L'image de la Suisse dans la littérature jeunesse
La Suisse et la littérature jeunesse 5
La Suisse et la littérature jeunesse 5
Lorsque l'on s'intéresse à la littérature jeunesse suisse, force est de constater que Heidi règne traditionnellement en ambassadrice, et qu'elle a fortement représenté la Suisse à l'étranger, tout comme elle l'a valorisée. Quelles sont les différentes perspectives en terme d'image qu'offrent les ouvrages pour la jeunesse abordant notre pays? Un synthétique survol historique va, dans cet article, tenter d'en établir certains contours.
La Suisse véhicule une identité nationale. Dans la mémoire et l’imaginaire collectifs, son image est composée de différents éléments. Les montagnes, la propreté, la paix, le chocolat, Guillaume Tell, les montres, les banques, la ponctualité, la haute précision, Roger Federer, l’humanitaire,… Autant de représentations significatives et emblématiques de cette nation. Ses clichés, ses symboles, ses mythes: autant d’approches qui ont contribué à travers les siècles à composer la façon dont elle est perçue en tant qu’entité. Cette image a été construite, élaborée, peaufinée, travaillée, un peu truquée aussi. A l’international, elle sert son tourisme, son économie, sa diplomatie,… et contribue aussi à l’interne à fédérer un peu sa population.
Dans quelle mesure la littérature jeunesse participe-t-elle à ce processus? Quelle image de la Suisse contribue-t-elle à inventer dans les différentes œuvres qui l’évoquent?
A travers l’examen d’un corpus documentaire (non exhaustif) composé d’albums, de romans et de contes qui se passent explicitement en Suisse, mais aussi d’études traitant d’ouvrages anciens, je vais tenter dans cet article d’apporter succinctement quelques éléments de réponse, et chercher certaines constantes et caractéristiques de ce secteur éditorial. Ceci en trois temps: le premier se référera à des atlas géographiques destinés à la jeunesse jusqu'au XIXe siècle; le deuxième évoquera Heidi, l’immense classique de Johanna Spyri; le troisième abordera des documents plus récents.
Atlas géographiques
Dès la Renaissance, en Europe, sont réalisés des ouvrages traitant de géographie et d’astronomie, à visée pédagogique, destinés à une minorité instruite et aisée de la jeunesse. Cette littérature géographique de jeunesse s’épanouit et trouve son apogée aux XVIIIe et XIXe siècle.[1]
Ce type de documents, encore très rares peu après l’apparition de l’imprimerie – mais figurant tout de même parmi les quelques premiers ouvrages imprimés destinés à la jeunesse, avec des bibles, des catéchèses et des abécédaires – se multiplient progressivement. De nombreux opus sortiront de presse par la suite, et auront comme lecteurs des jeunes et des adultes (ces deux publics n’étant véritablement dissociés qu’à la fin du XVIIe siècle, sous l’influence des idées de J.-J. Rousseau). Cette littérature, tantôt d’usage scolaire, tantôt d’agrément (la limite n’étant pas alors toujours très établie), atteindra son âge d’or au XIXe siècle, et parviendra alors à son climax quantitatif comme qualitatif. Cette époque correspond à celle des empires européens et de l’extension coloniale, du commerce triangulaire et des expéditions de Cook, de Bougainville et de La Pérouse.
Ces atlas, sorte de «compendium des connaissances cosmographiques, où se mêlent astronomie, géographie et image du monde»[2], parfois de valeur scientifique sommaire, parfois intégrant les dernières avancées, se situent dans un contexte de chamboulement de doctrines et de grandes découvertes. Les horizons s’élargissent, les territoires se redéfinissent. Non seulement la représentation et l’image du monde évoluent, mais les peuples se découvrent et se décrivent.
