Poussin

Il était un apprenti écrivain qui, dès le berceau, sut faire marcher son imagination. Il dessinait beaucoup. Plus tard, il lisait beaucoup aussi. Et puis un jour il écrivit LE roman. Il l’envoya aux éditeurs, attendit… et essuya moult refus. Lassé et voulant se venger, l’écrivain commit un navet pour la jeunesse : « Poussin fait du ski ». Surprise, énorme succès.

L’écrivain entame une série, connaît une reconnaissance planétaire (best-seller : « Poussin fait un gros caca »). Sa vie durant, il ne parvient pas à se débarrasser de ce Poussin qu’on se passe de parent à enfant. A l’âge des bilans, l’écrivain réalise cependant qu’il a vécu la plus belle réussite : celle d’une œuvre et d’un personnage qui perdureront au-delà de leur inventeur.

Le texte en phrases courtes et directes fait appel à un narrateur externe jouant de l’effet de surprise, page après page, chez le lecteur. Où Poussin nous emmènera-t-il ? Cette tache jaune effectivement assez moche est aussi reconnaissable que son auteur, cheveux roux et grand nez pointu. Le dessin fait merveille, avec sa mise en page variée, sa façon de dire plus que le texte et son aspect un peu vintage (Hulot se promène…). On apprend sur le processus de création, sur celui de l’édition et on comprend aussi ce qui se passe dans la tête d’un auteur : la petite édition exigeante est-elle plus méritante que le grand public qui prend du plaisir ? Se pose toute la question du sens d’une œuvre, d’une profession. J’ai beaucoup aimé.