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L'art et le livre jeunesse: suggestions d'ouvrages

L'art et le livre jeunesse 3

Kandinsky

Pour ce troisième numéro de notre dossier, nous vous proposons une sélection de livres pour parler d'art avec les enfants. Peinture, sculpture et architecture n'auront plus de secrets pour vous!


1. Printemps, de Marc Pouyet, Petite Plume de carotte, 2013
Imagier, dès 1 an

Cet imagier cartonné de Marc Pouyet complète la série des quatre «P’tit land art» comprenant également Eté, Automne et Hiver. De belles photographies y présentent des tableaux naturels printaniers et originaux.

Sur la page de gauche, un élément glané dans la nature (une fraise, une marguerite, un coquelicot…) est d’abord présenté puis, en vis-à-vis, il est intégré dans une composition de land art. Ces mises en scènes sont colorées, joyeuses et inventives. L’intérêt du livre se situant d’ailleurs plus au niveau de l’esthétisme et de la fantaisie de la création que dans sa complexité. L’enfant accompagné pourra ainsi le recréer et parachever la démarche de ce livre, en s’appropriant le monde qui l’entoure. Il sera subtilement incité à le métamorphoser et à l’enjoliver. Les thèmes chers aux tout-petits, tels les formes, les couleurs, les matières, y sont abordés de façon très poétique et ludique. Ici, l’éphémère (fleurs, fruits, compositions) côtoie le plus durable (livre, photos) et le tout fait vraiment, joliment envie. (DB)

Printemps

2. Cherche l’erreur! Les 7 erreurs dans l’art, de Collectif, Milan, 2014
Album, dès 5 ans 

Un livre-jeu composé d’une sélection de dix tableaux célèbres. Sur chaque double page, une œuvre originale est confrontée à son équivalent, légèrement modifié et agrémenté de sept différences.

C’est un album coloré s’amusant à retoucher, de façon plus ou moins évidente, des peintures très médiatisées et de styles variés: La Joconde, le Portrait de Dora Maar de Picasso, le Vase avec douze tournesols de Van Gogh, L’été d’Arcimboldo, Le rêve du Douanier Rousseau, La laitière de Vermeer,… Les réponses sont fournies à la fin de cet ouvrage cartonné qui peut offrir aux plus jeunes un premier rendez-vous sympathique avec l’histoire de l’art.

C’est ainsi une belle occasion de contempler attentivement ces œuvres et de naviguer dans leurs détails et leurs secrets. Car c’est vraiment d’un voyage inédit qu’il s’agit: toutes les couleurs, les formes et les éléments revêtent une importance cruciale, tout du moins le temps d’un jeu. Et c’est l’occasion de réunir les petits et les grands, pour un bon moment de partage. (DB)

3. L’art en bazar, d'Ursus Wehrli, Milan, 2003
Album, dès 5 ans

L’art en bazar revisite les œuvres d’artistes célèbres, en les déconstruisant et en les réorganisant. Les différents éléments présents dans les tableaux sont récupérés, empilés et classés dans un ordre décidé par l’auteur. Parfois par couleur, d’autres fois par forme ou par taille.

Ce livre met en parallèle, sur une double page, des œuvres d’art célèbres (la chambre de Van Gogh, une composition de Mondrian,…) avec des piles composées des éléments constitutifs de celles-ci. Il pousse même la fantaisie à rassembler les différents points d’une œuvre de Seurat dans un sac plastique transparent, et propose ainsi au lecteur une décomposition sous forme de sac de billes colorées. Approche originale et futée qui permet à l’enfant de retrouver comme dans un cherche et trouve les pièces de l’œuvre et de s’approprier ludiquement le tableau. Il permet donc la découverte de classiques, tout en offrant une place importante à l’imagination et au jeu. Cela facilite et favorise clairement la relation à l’œuvre et à l’art. La réalité artistique est ainsi gentiment remise en question. Et l’art sacré et figé devient déconstructible et interactif. (DB)

L'art en bazar

4. Boucle d’or au musée et Cendrillon au musée, d'Amel Khaldi-Bonnaud, Actes Sud junior, 2016 et 2017
Albums, dès 6 ans

Boucle d’or qui prend les traits fins et délicats de la Vénus de Botticelli, les trois ours qui se régalent des Campbell’s Soup de Warhol ou encore la belle robe de Cendrillon lacérée comme une toile de Lucio Fontana: c’est ce que vous découvrirez dans ces deux albums qui revisitent habilement deux contes classiques en faisant dialoguer de façon innovante texte et image.