Parmi tant d’autres nations, ces ouvrages abordent donc la géographie physique et humaine de la Suisse. On y présente sa nature, ses lacs, ses montagnes, son air pur. Y est en effet systématiquement brossé un tableau idyllique des paysages: «les grands traits de l’orographie et de l’hydrographie sont omniprésents»[3], on y loue une terre féconde, «tout ce que la nature offre de plus subtil et de plus pittoresque se trouve dans la Suisse», ainsi qu’«un air de fête, de prospérité, de bonheur» [4], des «mœurs simples et pures»[5]; on y relève cependant parfois aussi une peur de la grande montagne qui ternit un peu ce portrait enchanteur.
Dans ces ouvrages, les différents peuples de la planète sont décrits à travers des stéréotypes physiques et moraux. Et les Suisses y sont plutôt bien représentés physiquement: «grands», «de belle taille», «robustes», et ils sont considérés moralement comme «simples», «sincères», «braves», «laborieux», «francs», «fidèles», «religieux», «observateurs de leur parole», «courageux» et «disciplinés»[6]. Des qualités développées notamment dans le cadre de leurs services armés à l’étranger, les troupes helvétiques étant alors réputées à l’échelle européenne pour leur fidélité et leur discipline. Seule ombre au tableau, les Suisses sont considérés comme buveurs, et ils seraient aussi colériques. Les Suissesses, quant à elles, sont aussi bien flattées: on les considère à maintes reprises comme jolies, ayant de l’ardeur au travail et économes.[7]
Le contexte social y est décrit comme assumant un bon niveau d’instruction, les Suisses montrant de plus un véritable goût pour la lecture, en ville comme en campagne. On trouve beaucoup de références à la religion dans ces atlas, dans lesquels on s'attelle surtout à décrire sa répartition géographique selon les cantons. Il est peu question des langues, mais l’on y présente une Suisse historiquement résistante à l’oppresseur tyrannique, et les mythes (Guillaume Tell p. ex.) sont peu distincts de la réalité historique.
Côté production et économie, la grande qualité des produits céréaliers et fruitiers (dont notamment les amandes, les citrons, les grenades) y apparaît. Est relevée également l’excellente qualité des vins, tout comme celle des produits laitiers et fromagers (le Gruyère est déjà renommé), mis en relation avec la variété et la fraîcheur des herbes aromatiques des pâturages. D'autres secteurs sont également valorisés, notamment les fossiles, qui attirent bon nombre de savants européens, les productions du sous-sol, les tissus, l’horlogerie et le thermalisme.
Par rapport aux illustrations, à travers les différents atlas, on retrouve les mêmes stéréotypes, notamment un couple représenté au premier plan, portant des vêtements traditionnels et ayant en main des outils araires ou d'autres instruments de travail. «Derrière ces personnages, où à côté d'eux, se trouve l'inévitable vache. Enfin, l'arrière-plan représente le plus souvent des montagnes aux neiges pérennes. Les cascades, les fontaines de bois et les chalets apparaissent également régulièrement.»[8].
Voilà donc, dans les grandes lignes, l’image avantageuse de la Suisse et des Suisses – relativement à celle qui est faite des autres civilisations qui bénéficient souvent de portraits beaucoup moins complaisants – qui est diffusée en Europe jusqu'au XIXe siècle. Ces stéréotypes sont inculqués et transmis à la jeunesse et esquissent les premiers traits de l’image de la Suisse à l’étranger. La perception de notre pays prend donc en partie sa source dans ces documents anciens et il est amusant de retrouver un certain nombre de clichés encore vivaces aujourd'hui. Ceux d’une Suisse bucolique, aux paysages somptueux, qui se distingue par ses fromages, son horlogerie, son vin, son sens de la précision, de la discipline et du travail acharné.
