Colombine Depaire nous ouvre les portes de «1,2,3... maisons», une expo qui met la Belgique à l'honneur!
«– Ding! Dong!
– Qui va là?
– C'est Ricochet!
– Entrez donc, suivez-moi et ouvrez grand vos yeux!»
C'est parti pour une visite de «1, 2, 3... maisons», une exposition consacrée à l'édition jeunesse belge, conçue par la Foire du livre de Bruxelles avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Notre guide: Colombine Depaire, l'une des commissaires de l'exposition, que Ricochet a rencontrée lors du dernier Salon du livre de Genève.
«– Ding! Dong!
– Qui va là?
– C'est Ricochet!
– Entrez donc, suivez-moi et ouvrez grand vos yeux!»
C'est parti pour une visite de «1, 2, 3... maisons», une exposition consacrée à l'édition jeunesse belge, conçue par la Foire du livre de Bruxelles avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Notre guide: Colombine Depaire, l'une des commissaires de l'exposition, que Ricochet a rencontrée lors du dernier Salon du livre de Genève.
Ricochet: Colombine Depaire, vous êtes la commissaire de l’exposition «1,2,3… maisons» organisée avec Luc Battieuw du Centre de littérature jeunesse de Bruxelles et présentée au Salon du livre de Genève. Pouvez-vous nous présenter votre parcours personnel et vos différentes casquettes?
Colombine Depaire: Conseillère en médiation du livre et du numérique, j’interviens à la demande d’institutions publiques et privées: associations, éditeurs, musées ou médiathèques… En tant qu’indépendante, j’ai la chance de travailler sur des projets très variés: expositions, projets événementiels ou pédagogiques, formations… C’est la première fois que je travaille pour la Fédération Wallonie-Bruxelles qui présente l’exposition «1,2,3… maisons». On fait souvent appel à moi pour promouvoir les livres francophones à l’étranger car j’ai un parcours international. J’ai notamment étudié la communication et les métiers du livre à Paris-X et à Oxford, et travaillé deux ans pour les services culturels de l’ambassade de France aux Etats-Unis avant de créer mon agence Picture This!.
L’exposition est divisée en huit maisonnettes, chacune représentant une maison d’édition belge. Comment cette idée vous est-elle venue?
L’objectif de l’exposition est de présenter la vitalité de l’édition belge francophone au grand public, mais aussi aux professionnels du livre du monde entier, car elle va voyager pendant trois ans. Luc Battieuw, directeur du Centre de littérature jeunesse de Bruxelles, a proposé ce dispositif de maisonnettes pour faire cohabiter des éditeurs historiques tels que Casterman et Pastel, aux catalogues riches de plus d’un millier de titres chacun, et de petits éditeurs indépendants tels que Versant Sud (créé en 2016) ou A pas de loups (2013). Les maisons en bois favorisent l’émotion par un rapport individuel aux images car elles invitent à entrer physiquement dans les œuvres. Elles forment un grand village de l’illustration qui incite ensuite les visiteurs à se rassembler dans le coin lecture.
Vous présentez un «Best Tof» pour chaque maison d’édition. Quels critères ont guidé votre sélection d’ouvrages?
Ce florilège d’albums reflète la démarche de chaque maison d’édition: comment Esperluète privilégie des formes de livres originales telles que le leporello (pour Voyage d’hiver d’Anne Brouillard, par exemple) ou comment Mijade a construit sa réputation internationale en traduisant des best-sellers d’éditeurs qui, à leur tour, exportent leurs auteurs belges (Annick Masson, Quentin Gréban…) dans de nombreux pays.
A l’intérieur de chaque maisonnette, le visiteur peut découvrir une pièce en particulier qui fait écho au travail d’un créateur belge. Ainsi, la salle de bain est liée à Geneviève Casterman, la cuisine est l’espace de Françoise Rogier et, dans le grenier, on trouve Ian de Haes. Pouvez-vous nous expliquer le lien entre ces artistes et les pièces en question?
Il aurait été dommage de parcourir 50 ans d’édition belge francophone à travers une exposition qui ne parle pas aux enfants alors qu’ils sont les premiers destinataires des livres évoqués. J’ai donc imaginé ce fil rouge en feuilletant les albums des huit artistes mis à l’honneur. Le cherche-et-trouve entre les pièces de la maison éveille la curiosité du public. Or, cette scénographie est une véritable mise en abyme de la démarche de chaque illustrateur: Françoise Rogier dévoile sa «petite cuisine d’artiste» à travers la gourmandise de ses personnages mais aussi sa technique de la carte à gratter. Ian de Haes a installé son atelier dans un grenier; est-ce un hasard si c’est la pièce favorite de Nour, l’héroïne de Superlumineuse, son dernier album? Quant à l’œuvre de Geneviève Casterman, nous l’avons associée à la salle de bain car les livres Se jeter à l’eau et Costa Belgica sont autant d’incitations à plonger dans la lecture.
Vous avez également eu à cœur de mettre en avant différentes techniques d’illustration (la carte à gratter, le pastel gras, l’aquarelle, etc.) Un mot sur la technique utilisée par Anne Crahay dans son dernier ouvrage Le sourire de Suzie (CotCotCot éditions, 2019) présenté aussi dans l’exposition?
Les collages d’Anne Crahay sont particulièrement adaptés pour conter la tristesse de Suzie pendant le divorce de ses parents. Les images amplifient l’émotion par la fragilité du papier et les gestes artistiques de déchirure, de rapprochement et de superposition. Les visiteurs de l’exposition, petits et grands, ont été sensibles à la poésie et l’immédiateté des collages de l’album Le sourire de Suzie.
A quel public s’adresse cette exposition? Aux professionnels du livre? Aux enfants et aux familles?
Conçue pour les cinquante ans de la Foire du livre de Bruxelles en février 2019, il fallait que l’exposition intéresse le grand public ainsi que les professionnels du livre francophones ou non. Elle propose donc plusieurs niveaux d’information, mais l’accessibilité réside surtout dans un parcours de visite ludique et interactif. Plusieurs modules permettent aux familles de découvrir les outils des illustrateurs et de manipuler des objets inspirés des images… Par exemple, un jeu de construction reproduit à partir de Je suis la mort illustre l’habileté de Marine Schneider à mettre les réflexions philosophiques d’Elisabeth Helland Larsen à hauteur des enfants. Quant à Emile Jadoul, il s’est assis le temps d’une photo sur le petit fauteuil rouge qui trône à côté de son album C’est ma place, mais la couronne fournie était trop petite pour lui!
Cette exposition est présentée pour la première fois à Genève. Va-t-elle voyager dans d’autres lieux?
Wallonie-Bruxelles International va organiser son itinérance dans le monde entier pendant trois ans. Le prochain événement sera à la Boekenbeurs d'Anvers car l’exposition existe pour l’instant en anglais et en flamand. Nous espérons que de nombreuses langues s’ajouteront bientôt pour des structures culturelles d’envergure et de grands salons ou festivals du livre.
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