Signe particulier : transparente

Esther est une jeune fille comme les autres, peut-être un peu plus réservée que la moyenne, mais elle se fond dans la masse. Et on l’oublie facilement… Lassée de cette situation enrageante, elle découvre de nouveaux amis, qui s’appellent entre eux les transparents. Cette petite communauté d’initiés peut littéralement disparaître aux yeux des autres, et dispose de drôles de pouvoirs : espionner bien sûr mais aussi lire les pensées des gens et leur souffler des émotions. Esther prend l’habitude de glisser d’un monde à l’autre. Parrainée par Amadou et Godeleine, elle comprend pourtant qu’il va lui falloir choisir.

Sur un sujet très psychologique, Nathalie Stragier choisit un traitement fantastique original teinté d’humour. Ce mode fort lui permet de ne pas accumuler les personnages et les événements au fil des chapitres, voire même de garder une petite distance avec Esther, suivie par un narrateur externe. Lequel appartient aussi à l’histoire, mais cela, vous le saurez bien assez tôt ! (Un indice : le discours indirect libre est souvent de mise).

A peut près tout le monde se retrouvera en cette anti-héroïne ou plutôt non-héroïne. Le pacte fictionnel se veut donc éminemment rassurant : non, vous n’êtes pas le seul ou la seule à vous demander quelle est votre place parmi les autres, et à sentir votre confiance en vous patiner régulièrement. Une œuvre littéraire singulière et totalement utile, donc…

« Elle qui semblait plus fragile que les autres, se révèle lucide et forte. Comme tous les transparents, elle est en réalité étonnamment solide. » (p. 309)