Heidi
On peut considérer qu’un deuxième chapitre capital, et également fondateur en terme d’identité nationale (intra et extra muros), va être inauguré avec la création du personnage de Heidi. Parallèlement à des héros d’une littérature jeunesse qui se réinvente, tels Alice de Lewis Caroll (1869) ou Tom Sawyer de Mark Twain (1876), Heidi, du roman éponyme de Johanna Spyri, apparaît en 1880. Cette jeune fille orpheline, recueillie par son grand-père dans un chalet d’alpage suisse, deviendra l’ambassadrice idéale de cette petite nation. Cette jeune enfant un peu sauvage y apprend à découvrir et aimer son grand-père et son nouvel environnement, gambade dans les prés alpins avec son ami Peter, le jeune chevrier, et tombera malade à la ville – souffrant du mal des montagnes – lors d’un placement comme jeune fille de compagnie dans une famille riche. Ces aventures, et celles qui s’ensuivent, vont émouvoir le monde entier et attirer la sympathie du grand public. Et par là-même, servir l’image positive du pays internationalement.
Elle va, en 140 ans, devenir un mythe, plus connu que Guillaume Tell à l’étranger. Une suite est écrite en 1881, en réponse au succès immédiat du premier opus. Ces deux ouvrages seront très vite traduits en de nombreuses langues (aujourd'hui une septantaine), souvent mis en image, adaptés en film plus d’une douzaine de fois, transposés en dessin animé, mis en scène, et également déclinés en série par d’autres auteurs. Cette surdéclinaison a d’ailleurs souvent quelque peu affecté et dégradé la qualité de cette œuvre, qui a atteint cependant une force de pénétration culturelle inédite.
Aux Etats-Unis, elle est l’objet d’un film muet en 1920, et d’une adaptation en film sonore en 1937, contribuant à fixer «l’idée de la Suisse comme paradis alpin dans l’imaginaire américain»[9]. Le côté optimiste de la petite fille séduit particulièrement les américains qui aiment positiver[10].
On peut également relever la relation particulière de Heidi et du Japon qui, dès les années 20, s’enthousiasme pour cette histoire, et proposera une trentaine de traductions différentes. Une sensibilité à l’égard de la nature, le goût de l’ordre, de la discipline[11] tout comme des préoccupations sociétales oscillant entre monde ancien et moderne, expliquent notamment cet engouement. On peut également noter que le dessin animé très documenté de 1974 d'Isao Takahata (réalisateur du film Le tombeau des lucioles), aura un succès retentissant au Japon, mais aussi dans toute l’Europe.
Quelles sont les autres valeurs rattachées à la Suisse que le personnage de Heidi et cette œuvre de fiction véhiculent?Les deux romans de Heidi témoignent bien des conditions de vie des Suisses au XIXe siècle, de leur difficulté économique, de la fréquente nécessité d’émigration. Ils sont édités en plein essor industriel, et offrent à une société citadine qui se dénaturalise et se technicise progressivement un contraste, une opposition, voire une alternative, en révélant un univers naturel, authentique et sain. Célébrant la vie au grand air, les valeurs pastorales et la liberté, Heidi incarne un rapport au monde sobre et simple, un amour de la liberté, une indépendance, tout comme une noblesse morale. Dans ses aventures, la nature est présentée comme «source de santé et de bonheur et comme manifestation du sublime»[12].
Johanna Spyri prête aux personnages allemands ces mots, qui éclairent supposément le regard extérieur que portent nos voisins sur la Suisse à cette époque. La gouvernante allemande de Francfort s’explique en ces termes:
«Sachant combien vous tenez à ce que rien n’approche votre fille qui ne soit toute bonté et toute noblesse, j’avais tourné mon choix vers une jeune Suissesse, dans l’espoir de voir entrer sous votre toit un de ces êtres qui – je l’ai lu maintes fois – sont nés de l’air pur des montagnes et qui traversent la vie, pour ainsi dire, sans toucher terre»[13]. On touche à l’angélisme. Ou au mythe du bon sauvage, c’est selon.