Le concept est simple: sur la page de gauche, le texte, une réécriture du conte classique; sur celle de droite, l’image. Toutefois, de nouvelles représentations ont remplacé les illustrations habituelles ou les célèbres gravures de Gustave Doré. En effet, Amel Khaldi-Bonnaud a soigneusement choisi différentes œuvres d’art allant du XVe au XXe siècle afin de dépoussiérer ces contes bien connus. S’il s’agit majoritairement de peintures, il y a toutefois des surprises, comme une sculpture de Messerschmidt illustrant à merveille le goût trop salé de la soupe, ou encore l’assemblage intitulé Le déjeuner en fourrure de Meret Oppenheim en guise de clin d’œil humoristique. L’auteure a sélectionné aussi bien des œuvres célèbres que d’autres moins connues; toutes sont d'ailleurs reproduites en couleur à la fin du livre, ce qui permet aux lecteurs de faire quelques belles découvertes. Parfois, c’est la toile entière qui est représentée, d’autres fois juste un détail de cette dernière, mais qui dialogue toujours judicieusement avec le passage qui lui fait face. Le lecteur prendra plaisir à chercher les correspondances entre texte et image, parfois évidentes et parfois plus incongrues, suscitant des questionnements et des émotions nouvelles. Nul doute que petits et grands apprécieront ces relectures ludiques et décalées de ces contes classiques. (CF)

5. Belles fables de La Fontaine pour grands tableaux, de Jean de La Fontaine et Collectif, Palette…, 2018
Fable, dès 6 ans

Vingt-quatre fables de La Fontaine sont mises en relation avec vingt-quatre tableaux les représentant d’une manière ou d’une autre.

Les images choisies pour accompagner les fables ne sont pas forcément des illustrations pures et dures de celles-ci, elles peuvent simplement avoir un rapport avec les animaux de la fable, par exemple. Le choix des œuvres est diversifié, autant dans les époques que dans les pays: la plus récente date de 1957 et la plus ancienne du XIVe siècle. Les artistes viennent de France, du Japon, d’Allemagne, d’Inde ou encore d’Iran. Les fables ne sont pas symbolisées uniquement dans les tableaux: la typographie de plusieurs titres ou de certains textes reflètent aussi le contenu, comme le titre de «La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf» qui devient de plus en plus grand, ou la police de «Le lion et le rat» qui rapetisse. «Le chien qui lâche sa proie pour l’ombre», qui occupe la page de gauche, est même reproduit en transparence sur celle de droite, mimant l’ombre. On est ainsi face à un véritable dialogue entre les arts (textuel, pictural, et typographique) qui forme une nouvelle œuvre (l’album). Cela dans une perspective double: aborder à la fois les fables et l’histoire de l’art de manière ludique. (AG)

Belles fables de La Fontaine

6. Mon safari dans Paris, de Francesco Acerbis, Sarbacane, 2012
Imagier, dès 6 ans

L’auteur de ce livre invite l’enfant à le suivre à travers les rues de Paris, à la recherche des animaux échappés et capturés par les street artists.

Ce livre est un livre-cadeau: Francesco Acerbis, en se baladant dans la capitale française, constata que de nombreux animaux étaient peints sur les murs, les pavements et autres lieux improbables. Il eut alors l’idée de les débusquer, de les photographier et enfin de les recueillir en un album pour l’offrir à son jeune fils et à tous les enfants. Dans cet album-photos un peu documentaire, on découvre vraiment un Paris inédit et propice à une immense partie de cache-cache. Le safari-photo proposé au lecteur révèle de très nombreuses peintures, fresques, collages, pochoirs, détournements et autres mosaïques. Certaines œuvres sont juste esquissées, d’autres bien savamment réalisées. Un ouvrage sur le street art pour les enfants est déjà en soi une curiosité et offre un réel intérêt, tant la production est encore rare sur ce sujet. Et celui-ci, pour le coup, propose un biais original et enfantin bienvenu pour découvrir cet univers. C’est donc vraiment un plaisir de découvrir kangourous, tigres, papillons et toute une palette variée et colorée d’animaux dans une jungle élégamment urbaine. (DB)

Mon safari dans Paris

7. Corbu comme Le Corbusier, de Francine Bouchet, Michèle Cohen et Michel Raby, La Joie de Lire, 1987/2017
Album-documentaire, dès 6 ans

«L’architecte, comme un compositeur, imagine et dessine la maison. Comme un chef d’orchestre, il dirige sa construction. Voici l’histoire de l’un d’entre eux.»

