It

Joséphine, héroïne et narratrice de ce roman, est une lycéenne passionnée par le dessin. Ses amis l’appellent Jo, ou It (pronom neutre en anglais), car elle a toujours eu les habits, le comportement d’un garçon. Ses parents sont bienveillants mais nient cet aspect de la personnalité de leur fille unique. L’incendie de l’appartement familial et le relogement temporaire dans une pension vont être les accélérateurs de la transformation psychologique de Joséphine.

Catherine Grive aborde avec toutes les nuances possibles un sujet vraiment délicat et personnel. Joséphine, le « je » du roman, est d’abord un être humain à l’âge de l’adolescence, qui aime dessiner, qui craint d’être à l’origine de l’incendie, qui pense beaucoup à sa grand-mère sauvage… Cela ne connaît pas de sexe. Mais elle porte aussi en elle des besoins beaucoup plus profonds, et qu’il va lui falloir d’une part exprimer au grand jour, d’autre part mettre en œuvre de telle ou telle façon dans sa vie. Comme le lui suggère finement une personne ayant déjà changé de sexe, il ne s’agit pas de devenir radicalement quelqu’un d’autre, mais d’évoluer dans le sens de ce que l’on a toujours été. L’autrice fait donc ressentir le chemin de réflexion et d’action qu’il reste à mener au personnage principal : Jo n’en est qu’au début, mais c’est le premier pas qui compte. Un roman défricheur et sensible.