L’on peut clore cette partie en soulignant le caractère encore très contemporain de Heidi, maintes fois récupérée d’ailleurs, par le commerce, les médias ou la politique. A Maienfeld, le village grison où se déroule cette histoire (région baptisée d’ailleurs Heidiland), et selon le directeur de l’office du Tourisme, «plus de 100'000 visiteurs se pressent chaque année pour un pèlerinage sur les terres de la petite orpheline, générant des retombées de l’ordre de 5 millions de francs pour la région. Près de la moitié des visiteurs viennent d’Asie et les touristes en provenance du Golfe se font de plus en plus nombreux depuis trois ans.»[14]. Heidi séduit encore indiscutablement, l’impact de sa dernière adaptation cinématographique (Gsponer, 2015) le confirme: avec ses 500’000 entrées en Suisse et 2,4 millions à l’international, le film est un immense succès. Il est resté très attaché à la version littéraire originale, et s’est volontairement éloigné des adaptations édulcorées, pour témoigner des conditions difficiles et du drame social que vivait les Suisses à cette époque. Mais la nature, et la relation spirituelle entretenue avec elle, restent tout de même au cœur de l’œuvre. Les vieilles valeurs pastorales sont recyclées en plaidoyer écologique et collent plus que jamais à l’actualité et aux aspirations contemporaines. Heidi écolo, humaniste, et altruiste. Heidi contemplative. Heidi intemporelle.
Alors, on le voit ici encore, la littérature jeunesse sert pour l’instant plutôt très bien l’image de la Suisse et est un vecteur très profitable à différents niveaux.
Après Heidi
Depuis Heidi, d’autres livres ont donné de la Suisse une certaine représentation. Pour ce dernier point d’analyse, j’évoquerai ici en premier lieu un autre grand classique suisse de la littérature enfantine, Une cloche pour Ursli. Il s'agit d'un livre de Heimatliteratur[15], édité en 1945, écrit par Selina Chönz en vers et en romanche, dont la trame est plus ténue, mais qui a été beaucoup traduit et a également rencontré un joli succès international, grâce notamment aux illustrations d'Aloïs Carigiet. Cette œuvre de l’immédiat après-guerre a certainement bénéficié de l’aura de Heidi, et a surfé sur cette vague de l’imaginaire alpin et de sa pureté corrélée. Hormis ce rôle prépondérant accordé à la nature réparatrice, il met en scène, dans un paysage alpin, un enfant qui doit surmonter différentes difficultés. On retrouve, comme dans l’œuvre de Johanna Spyri, la dichotomie ville - montagne, le duo d’enfants, le troupeau de chèvres à paître, et les difficultés économiques des paysans de montagne. Egalement adapté sur grand écran en 2015, le film a rencontré du succès en salle, surtout côté alémanique.
Astérix chez les Helvètes, le 16e album de la série, va, en 1970, révéler les Suisses sous un jour comique aux 1’200’000 fidèles lecteurs du petit Gaulois. C’est un imaginaire bien XXe siècle que ses auteurs Albert Uderzo et René Goscinny explorent, et ils caricaturent le Suisse sans avoir la prétention de dépasser les clichés usuels qu’ont les Français à son propos. Clichés qu’ils listent ainsi: la propreté, la fondue, l’horlogerie, le service militaire (régularité, arme à la maison), les amicales de chant, Guillaume Tell, les banques. Mais aussi les douaniers, le confort des habitants, leur richesse [16]. Ceci dans un esprit ludique, sans souci d’exactitude, mais dans un but de ralliement du public, une volonté humoristique et fédératrice indissociables.