Telles sont les premières phrases de cet album documentaire qui invite le jeune lecteur à découvrir l’univers du Corbusier (1887-1965). Ce livre, qui constitue la toute première publication des éditions La Joie de Lire, présente les principales constructions de l’architecte suisse, comme la Cité radieuse à Marseille, la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp ou encore la ville de Chandigarh. On apprend également beaucoup sur les innovations qu’il a apportées à l’architecture. Le Corbusier aimait utiliser le béton pour ses constructions, il se souciait avant tout du confort des habitants et il a trouvé de nombreuses astuces pour gagner de la place, comme l’aménagement des toits en terrasse. Dans Corbu comme Le Corbusier, les images ont un rôle important: c’est donc un livre autant à lire qu’à regarder. (DT)

8. Marbre: le David de Michel-Ange, de Sylvie Misslin et Alice Beniero, Amaterra, 2017
Album, dès 7 ans

Cet album raconte l’histoire d’un bloc de marbre au XVe siècle. Tout commence à Carrare, en Toscane, où vit Francesco qui exploite les carrières de marbre. Un jour, il reçoit la visite d’un sculpteur à la recherche d’un bloc à travailler. Son choix se porte sur un bloc majestueux. Ce dernier est alors transporté à Florence, où il passera dans plusieurs ateliers, jusqu’à la rencontre avec le maître Michel-Ange, le seul capable de lui donner corps…

En voilà un album original, qui ne laissera pas le lecteur de marbre! Non seulement il traite d’une forme d’art peu courante en littérature jeunesse (la sculpture), mais surtout il propose un procédé de narration très particulier. En effet, le narrateur n’est ni un narrateur externe, ni Francesco, ni même Michel-Ange: c’est le bloc de marbre qui remplit ce rôle en s’exprimant à la première personne tout au long du récit. Ce point de vue singulier permet d’éclair le David d’une lumière nouvelle et nous enseigne qu’une œuvre d’art peut cacher une origine et une histoire plus complexes qu’il n’y paraît. (DT)

9. Ce que voit Degas, de Samantha Friedman et Cristina Pieropan, Albin Michel jeunesse, 2017
Album, dès 7 ans

Ce livre nous invite à suivre l’artiste Edgar Degas dans une promenade à travers le Paris de la seconde moitié du XIXe siècle. Nous visitons les rues animées, la boutique d’une modiste, une blanchisserie, l’hippodrome et l’opéra Garnier. Cette balade inspirera Degas, qui trouvera avec la représentation de ces scènes de vie dans une ville moderne l’occasion d’expérimenter une nouvelle technique: le monotype.

Les créatrices de cet album façonnent une narration à partir de sept tableaux de Degas. L’illustratrice offre d’abord, par un dessin original, une mise en contexte: elle place le peintre dans une situation, un lieu, et, page suivante, le tableau de Degas représente le résultat de la visite de ce lieu. Les scènes de vie quotidienne peuvent alors se transformer en œuvres d’art. L’avant-dernière double page laisse même présager la réalisation d’autres tableaux non montrés dans l’album. L’union des nouvelles illustrations et des tableaux plus anciens crée un réseau entre les œuvres de Degas, leur font raconter une histoire. On voit ainsi que les tableaux peuvent être vus isolément, mais aussi comme une œuvre unie. (AG)

10. Le code de l’art, d’Andy Guérif, Palette…, 2013
Album-documentaire, dès 7 ans

Ce livre réinvente le code de la route en faisant correspondre aux différents panneaux de signalisation (et à d’autres pictogrammes courants), une célèbre œuvre artistique allant de l’Antiquité au très contemporain. Ainsi, le célèbre panneau de stop rouge et blanc trouve écho dans une œuvre de Rothko et le symbole «sortie de secours» est illustré par Le verrou de Fragonard.

