Petits points de vie : 4 pièces courtes pour petits
L'avis de Ricochet
Comme un travail de dentelière qui lie entre eux des fils ténus, points de repère saillants qu’elle adresse aux enfants, Catherine Verlaguet a écrit ces quatre pièces courtes sur des sujets graves auxquels tous sont ou seront confrontés : la différence, la maladie, la mort d’une grand-mère ou le divorce.
A mi-chemin entre le théâtre et le conte, toutes ces pièces ont en commun un narrateur très présent qui balise l’histoire. A la manière d’un chœur antique, il « chante » le récit, présente les personnages.
Dans la pièce Eloïs et Léon on trouve deux personnages principaux : Eloïs, « petit bonhomme haut comme trois clous, musclé comme une boule de nerfs, rapide comme le tonnerre », une écriture brève, nerveuse et hop le voilà lancé sur la piste ; Léon, c’est son contraire : il ne parle pas, lui. Entre les deux enfants, quel dialogue possible ? Le saxophone ! Léon « parle » saxophone… Avec une grande délicatesse, le narrateur et l’enfant racontent le plaisir de Léon et l’aveu d’Eloïs : il a donné son saxo et ce n’est même pas un cadeau puisque lui voudrait faire de la danse. La parole du narrateur s’articule avec celle des personnages. A lui le cadre, à eux les temps forts et les émotions à partager. L’histoire progresse ainsi vers l’essentiel. Au narrateur, les vérités d’expérience (« il faut savoir être ferme, courageux et dire ce qu’on pense »), au petit garçon qui n’est pas un super héros, l’angoisse existentielle, individuelle, poignante. « Tu m’aimes quand même », murmure Eloïs à sa maman.
Une étoile au fond du puits et Le sourire d’Anaé, les deux dernières pièces ont en commun le thème de la séparation.
Tim et Tom pensent que s’ils répondent à tous les désirs de leur grand-mère, « elle ne pourra pas partir parce qu’elle les attendra » et cela marche jusqu’au moment où elle demande une étoile… On voit les enfants chercher, ils courent pour parvenir à satisfaire ce vœu insensé. Le narrateur raconte ce que l’on ne peut voir, « et pour toujours, elle s’endort ». Entre le comique des situations, le lien entre les petits-fils et la vieille dame à l’esprit égaré et cette lutte perdue d’avance contre la mort se crée une poésie douce, tendre, apaisée.
Anaé, quant à elle, est une petite fille prise entre deux chez elle. Le narrateur pose le problème : « Anaé a perdu son sourire ». Tout le récit porte sur sa quête : où l’a-t-elle oublié ? Elle nous conduit ainsi de « chez moi chez toi », le « chez toi » désignant tantôt « chez mon père », tantôt « chez ma mère ». Ce subterfuge tout simple, à hauteur d’enfant, introduit le spectateur dans la complexité affective. Face à cela, la réponse viendra de la médiation de l’amitié. Outre le dialogue entre narrateur et personnage qui fait progresser très vite les questions, les dénouements sont rapides et, même si la fin est difficile, l’auteure trouve une réponse adaptée, propre à dépasser le dilemme posé par la pièce.
De la même façon, Dilun ou le frère imaginaire parle de la vie d’un service pédiatrique entre peur de l’hôpital et histoires de créations où se mêlent l’imagination et la réalité. On y voit un docteur fantasque et une infirmière poète et le dialogue qui s’installe entre patients et soignants pour comprendre, faire accepter, agir au mieux.
Catherine Verlaguet se donne comme objectif de créer l’émotion pour toucher les spectateurs. Nul doute qu’elle y parvient en éclairant, par touches légères, les douleurs qui nous habitent et nous façonnent.
Présentation par l'éditeur
Dans ce recueil de quatre pièces courtes, c’est aux petits que s’adresse Catherine Verlaguet.
La rencontre magique et musicale entre un enfant trop bavard et le fils adoptif d’une amie de sa maman, qui n’ouvre jamais la bouche ; un garçon qui discute avec son frère imaginaire pas si irréel logé dans son épaule ; deux frères prêts à tout pour décrocher une étoile à leur mamie afin que sa mémoire