Dans les livres de contes suisses, citons les deux récents recueils de Denis Kormann[17], de très grands formats, qui ont pour vocation explicite de valoriser le patrimoine naturel, laissant la part belle à l’illustration et situant les récits traditionnels dans des paysages modelés. Une nature là aussi célébrée et minutieusement observée. Les grands espaces helvétiques retranscrits à l’aide d’une technique mixte sont peuplés de créatures fantastiques, géants, dragons, fées, diables, côtoyant des personnages autochtones. Cet auteur explore et décline à sa façon certains topos de l’iconographie helvétique: le Pont du Diable, les chalets, les lacs,… On découvre, au fil des anciens récits relatés, un paysage de montagnes souvent verdoyant, mais aussi rocailleux et enneigé, plus «haute montagne». Les paysages sont déclinés tout au long de ces recueils et priment régulièrement, dans la mise en page, sur les personnages. On peut relever également un soin particulier accordé aux nuages et aux ciels.
Notons également la maison d’édition fribourgeoise Plume d’aujourd’hui qui situe certaines de ses publications en Suisse. Tels Pierre et l’arbre à chagrin ainsi que Marie et la sorcière de la Sarine qui se passent à Fribourg, et La petite ondine du lac, adaptation intéressante de La petite sirène d’Andersen, qui situe l’histoire sur le Léman et s’éloigne des clichés traditionnels pour nous révéler la délicate réalité des rives du Léman, de l’île de Salagnon et son petit palais, des barques latines et des eaux cristallines. Les illustrations de ces éditions sont à l’aquarelle ou au crayon et l’écriture soignée. Ce sont des publications aux élans féeriques qui s’appliquent à croquer l’atmosphère d’un lieu et qui donnent une image sophistiquée et plus éloignée des clichés conventionnels et rabâchés de notre pays.
Abordons maintenant les ouvrages de Christine Pompéï, la série des Enquêtes de Maëlys (chez Auzou Suisse, 18 tomes déjà parus), des romans courts destinés au 8-12 ans, qui mettent allègrement en scène deux jeunes héros, Maëlys et Lucien, dont les aventures se passent principalement en Romandie, dans des hauts lieux touristiques. Ils révèlent également des aspects très folkloriques et identitaires du pays: le Lavaux, Chillon, la fausse monnaie de Farinet, l’horlogerie de La Chaux-de-Fonds, la fête de l’Escalade de Genève,... Ceci permet aux petits lecteurs une découverte et une appréhension ludiques du pays, et est joyeusement prétexte à la fiction et à l’intrigue.
Pour exemple, dans Etrange nuit au Château de Chillon (Auzou Suisse, 2014) l’enfant-lecteur a l’occasion de découvrir ce monument méga-emblématique de la région lémanique de façon décalée et originale. L’histoire se passe durant la Nuit de l’Epouvante, bien connue des enfants de la Riviera vaudoise auxquels elle est dédiée. Durant cette nuit exceptionnelle, le château prend des allures fantastiques et hantées pour fêter Halloween. Les enfants, conviés à une grande fête costumée durant laquelle l’histoire et les légendes du château sont révélées, profitent d'un mapping vidéo sur les parois, de jeux de piste, de dégustations de potions, de séances de maquillage et diverses autres animations. Ainsi, par un effet intéressant de mise en abîme, le jeune lecteur découvre, tout comme Maëlys et Lucien, cette réalité propice au mystère de façon divertissante; les différents plans de réalité sont bien mêlés, la grande Histoire rejoint la petite, et toutes les deux sont servies à hauteur d’enfant. Tout cela est bien brodé, le décor, au service de la fantaisie des enfants, en est du même coup rajeuni. Ce lieu en ressort donc valorisé aux yeux des plus jeunes et son aura, comme son pouvoir d’attraction, en sont certainement augmentés.
La série des Petchi (Editions Loisirs et Pédagogie) de Benjamin Knobil et Anne Wilsdorf, propose un peu le même créneau que les Enquêtes de Maëlys mais pour plus jeunes (4-7 ans). Cette collection expose, dans des romans de première lecture, une jeune héroïne, Petchi, qui découvre, dans des aventures oniriques, des spécificités culturelles et touristiques romandes: le train du MOB, les bateaux de la CGN, la fabrique de chocolat,… La petite fille vit ses aventures dans une réalité toute relative puisqu'elles ont lieu en grande partie dans ses songes. Cela permet une grande liberté narrative, et un point de vue délirant sur le sujet abordé. La tonalité comique facilite certainement le rapport qu’entretient l’enfant avec les équations patrimoniales.