Mi-album mi-documentaire, Le code de l’art est un road-trip ludique et inventif qui permet, grâce aux 60 face-à-face proposés sur double page, de découvrir différentes disciplines artistiques: la peinture principalement, mais aussi la sculpture, la photographie, le land art et autres installations. Il explore différents courants (pop art, impressionnisme, expressionnisme, réalisme, estampe japonaise, art antique,…) et permet à l’enfant de voyager à travers l’histoire de l’art via un biais original.

La curiosité que suscite ce jeu de correspondances tient en haleine le lecteur tout au long du livre. Il donne véritablement une raison d’aller de l’avant, de poursuivre la découverte, en évitant une rencontre trop abrupte et frontale, avec des œuvres souvent matures. Cela donne une clef d’entrée dans les compositions artistiques et facilite l’appréciation des œuvres. (DB)

Le code de l'art

11. Kandinsky le peintre des couleurs et des sons, de Barb Rosenstock et Mary GrandPré, Le Genévrier, 2016
Album, dès 8 ans

Vasya est un petit garçon bien sage… Studieuse concentration, métronomiques gammes au piano, ennuyeuses bonnes manières… Jusqu’au jour où Tantine lui offre une boîte de couleurs. Vasya l’ouvre, et quelle n’est pas sa surprise quand sifflements et mélodies s’en échappent! Le jeune peintre devra s’armer de courage pour faire accepter ses symphonies abstraites à son entourage.

Sous le pinceau de Mary GrandPré, la curiosité du petit Vassily Kandinsky prend vie. Le jeune lecteur s’identifiera à son ennui, puis à son émerveillement devant sa bruyante boîte de couleurs. Barb Rosenstock réalise un remarquable travail autour de la typographie qui, elle aussi, s’anime, jaillissant des images. Une note de l’auteur nous apprend que le peintre était atteint de synesthésie, phénomène neurologique qui associe les sens, lui permettant d’entendre les couleurs. Les auteures utilisent touches de peinture, typographie et mots avec brio, ouvrant la porte au lecteur sur l’esprit fascinant de Kandinsky. (MB)

12. Eurêk’art: le livre-jeu du regard, de Philippe Brasseur, Palette…, 2016
Livre-jeu, dès 8 ans

Ce livre-jeu est construit de façon simple: chaque page est découpée en deux dans le sens de la largeur. En haut, une œuvre d’art est représentée, tandis qu’en-dessous de celle-ci, une consigne est énoncée, invitant le lecteur à regarder l’image d’un œil nouveau. 30 œuvres d’art et autant de consignes permettent ainsi de nombreuses possibilités de jeu. Ainsi, on peut suivre sagement le déroulé du livre et appliquer l’instruction qui figure sous chaque image; ou l’on peut (et c’est fortement conseillé!) choisir au hasard une œuvre et une consigne et laisser place à son imagination. Si chacun peut explorer seul cet ouvrage, il est bien plus amusant de le découvrir à plusieurs: cela permettra d’échanger ses impressions.

Ce livre donne les informations usuelles sur l’œuvre (auteur, titre, date) ainsi que le lieu de conservation de celle-ci. Les œuvres, présentées de manière non chronologique, s’étendent du XVe au XXe siècle; la majorité d’entre elles sont des peintures, mais on trouve toutefois d’autres techniques comme la photographie, la lithographie ou encore le land art. Les différentes consignes, allant des plus classiques (observation minutieuse de l’œuvre, exploration des éléments techniques) à d’autres plus originales (imaginer ce que l’on ferait si l’on pouvait entrer dans l’image, ou quels sons l’on entend en écoutant l’image) permettent aux participants d’explorer de manière ludique et innovante les œuvres d’art proposées.

