ce boulot aussi, qu’est ce qu’il y a comme trucs conventionnels !

Sans parler des gens avec qui je travaille, parce que bien sur, j’aime leur travail, j’aime beaucoup d’illustrateurs : André Bouchard, Voutch, Ronald Searle, Sempé, Aurélie Guillerey, Marc Boutavant, Géraldine Alibeu, Ronan Badel, Beatrice alemagna

En bd : Chauzy, Baru, Prudhomme, Brunö, Emile Bravo, Rochette …

Pour être très honnête, je suis beaucoup plus attiré par les illustrations que par les textes…

- Quels sont vos livres "coups de cœur", les "incontournables" en littérature de jeunesse ?

Je ne sais pas… je ne crois pas en avoir… par contre, j’adore de nombreux illustrateurs old school : Georges Beuville, René Follet, Will, Gus Bofa, Jean Trubert, Ray-Lambert, Paul Durand, Nathalie Parain, André François, Rojan, Ivanovsky… les vieux illustrateurs tchèques ou polonais…

Si, j’en ai trouvé, des incontournables… Je citerais la collection magnifique de chez Nathan, des années 60, sur les enfants du monde, genre, Paraná, le petit indien, Knut, le petit finlandais… la collection carrousel chez Dupuis, aussi, est un modèle du genre.




Culture
- Un film, une photo/illustration qui vous touche ?

Un croquis sur un carnet…

- Un musicien

Des dizaines… et les types qui sifflent dans la rue…

- Un lieu où vous aimeriez vivre

Bruxelles ou Paris dans les années 50.

- Une phrase (une devise) qui vous guide :

A table !




Actualité

- Vos dernières (bonnes) lectures ?

Je lis surtout des livres d’histoire, des bios, des magazines. Là, je me suis « enfilé » des gros morceaux : churchill par Kersaudy, le Hitler de ian kershaw, et pour vous montrer ma largesse d’esprit, j’ai même lu les mémoires de Chirac…

J’en profite pour recommander aux gens une autobio très attachante, celle de Francis Lemarque…

- Un site ( sur les techniques graphiques, un auteur-illustrateur, une approche particulière du texte, de la littérature... ) que vous souhaitez recommander ?

http://centredartcontemporainavendre.com/

Le site de mon copain Stéphane Hubert...