Conclusion
La littérature jeunesse a contribué, on l’a vu, dès ses prémices, à donner de la Suisse une image enchanteresse et diversifiée, en valorisant principalement ses paysages alpins exceptionnels, et en offrant de ses habitants une image sympathique et noble. C’est une histoire singulière et forte qui unit la Suisse à cette littérature. Cette tradition inaugurée représente ainsi un terreau fertile pour les nouvelles générations de créateurs locaux ou étrangers. Et même si aux XXe et XXIe siècles, c’est presque exclusivement chez des éditeurs jeunesse indigènes que la Suisse est abordée et son image redessinée, le processus créatif est en cours, de nouvelles pages s’écrivent, les artistes explorent de nouvelles facettes et de nouveaux territoires, permettant par là-même à l’identité de nos régions de se réinventer et d’évoluer.
[1] HUBER, Bernard, «L’image de la Suisse dans la littérature géographique de Jeunesse au XVIIIe siècle et à l’aube du XIXe», Librarium : Zeitschrift der Schweizerischen Bibliophilen - Gesellschaft = revue de la Société Suisse des Bibliophiles [Consulté le 26 août 2011]. Disponible à l’adresse : http://doi.org/10.5169/seals-388731. Les deux premières illustrations de cet article sont tirées de ce document.
[2]Ibid., p.138
[3] Ibid., p.146
[4] Ibid.
[5] Ibid.
[6] Ibid.
[7] Ibid., p.147
[8] Ibid., p.149
[9] Heidi : derrière les coulisses d’un mythe suisse. Consulté le 2 mai 2019 sur https://houseofswitzerland.org/fr/swissstories/société/heidi-derrière-coulisses-suisse-mythe
[10] ADAMO, Ghania, Heidi, l’orpheline devenue légende. Consulté le 4 mai 2019 sur https://www.swissinfo.ch/fre/mythe-suisse_heidi--l-orpheline-devenue-légende/33041782
[11] cf WISSMER, Jean-Michel, Heidi, enquête sur un mythe suisse qui a conquis le monde, Genève : Metropolis, 2012.
[12] Heidi : derrière les coulisses d’un mythe suisse. Consulté le 2 mai 2019 sur https://houseofswitzerland.org/fr/swissstories/société/heidi-derrière-coulisses-suisse-mythe
[13] Isabelle Nières-Chevrel, «Relire Heidi aujourd'hui», Strenæ [En ligne], 2 | 2011, mis en ligne le 17 avril 2016, consulté le 07 mai 2019. URL : http://journals.openedition.org/strenae/266 ; DOI : 10.4000/strenae.266
[14] STEPHENS Thomas, Un classique suisse au cinéma: Heidi, la petite fille qui a conquis le grand écran, en ligne consulté le 5 mai 2019 sur https://www.swissinfo.ch/fre/un-classique-suisse-au-cinéma_heidi-la-petite-fille-qui-a-conquis-le-grand-écran/41815970
[15] Heimatliteratur: une littérature qui idéalise la vie rurale, la nature et les traditions régionales
[16] Uderzo et Goscinny dans [Astérix chez les Helvètes], Temps présent [en ligne]. 18 décembre 1970 [Consulté le 6 mai 2019]. Disponible à l’adresse: https://www.rts.ch/archives/tv/information/temps-present/3437221-asterix-et-les-helvetes.html
[17] Mon grand livre de contes et légendes suisses, T.1. Nature et créatures fantastiques et T.2 Fées, sorcières, diableries et sortilèges, Editions Helvetiq, 2017 et 2018.
Vignette de l'article: illustration de Denis Kormann (©Denis Kormann)