Grâce au jeu, les lecteurs pourront prendre le temps d’observer d’une autre façon les œuvres d’art et découvrir les différentes émotions qu’elles peuvent susciter en eux. Les nombreuses combinaisons possibles entre les images et les instructions donneront lieu à n’en pas douter à des discussions et des débats entre les participants, et leur permettront de développer leur imagination et leur créativité. (CF)

13. L’histoire de l’art en BD, de Marion Augustin et Bruno Heitz, Casterman, 2 volumes: De la Préhistoire à la Renaissance, 2016, et De la Renaissance à l’art moderne, 2017
Bande dessinée, dès 8 ans

Parcourir plusieurs siècles de l’histoire de l’art en deux volumes de bandes dessinées, c’est le pari que se sont lancés Marion Augustin et Bruno Heitz. Ils nous proposent de partir de la Préhistoire pour aboutir à l’art moderne, en voyageant de l’Egypte à l’Italie en passant par Constantinople, tout en suivant le parcours de trois personnages, deux enfants et leur grand-père. Ce sont les connaissances et les questions de ceux-ci ainsi que les lieux qu’ils visitent qui provoquent la discussion-exposé, ce qui accorde un peu plus de légèreté au documentaire. Ces deux volumes traitent autant bien de peinture que de sculpture et d’architecture.

Ces ouvrages sont très riches en détails et en explications, remplis de termes techniques et d’anecdotes, qui couvrent autant l’histoire de l’art que l’histoire tout court. On apprend donc beaucoup de choses, mais sans que cela soit trop lourd, car les dessins donnent des touches d’humour et les interventions des enfants amènent des références actuelles; le jeune lecteur peut s’identifier à eux car ils posent les questions que pourraient se poser les lecteurs. Des petits dossiers en fin d’ouvrages présentent des photos de certaines œuvres citées et un court texte explicatif en plus, pour être incollable sur l’histoire de l’art. Ces bandes dessinées sont un puits de sciences présenté de manière abordable et amusante. (AG)

14. Toute la vérité sur l’histoire de l’art, de Collectif, Palette…, 2016
Documentaire, dès 9 ans

Les canotiers de Renoir profitant d’un Happy Hour, La tour de Babel de Pieter Brueghel L’Ancien comme désastre écologique, la Maja de Goya déshabillée aux rayons X, l’éclairage à la bougie de Georges de La Tour pour cause de coupure d’électricité ou encore Vincent Van Gogh à l’oreille coupée pour avoir trop écouté AC/DC…

L’humour grinçant des auteurs part de ce postulat: les toiles des grands maîtres sont en réalité des cases de comics strips géants! La narration est renversée, replacée dans notre contexte actuel, rythmé par des «memes» viraux sur Internet. Le lien est d’ailleurs inévitable avec cette mouvance en ligne qui se réapproprie des œuvres d’art pour raconter une autre histoire, débarrassant la toile de son aura intouchable et sérieuse. A lire au second degré, pour voir l’art autrement! (MB)

Toute la vérité sur l'histoire de l'art

15. Mister Orange, de Truus Matti, La Joie de Lire, 2016
Roman, dès 10 ans

New York, 1943. Linus est un garçon issu d’une famille modeste. Lorsque son frère aîné est envoyé en Europe pour se battre, Linus se voit confier des responsabilités. Son père, qui tient un magasin de fruits et légumes, le charge d’effectuer les livraisons. Linus apporte régulièrement des oranges à un vieil homme singulier qui passe ses journées à peindre. Incapable de prononcer son nom étrange, Linus le surnomme «Mister Orange» et, petit à petit, se lie d’amitié avec lui.

Ce «Mister Orange» n’est autre que le peintre néerlandais Piet Mondrian. Même s’il n’est pas le personnage principal du livre, il y joue un rôle-clef: c’est grâce à lui que Linus va grandir et comprendre que la liberté ne se gagne pas toujours par les armes. Au fil des pages, on apprend des éléments intéressants au sujet de l’artiste, comme son obsession pour les couleurs primaires ou son amour pour le boogie-woogie qu’il retranscrit dans ses derniers tableaux. Parallèlement à la peinture, le roman se concentre sur un autre art: la bande dessinée. Superman est une figure importante du livre et guide Linus pas à pas vers sa vie d’adulte.

Les pages documentaires en fin d’ouvrage réjouiront les lecteurs désireux d’aller plus loin. (DT)

16. 100 % bio. Leonardo, de Cécile Alix et Leslie Plée, Poulpe fictions, 2017
Roman, dès 10 ans

Une jeune fille passionnée par la vie et le travail de Leonardo da Vinci réalise des épisodes retraçant sa biographie et les poste sur sa chaîne Youtube, tout en parsemant son récit d’anecdotes et de comparaisons avec sa propre vie.

Cécile Alix et Leslie Plée livrent un roman drôle autant qu’informatif. L’héroïne-narratrice Mélissa (et son amie Leslie, responsable des dessins) ont une manière de s’exprimer piquante et vivante qui fait qu’on ne s’ennuie pas. La jeune fille essaie de souvent faire des rapprochements avec l’époque actuelle, pour l’humour mais aussi pour faire un lien avec la vie du lecteur. On a presque peine à croire que tout ce que raconte Mélissa sur son idole Leonardo soit vrai tant sa vie et son talent sont extraordinaires, et pourtant! Mine de rien, la narratrice nous apprend plusieurs choses comme des techniques de peinture ou de mécanique utilisées par da Vinci. Le but, partager et faire comprendre la passion de Mélissa pour ce personnage historique, est atteint. (AG)

17. Banksy et moi, d’Elise Fontenaille, Rouergue, 2014
Roman, dès 12 ans 

Darwin est un jeune homme d’origine somalienne à l’aube de ses 16 ans. Il vit dans un quartier en chantier, avec sa mère Ophélie qui travaille la nuit comme chauffeur de taxi. Leur appartement donne sur un mur gris et morne, mais tout va basculer la nuit où un artiste anonyme y tague une grande fresque. La rumeur court que celle-ci ne peut être que l’œuvre de Banksy. Pour cet adolescent témoin de nombreuses injustices qui le révoltent, cet évènement va marquer le début d’un nouveau combat, qu’il ne sera pas seul à mener. Il trouvera ainsi une alliée en la personne d’Eva, une camarade de classe avec qui un lien très fort va rapidement se tisser, sans oublier le petit rat que Darwin va adopter, et qu’il ne pouvait baptiser autrement que… Banksy.

Animé par sa découverte de l’art engagé, il n’en faudra pas davantage pour que l’adolescent décide de marcher sur les traces de Banksy. Déjà sensibilisé à d’autres formes artistiques telles que la photographie ou la vidéo, dont il se sert afin d’immortaliser des instants symboliques pour lui, Darwin va mesurer l’impact que l’art peut avoir en tant que moyen d’expression permettant de dénoncer les injustices. Sa rencontre avec Eva ne fera qu’accentuer cette prise de conscience, la jeune fille ayant choisi le dessin pour exprimer certains épisodes lourds de son passé.

Dans ce court roman qui se lit d’une traite, Elise Fontenaille a parsemé quelques éléments biographiques et anecdotiques à propos de Banksy, nous permettant de nous plonger mieux encore dans l’histoire, ainsi que deux références en fin de livre pour en découvrir davantage sur le street artist. La cuisine est également souvent mentionnée, ce qui en fait un livre à savourer avec tous ses sens! (LDN)

18. Art & philosophie, d’Anne Dalsuet, Palette…, 2015
Documentaire, dès 14 ans

Grâce à l’art, l’homme initie un voyage à travers sa sensibilité, son émotivité mais souvent également au niveau de sa réflexion et de sa rationalité. Ce sont ces dernières dimensions qu’explore ce livre, en interrogeant des œuvres allant de la Renaissance à l’art contemporain.

Dans cet ouvrage, 35 énigmes philosophiques (Suis-je mon corps? Comment connaître le monde? Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien?) nées du rapprochement de certaines œuvres d’art, sont chacune traitées sur une double page. On y trouve différentes rubriques, des références bibliographiques, des pistes de solutions. Et une double approche récurrente: ce qui est vu d’une part, et d’autre part ce qui naît de cette observation, la problématisation de ce qui est perçu. Un livre comme aucun autre, bien écrit et bien construit, qui inscrit la démarche artistique et la réception de l’œuvre dans un processus subtil d’identification, de connaissance et de renouvellement des expériences. Destiné aux adolescents, ce livre permet une approche fine des deux sujets qu’elle aborde. L’art et la philosophie se répondent, se complètent et s’enrichissent. Pari tenu, pari gagné. (DB)


Les rédacteurs: Marie Barras (MB), Delphine Bernard (DB), Laura Del Nostro (LDN), Christine Fontana (CF), Amandine Gachnang (AG), Damien Tornincasa (DT)